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 marcox #1 // crashing into you

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- this is mePRESENT(E) DEPUIS : 19/07/2017 MESSAGES : 202 CREDITS : av/ burnonfire
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marcox #1 // crashing into you Empty
MessageSujet: marcox #1 // crashing into you   marcox #1 // crashing into you EmptyMer 5 Juil - 11:59

✩ ✩ ✩ ✩ ✩
another day, another night, stuck in my own head but you pull me out. i could drown myself in someone like you, i could dive so deep i'll never come out. i thought it was impossible, but you make it possible (c) artist

La foule s'est depuis longtemps dispersée dans les rues. La lune s'est levée, les client se font de moins en moins nombreux, et de plus en plus imbibés. Et elle ferme, ce soir, Art, elle ferme et il n'y a plus, à l'horizon, une seule personne en laquelle elle ait un minimum confiance. Elle ne s'en était pas aperçue, avant de lever les yeux sur l'horloge et de réaliser qu'il serait bientôt temps de rentrer. D'ordinaire, son regard serait retombé sur un habitué de type calme, qui aurait attendu le départ des plus ravagés, peut-être même un peu aidé avec le rangement. Mais, ce soir, pas un chat, son regard plein d'espoir ne croise que des airs vitreux et son cœur s'emballe malgré elle. Il lui est arrivé, plus d'une fois en huit mois, de rentrer seule, mais pas si tard et pas après le service qu'elle vient de passer. Les deux hommes encore accoudés au bar, à bonne distance l'un de l'autre, ont plus d'une fois failli en venir aux mains, entre deux remarques à son intention qu'elle a systématiquement fait mine de ne pas entendre, parce qu'elle n'est toujours pas apte à faire face aux conflits, pas comme avant, pas sans avoir les larmes aux yeux et, dans le pire des cas, se trouver complètement paralysée. Elle n'a pas eu le courage de les mettre dehors, pas alors qu'elle est en infériorité numérique, la simple pensée de tout ce qui pourrait mal tourner a eu vite-fait de la dissuader de faire front toute seule, et la réalisation qu'ils ne partiront pas sans un peu d'aide la force à sortir son téléphone de la poche dans laquelle il était enfoncé, le numéro d'urgence déjà composé – bien qu'elle ne puisse pas dire avoir jamais été réellement aidée par qui que ce soit en matière d'agression, elle se rassure comme elle peut les soirs comme celui-ci. Son doigt fait défiler les noms de ses contacts et elle hésite au dessus de boss, certaine qu'il viendrait mais inquiète à l'idée d'être vue comme le maillon faible de l'équipe, incapable de gérer ses responsabilités. Elle passe donc à la lettre c, et un nom semble s'illuminer dans son répertoire (combien de fois lui a-t-il dit qu'elle pouvait appeler n'importe quand ? Combien de fois est-il parvenu à la faire se sentir plus en sécurité que jamais auparavant ?). Corey, il viendrait, et elle en serait mortifiée, mais elle est de plus en plus à court d'options à mesure que l'aiguille tic-tac jusqu'à la fermeture, et elle ne parvient déjà plus ne serait-ce qu'à soutenir les regards de ses derniers clients, leurs voix pourtant distinctes il y a encore quelques minutes forment un brouhaha de fond insupportable et elle sent comme un début de crise de panique, alors elle appelle. La réponse rapide, et surtout positive, lui ôte un poids des épaules. La voix de Corey suffit à répandre une vague de soulagement jusque dans ses poumons comprimés, si bien que raccrocher lui semble insurmontable, comme repousser une bouée destinée à la sauver de la noyade, mais le sentiment d'en avoir déjà trop demandé l'empêche de lui dire de continuer à parler ; de tout, de n'importe quoi, du moment qu'elle peut l'entendre. Elle prend sur elle, Art, les secondes, puis les minutes qui s'écoulent, les comptant comme si cela pouvait les faire passer plus vite, son portable nerveusement passé d'une main à l'autre jusqu'à ce que l'ouverture de la porte la fasse sursauter puis, la silhouette tant attendue émergeant de la pénombre, trottiner plus que marcher dans sa direction. Elle pourrait presque se jeter dans ses bras, mais pudeur et gêne retiennent le moindre geste tandis qu'elle s'immobilise à quelques pas. « Hey... C'est vraiment adorable d'être venu. » Elle doit l'avoir remercié dix fois avant de raccrocher, mais elle ne s'en souvient pas tout à fait. Son regard se porte une seconde sur la salle presque vide et elle évite soigneusement de regarder la raison de sa panique. « Je ne suis pas aussi peureuse en générale mais ils... Rien, c'est moi, le ton est monté et je ne me sentais pas de gérer ça. Désolée, c'est ridicule. » Tout cela lui paraît enfantin, à voix haute. Le fait est que cette foutue soirée lui rappelle Rafael, et ses bouteilles vides, et ses remarques, et puis inévitablement sa violence. Alors peut-être, sûrement, son cerveau a-t-il amplifié les choses, peut-être que rien ne se serait passé, sans doute seraient-ils partis sans rien dire, mais elle ne pouvait pas risquer le contraire. La boule dans son ventre menace de remonter dans sa gorge et elle s'efforce de la ravaler, enfonçant ses mains dans ses poches pour se donner une contenance et y serrer les poings, se cramponnant au tissu. « Tout ça pour dire: merci. Je suis sûre que tu avais autre chose à faire de ta soirée. »
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MessageSujet: Re: marcox #1 // crashing into you   marcox #1 // crashing into you EmptyMer 5 Juil - 12:00

La soirée est bien entamée, l’horloge plus proche du lendemain matin à présent et Corey, il est rentré depuis quelques heures, le blouson sur l’épaule, éreinté après une journée de recherche et d’interrogation au poste de police pour ne tirer que de maigres informations. Il s’est allongé – laissé tomber – sur le divan du salon, la télé allumée sur une chaîne prise au hasard pour un fond sonore, pesant le pour et le contre de se faire à manger à une telle heure ou bien abandonner l’idée par manque de motivation. Il ne met pas longtemps à se sentir sombrer dans un demi-sommeil, un état entre-deux, à entendre le moindre bruit sans vraiment réussir à les reconnaître, à sentir son bras tomber et ses doigts rencontrer le tapis sur le sol. Il a vaguement conscience qu’il devrait au moins faire l’effort de retirer ses chaussures (peut-être aussi éteindre la télé), bercé par les premières nuances d’un rêve éveillé, perturbé brièvement par une sonnerie qu’il lui faut une milliseconde à identifier. Son portable. Sa main plonge dans sa poche pour l’en tirer, il décroche d’une voix qu’il espère pas trop teintée de sommeil et il suffit d’une première note pour qu’il reconnaisse l’appelant et il se redresse, soudain pleinement réveillé. Il sent une voix écrasée par un sentiment qu’il identifie comme de l’angoisse ou peut-être de l’appréhension, il n’en est pas certain et Art, elle a à peine le temps de finir de formuler sa question qu’il affirme sans la moindre hésitation qu’il arrive. Il est déjà debout, en réalité, il a déjà récupéré ses clés et son blouson, il est déjà à la porte de son appart’ et quand il raccroche, il est déjà dans la cage d’escaliers, à dévaler ses derniers quatre à quatre, manquant peut-être de se fouler une cheville ou de s’éclater totalement. Ça n’importe pas. Sur le trajet, il s’inquiète qu’elle ait découvert la vérité, qu’elle ait su qu’il joue double, qu’il va finir par la trahir pour donner sa localisation à son père. Il rejette l’idée parce qu’Art, elle ne serait pas du genre à prétendre avoir peur – il l’imagine plutôt s’énerver contre lui, sans doute qu’elle irait jusqu’à le ghoster complètement, à lui hurler dessus comme elle serait en droit de le faire. Il n’habite pas très loin du Clandestino mais le trajet lui paraît être une éternité, l’angoisse qu’Art ait minimisé les choses, ou qu’il ait été trop long et que ça ait dégénéré ; il s’oblige à cesser d’y penser, voudrait faire taire le défilé de voix des Wilcox possédant un badge qui évoquent tous les drames qui peuvent avoir lieu en quelques minutes seulement. Finalement, l’enseigne du bar se montre et il en pousse la porte, le regard cherchant aussitôt la silhouette d’Art qui arrive vers lui et il inspecte, Corey, des signes qui pourraient dénoncer une agression comme ça le lui a été enseigné à l’école de police. « Tu plaisantes, c’est normal, vraiment. » Il laisse un sourire échapper pour la rassurer, parce qu’il n’est pas de ceux qui balancent des paroles en l’air – plus depuis l’adolescence en tout cas mais jamais quand il s’agit de loyauté en amitié et certainement pas quand il s’agit d’Art. Pour le boulot, voudrait-il se convaincre mais il sait que ce ne serait pas entièrement juste. « C’est pas ridicule. Un homme ivre peut être imprévisible et ce n’est jamais aisé à gérer. Alors s’il y en a deux… » Il balaie d’un geste de la main, sans terminer sa phrase. « Je te l’ai dis, you can call me anytime. And I meant it. Et, entre nous, je préfère que tu m’appelles et qu’il se passe rien plutôt que tu m’appelles après qu’il se soit passé quelque chose de grave. » Parce qu’il n’est pas certain qu’il resterait vraiment calme s’il doit l’accompagner à l’hôpital – parce qu’il ne peut pas promettre qu’il n’aurait pas un de ses gestes impulsifs qui lui ont coûté son badge. Il s’avance vers le comptoir, hausse les épaules. « Nah, j’avais rien de prévu, j’allais passer ma soirée à zapper. » Un mensonge blanc, pour ne pas lui avouer qu’il était en train de s’endormir sur son canapé, parce qu’il se doute qu’elle culpabiliserait d’autant plus – alors qu’elle lui a évité un sacré mal de dos pour le lendemain. « Tu dois fermer dans longtemps ? Juste que j’essaie de calculer si j’ai le temps de prendre un perrier pendant que tu mets les autres clients dehors. » Il jette un regard dans la salle, observe lesdits clients, croit repérer ceux qui ont provoqué l’appel d’Art, le dos courbé et la parole trop forte de ceux qui ont vraiment trop bu. Oui, il préfère vraiment qu’elle l’ait appelé.
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MessageSujet: Re: marcox #1 // crashing into you   marcox #1 // crashing into you EmptyMer 5 Juil - 12:02

Elle était si sûre d'elle, Art, défiant les types dans ce genre, consciente qu'il suffirait de balancer son patronyme pour avoir la paix. Elle avait cette solution de repli, un filet de sécurité, l'ange gardien familial au dessus de la tête à tout instant. Elle a abandonné, tout ça, en même temps que son père, sa mère, sa vie, et surtout son fiancé, celui qui lui aurait fourni une protection supplémentaire s'il n'avait pas été trop occupé à se muer en la principale menace. Elle ne le regrette pas, ne serait-ce que l'espace d'une seconde, pas même les soirs comme celui-ci, où les murs semblent se refermer sur elle, étouffants, tandis que les regards oppressants lui font l'effet de mille phares braqués dans son regard d'animal terrifié. Elle sait, que son esprit a tendance à jouer, dramatiser, mais elle a beau tenter de se raisonner, la sensation est toujours là, insistante, au fond de son ventre, primaire et impérieuse, plus que l'habituel malaise ressenti face à une situation de vulnérabilité. Une sorte de souvenir, qu'elle se refuse à laisser émerger des tréfonds de sa mémoire, mais qui insiste, pousse et s'immisce petit à petit, par vagues d'inquiétudes, par des impressions familières, une peur qu'elle n'a que trop connue, l'expectative sordide de ce qu'elle savait à l'époque inévitable. Elle ressent même comme une douleur fantôme, là où les os furent brisés, les cicatrices creusées, les hématomes infligés. Un énième frisson lui parcourt l'échine et c'est plus que ce qu'il lui faut pour se décider à appeler. Son cœur se serre face à la réalisation qu'elle l'a réveillé, et elle se maudit mentalement de n'avoir pensé qu'à elle, un sentiment d'égoïsme s'ajoutant à la corrosion de l'angoisse, malgré les mots de Corey, malgré la conscience enfouie que cela vaut mieux, au fond, parce que son instinct de survie crie et la dernière fois qu'elle l'a écouté a été la meilleure décision de sa vie. Sa façon de l'attendre, plus impatiemment que jamais, trahi également le besoin urgent d'un visage familier, d'une épaule solide et de confiance. Elle ne saurait expliquer comment c'est arrivé, ni ce qui, en lui, lui inspire à ce point confiance. Peut-être ne devrait-elle pas se reposer sur lui, mais son subconscient est là pour ça, veiller, malgré elle, chaque fois qu'il est là. Sursauter, lorsqu'il s'approche de trop, reculer. Ne jamais vraiment le toucher, si ce n'est sans véritablement le réaliser, au milieu d'une blague, ou dans un effleurement tandis qu'elle lui tend un verre, qu'il lui tend de la monnaie, et se retirer plus vivement que nécessaire en reconnaissant une proximité quelconque. Rien d'étonnant, alors, à cette retenue lorsqu'il pénètre dans le pub quasiment vide. Au point où ils en sont, elle devrait avoir toutes sortes de façons de l'accueillir et de le saluer, mais elle n'est plus aussi à l'aise qu'elle a pu l'être dans une autre vie, moins encore ce soir. Ses lèvres s'étirent néanmoins d'un sourire, qui ne peut que s'élargir en l'entendant répondre. « J'ai vu l'heure, Corey, ce n'est pas "normal", personne d'autre n'aurait fait ça pour moi. » Elle le contredit d'une voix douce, presque éteinte, presque émue. Sans doute est-elle moins indépendante qu'elle n'aime à le croire, sans doute a-t-elle été trop seule, et ce depuis bien plus longtemps que les huit mois passés loin de ce qui fut son chez-elle. Elle n'a pas besoin de grand-chose, grand monde. Elle a particulièrement l'habitude de la solitude, du dépaysement. Mais les gestes comme celui-ci atteignent toujours le cœur, peut-être même plus alors qu'elle s'est tant et si bien convaincue de ne pas en avoir besoin. Un nouveau frisson la parcourt alors qu'il évoque l'état des deux ivrognes, un regard incontrôlable dans leur direction tandis qu'elle referme ses bras autour de son abdomen dans un geste presque inconscient de protection, et un soupir inaudible s'échappant de ses lèvres pincées quand il ne finit pas sa phrase. « Ca me rassure, énormément, à chaque fois que je suis seule ici… I don't know what I would've done if it wasn't for you. » Le simple fait qu'il soit one call away la rassérène au-delà du descriptible et elle voudrait pouvoir le remercier, mais les mots seuls traversent déjà difficilement la barrière de ses lèvres, alors ses méninges ne sont pas près de trouver le cadeau adéquat. Elle n'est pas très sûre, de toutes manières, que quoi que ce soit ait la capacité de dire merci d'atténuer mes angoisses, et d'être si rapidement devenu un pilier. Elle ne voudrait pas non plus lui mettre trop de poids sur les épaules, laisser entendre qu'elle a besoin de lui jour et nuit et que, s'il pouvait devenir son garde du corps personnel, ce serait sans doute plus facile. Et puis, elle s'en rend compte, il ne faudrait pas qu'elle se fasse dépendante, elle ne peut pas, elle ne le veut pas, pas après tout ce qu'elle a traversé afin d'être finalement émancipée. Ce n'est rien qu'un soir difficile, tout le monde en a, et les femmes comme elle… Ses pensées se trouvent heureusement accaparées par la tentative de Corey pour la rassurer quant à la soirée qu'elle vient de lui gâcher, elle sourit à nouveau, bien que peu convaincue. « Well, I'm always happy to save you from a boring TV night. » Parce que venir jouer au videur en pleine nuit doit être tellement plus intéressant. Palpitant, peut-être, mais c'est un travail pour le moins ingrat. Elle saisit donc avec plaisir l'opportunité de le rendre un brin moins pénible, lorsqu'il évoque la possibilité de prendre un verre. « Oh, tu as le temps, je dois encore un peu ranger après le départ des clients. Assieds-toi, je t'apporte ça. C'est cadeau, pour le déplacement. » Elle sourit, retrouvant rapidement les réflexes du métier et lui indiquant les places toutes proches d'un geste ample. Elle n'ose pas lui dire qu'elle le préfèrerait au bar, là où il lui serait aisé de s'éterniser tout en travaillant – pas qu'essuyer de la vaisselle au beau milieu de la salle soit suspect, mais un peu quand même. Elle se résout finalement à s'éloigner, retient un regard en arrière et passe devant les deux hommes du bar sans dévier de sa trajectoire: le réfrigérateur.
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MessageSujet: Re: marcox #1 // crashing into you   marcox #1 // crashing into you EmptyMer 5 Juil - 12:04

Il garde son masque de bonne humeur, Corey, comme toujours et surtout quand il est question d’Art. Les informations fournies par le père étaient maigres et il a fouillé, Corey, pour essayer d’en savoir plus sur celle qu’il doit ramener au bercail, celle qui a fuit pour une raison qui semble aussi inconnue que soudaine aux yeux de tous – mais il sait, pour l’avoir étudié à l’école de police, qu’il y a généralement une bonne raison pour une telle fuite, plus encore lorsque tout est à porté de main. Et c’est parce qu’il a cet instinct qui lui tord les entrailles qu’il n’a toujours pas prévenu le père qu’il a retrouvé la fille chérie, parce qu’il attend d’en savoir plus, Corey, il attend de comprendre avant de dévoiler, de balancer allègrement pour pouvoir encaisser le chèque qui lui permettra de ne pas s’inquiéter pour les prochains mois – et c’est uniquement de la curiosité, qu’il se répète jour après jour, et pas du tout parce qu’elle lui est sympathique, Art, et que l’idée qu’elle puisse lui en vouloir un jour de son geste lui donne mal à la tête ou suffit à le dégoûter de lui-même. Il a un large sourire, donc, quand il reconnait finalement Art, de ceux qui se veulent réconfortants – il aurait le réflexe de vouloir la serrer contre lui, tout tactile qu’il est, mais il a déjà remarquer qu’elle ne se laisse pas approcher, qu’elle sort les griffes quand il fait mine de vouloir la toucher, ne serait-ce que pour lui attraper le bras pour lui rendre un stylo tombé ou la monnaie. « Alright, maybe, you’re right. But I’m not like everyone else. » Le coin des lèvres qui se relève encore un peu davantage pour se donner cet air idiot qu’il arbore au quotidien, qui rend compte de l’immaturité qu’il feint tout le temps parce que c’est son rôle. Le clown, le bouffon, celui qui fait rire pour apaiser les tensions, qui usent de blagues pour détourner l’attention, qui soulage l’atmosphère pour ne pas avoir à dealer avec tout ce qui se trame dans son crâne, toutes ses angoisses qu’il s’efforce de taire. Elle a la voix basse, Art, et des mots qui suffisent à lui glacer le sang. Elle ne dit pourtant rien dont il n’ait pas conscience – il se souvient des avertissements de son père quand il était gosse auprès de ses sœurs, d’appeler en cas de crainte, d’éviter les endroits isolés, de rentrer à la moindre angoisse afin de ne pas répéter des schémas qu’il n’a que trop souvent vu ou entendu par son job. Il sait, Corey, pour avoir discuté avec sa sœur, qu’elle ne se sent jamais totalement en sécurité dans la rue parce qu’elle est une femme, parce qu’il y a trop de prédateurs, parce qu’il y a eu trop d’agressions par le passé, parce qu’elle sent le regard des hommes, qu’elle entend leurs ricanements ou leurs propos et qu’elle ignore ce dont ils sont capables. Il comprend, donc, même si pas totalement, la peur d’Art, son besoin de ne pas être totalement seule. « Tu fermes souvent toute seule ? » C’est tout ce qu’il trouve à demander alors qu’il voudrait avoir des mots plus rassurants – mais il sait que ce serait inutile, que des mots ne peuvent rien contre la triste réalité. Dans son crâne, il est déjà en train de retrouver l’emploi du temps de la jeune femme, de chercher s’il a noté les soirs où elle doit faire la fermeture sans ses collègues, prêt à débarquer chaque soir où c’est le cas, prêt à être cette présence qui empêcheraient les ivrognes d’agir ou, en tout cas, celle prête à intervenir dans le cas contraire. « My very own knight in shining armor, » plaisante-t-il avec un air qui se voudrait sérieux s’il en était seulement capable. « Ah bah si c’est offert, je suis obligé de saisir l’offre, maintenant. » Il a un regard sur l’ensemble de la salle tandis qu’elle s’éloigne et s’il voit bien la table qu’il occupe assez souvent, il surprend aussi le regard lubrique de l’un des hommes. L’un d’eux semble marmonner quelque chose que son taux d’alcoolémie rend inaudible et incompréhensible. L’hésitation n’est plus et il s’installe au bar, de sorte à bloquer la vue des compères tant qu’Art est derrière le comptoir, dépose le blouson à côté de lui. Il n’a pas de doute qu’ils doivent être connus des bars de la ville, probablement même de celui-ci. Ils ont le regard vitreux de ceux qui passent leurs journées à boire ou à cuver les verres de la veille, de ceux qui, même sans picoler, sont probablement déjà bourrés. « La journée a été bonne, sinon ? » adresse-t-il à la jeune femme sitôt celle-ci revenu avec sa boisson. Lancer la conversation pour l’empêcher d’avoir à déambuler dans le bar. « Tu veux que je les mette dehors dans combien de temps ? » La voix baissée d’un ton, aucun geste ou regard en direction des mentionnés mais il sait qu’il n’en a pas besoin, Corey.
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MessageSujet: Re: marcox #1 // crashing into you   marcox #1 // crashing into you EmptyMer 5 Juil - 12:06

Elle voudrait ne pas avoir besoin de tant de réassurance, Art, pouvoir faire confiance, pouvoir élever la voix sans craindre qu'elle ne se brise, ou que la réponse ne soit trop dure à son goût, réveille quelque chose de tapi au fond de son ventre, froid et épuisant et constamment repoussé de toutes ses forces. Mais les mots ne quittent pas ses lèvres, ne se forment même pas tout à fait sur sa langue. Elle ne sait pas rugir, aboyer, faire fuir et se faire craindre. Pas que ce soit son but au quotidien mais, parfois, parfois elle se voudrait terrifiante, inapprochable. Que lui faudrait-il, un regard moins indulgent ? Quelques centimètres de plus ? Une voix qui porte mieux ? Ou seulement plus de confiance ? Y peut-elle seulement quelque chose, ou doit-elle se fier à l'éventuelle bonne volonté des passants, ceux qui ne se retournent jamais sur les problèmes des autres, ceux qui ont accepté de croire à sa chute dans les escaliers pour ne pas avoir à regarder la vérité en face, ne pas s'impliquer. Elle sait pouvoir se fier à Corey, du moins c'est ce qu'il lui a toujours semblé, ces derniers mois. C'est ce qu'il confirme, ce soir. Elle peut compter sur lui, à toute heure, en tout temps. Mais le veut-elle vraiment ? Il a beau sourire, et la faire rire, et ne pas avoir l'air de lui reprocher ce réveil abrupt et le trajet à cette heure, mais veut-elle être ce genre de poids pour lui, pour qui que ce soit ? Elle ne le veut pas inquiet, et si dévoué qu'il en oublierait de s'occuper de plus important qu'elle. Il a une vie, elle n'est pas sa priorité, et elle n'a pas l'intention de le devenir. Oui, elle se convainc que cet appel sera le seul, plus de réveil nocturne pour se rassurer, même si la facilité avec laquelle il parvient à la réconforter a quelque chose d'addictif. Quelque chose auquel elle aura du mal à renoncer. « Oh, I know that. » Not like everyone else, s'il savait à quel point il a raison. Comme elle est mille fois plus à son aise auprès de lui que n'importe où ailleurs. Comme il est plus attentionné, moins inquisiteur, plus généreux, plus attentif. Il n'a jamais demandé pourquoi elle ne le laissait pas approcher, n'a pas l'air de le prendre pour lui, ou d'attendre qu'elle lui rende des comptes. Il n'est pas perturbé par son appel, sa peur que d'autres considéreraient irrationnelle. Il parvient à suivre le mouvement, au point qu'elle se demande parfois s'il n'est pas au courant de quelque chose qu'elle n'aurait jamais articulé. S'il n'a pas compris, deviné, ou, dans des élans paranoïaques, s'il ne sait pas exactement qui elle est. Coupant court à la course de son imagination, elle laisse sa concentration se fixer à nouveau sur la conversation « Ca arrive, mais on est en sous-effectif, ça ne devrait pas durer. » Elle ne sait pas exactement lequel d'entre eux elle tente de rassurer de la sorte mais, une chose est sûre, cela ne fonctionne pas sur elle. Quelques semaines, quelques mois, c'est déjà bien trop de temps, trop d'occasions pour elle de se retrouver ici avec des inconnus aux taux d'alcoolémie trop élevés et aux intentions douteuses. Mais il est hors de question que Corey se sente obligé de veiller sur elle tant qu'elle travaillera ici, et fermera seule, et rentrera seule. Elle se débrouillera, elle apprendra. Alors il n'a pas besoin de savoir. « I guess we can say we're each other's knight in shining armor. » Et elle sourit, mais la conscience d'avoir plus besoin de lui que l'inverse est bien là, dégoulinante de reproches. Elle n'est pas suffisamment indépendante, elle ne peut pas se reposer sur les autres de la sorte, elle doit grandir, elle doit aller mieux. Il n'est pas à sa disposition, et puis qui est-il, réellement ? Le sentiment qu'il lui inspire, l'impression de sécurité, quand bien même ne le laisse-t-elle pas tout à fait approcher, est une chose à laquelle elle ne peut se fier. Plus maintenant, pas entièrement. Elle le voudrait, pourtant, parce que son instinct ne la trompe pas – elle n'a jamais été dupée par la fausse bonté de son entourage, seulement résignée. A nouveau, elle chasse la pensée, le malaise, l'impression grandissante d'être une charge pour laquelle il ne peut tout simplement pas s'empêcher d'avoir de la peine. Le sourire nait à nouveau, alors qu'il accepte l'offre d'un verre, mais sa gaieté est teintée et elle est presque soulagée d'avoir à s'éloigner, pour se recomposer. Se convaincre qu'il l'apprécie vraiment, qu'il n'est pas juste le malheureux ayant eu le malheur de lui donner son numéro en espérant qu'elle n'appellerait pas. Qu'il n'est pas, pensée sordide, un faux nice guy. Le cœur s'affole, les dents grincent. Elle veut croire en lui. Please, elle veut croire en lui. Plus, elle veut pouvoir croire en son propre jugement, avoir au moins ça pour elle, se faire confiance si elle ne peut se fier à personne d'autre. Elle le rejoint une fois moins agitée, déposant un verre devant lui et dévissant la bouteille de Perrier en l'écoutant. Elle lui est reconnaissante de la tenir occupée, de lui offrir une bonne raison de rester plantée là plutôt que de s'affairer dans le champ de vision des autres clients. « Oh euh, cinq minutes ? Ils peuvent finir leurs verres, au prix auquel ils les paient. » Tentative d'humour tandis qu'elle s'efforce de ne pas relever les yeux dans la direction de leur sujet de conversation. Elle préfère revenir rapidement à sa question précédente. « Et la journée... la journée a été normale, quelques plaintes sur le bruit de l'aération, et puis sur la chaleur quand on a voulu l'éteindre, et à nouveau le bruit quand on l'a remise en marche. » Le service client, really. « Et toi, qu'est-ce qui te tient éveillé si tard ? A part moi. » Elle ne parvient pas à lâcher l'affaire, regrettant son appel autant qu'elle est soulagée de l'avoir passé.
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MessageSujet: Re: marcox #1 // crashing into you   marcox #1 // crashing into you EmptyMer 5 Juil - 12:09

Il est là et il respire, enfin, maintenant rassuré quant au fait qu’elle aille bien, Art, vraiment bien — quoique toujours fébrile, il le sent, il le voit et il sait qu’elle a besoin de lui alors il sera là. Il n’y a pas vraiment de questions à se poser, il ne s’en pose d’ailleurs pas la moindre, Corey et s’il voudrait pouvoir affirmer qu’il agirait de la sorte avec n’importe qui (ce qui ne serait pas totalement mensonger parce qu’il a cette impulsion, Corey, à vouloir protéger le monde entier, aider dès que le besoin s’en fait sentir, connus ou inconnus, peu lui importe, tant qu’il peut être utile) il sait pourtant que ce n’est pas sa motivation première. Pas ce soir, pas avec Art. Il ne préfère pas songer à ce qui le motive, d’ailleurs, vaguement conscient que ce serait une mauvaise idée, que ce serait mal, même, parce qu’il n’est pas supposé avoir la moindre motivation quand il s’agit d’elle, si ce n’est l’argent qui l’attend à la fin de la mission (mission qu’il fait traîner depuis de longues semaines, devenues mois entre temps) ; argent qu’il risque de ne jamais toucher s’il continue de la sorte, à dire à l’un qu’il ignore où se trouve celle recherché, à dire à l’autre qu’il ignore tout de sa famille ou de ses origines — il en ignore encore les grandes lignes, pourtant et c’est pour cette raison qu’il fait traîner, c’est derrière cette excuse qu’il aime se cacher quand il se rappelle avec véhémence qu’il aurait dû rendre ses résultats depuis longtemps. Il s’en trouve toujours incapable, même lorsqu’il commence à composer le numéro de téléphone, en vient même à ne pas répondre quand le client l’appelle pour s’enquérir de l’avancée de ses recherches. Pour les Marlowe, aux dernières nouvelles, leur fille disparue est bien quelque part sur le continent américain ; il est même allé jusqu’à préciser en Illinois sans aller au-delà, sans se montrer plus précis sans jamais savoir pourquoi il n’évoque jamais Chicago totalement (c’est une grande ville, après tout), sans savoir pourquoi il n’arrive pas à se laver de ce mauvais pressentiment. Alors, en attendant de le découvrir, il continue ; enquêter pour le cabinet le jour, passer au bar le soir, discuter avec Art et, ses jours de repos, la suivre quelques heures, essayer de résoudre le puzzle complexe qu’elle représente. Mais elle est mystérieuse, Art, habile à dissimuler son passé et il ne veut pas lui tirer les vers du nez (trop risqué, il ne veut pas qu’elle puisse se douter de la vérité), alors il n’en apprend que trop peu. Ce sont des informations distillées au compte-goutte, des observations plus que des certitudes et aucun point d’interrogation n’a, pour l’heure, pu être complètement retiré d’aucune de ses théories. Il sait qu’elle a fui, ça ne fait aucun doute ; elle n’a pas juste disparue, on ne disparait pas juste comme ça, du jour au lendemain, pour ré-apparaître sur un autre continent et vivre une autre vie. Et ses mois à l’école de police, ses années d’expérience parlent pour lui en lui soufflant qu’elle a fui quelqu’un sans savoir qui (ses parents restent eux-mêmes vagues sur la question et ce n’est pas faute de les avoir interrogé à de multiples occasions, pourtant). Elle a l’air fragile, Art, mais pas incompétente (il sait que ce n’est pas le cas, il sait qu’elle est déterminée si elle a été capable de traverser un océan et de recommencer à zéro dans un autre pays) et peut-être que ça joue plus que de raison sur son propre comportement envers elle, sur sa raison d’être là, au milieu de la nuit, à tenter de la rassurer avant toute chose parce qu’il ne manquerait plus que ça, qu’elle culpabilise d’avoir été angoissée, ou intimidée, ou effrayée. Le sourire qu’il affiche est large, cherchant à lui faire craquer un sourire à elle aussi, la prétention jamais loin pour désamorcer une situation qui s’annonce complexe et il ne peut que soulever un sourcil alors qu’elle confirme ses paroles, l’envie d’avoir un geste envers elle, tout juste une épaule touchée, mais il sait qu’elle réagirait avec cette nervosité qu’il lui a déjà vu alors il se retient, Corey, se contente plutôt de lever un doigt dans sa direction. « Ah, you see. » Et il a l’air heureux, Corey, avec son large sourire idiot sur le bord des lèvres, avec tous ses efforts pour la détendre, lui indiquer qu’elle peut respirer parce qu’il est là, qu’il le sera tout le temps dont elle aura besoin, autant de fois qu’elle le lui demandera. Il note l’emploi du conditionnel, décide que ça n’importe pas, en réalité, que ce soit régulier ou non, du moment que ça arrive de temps en temps et il sait qu’il viendra dès le lendemain soir, qu’il vérifiera l’emploi du temps récupéré plusieurs semaines plus tôt, qu’il sera là, si pas dans la salle, au moins à l’entrée, à faire connaître sa présence pour qu’elle puisse fermer en toute sérénité ou même simplement à veiller dans l’ombre, prêt à intervenir en cas de dérapage. Il sait qu’il suffit souvent d’un rien, un mot de trop ou en moins, un regard mal interprété ou juste une personnalité borderline brutale. Il la suite lentement jusqu’au comptoir où il s’installe, saisissant le Perrier qu’elle lui offre si généreusement et profitant de sa courte absence pour lancer un regard aux derniers clients, raison de sa présence. Une tension apparaît dans ses épaules qu’il s’efforce d’ignorer, essayant plutôt d’estimer le taux d’alcoolémie de chacun, leur capacité de réaction, leur vitesse une fois debout, leur équilibre qu’il devine précaire. Il estime leur dangerosité assez basse mais préfère rester sur ses gardes, l’esprit intranquille tant qu’il n’aura pas déposé Art devant chez elle (et encore, tant qu’il ne l’aura pas revue le lendemain et qu’elle ne lui aura pas assuré le contraire). Il arrache son regard à son observation, les coudes plantés sur le bar, ses autres sens aux aguets, profitant du petit miroir dissimulé derrière les bouteilles, illusion pour donner l’impression qu’il y en a bien plus en réalité, pour garder un oeil sur eux, au moins sur leur forme voûtée. Elle revient, Art, et, après un merci pour le verre, il opine lentement. Il n’aurait pas eu de scrupule à les empêcher de les terminer, leurs verres, si elle le lui avait demandé, si elle l’avait préféré. Il ne peut s’empêcher de penser qu’elle leur accorde ce droit parce qu’il est là, parce qu’il parvient à l’apaiser ne serait-ce qu’un peu, que sa présence, indeed, la rassure mais il sait qu’il se leurre, qu’il se ment à lui-même en prenant un désire pour une réalité alors il chasse la pensée qui s’insinue. « Les joies de la climatisation, ça ne marche jamais comme on le voudrait. » Le verre dans une main, le regard fiché sur elle, à espérer croiser son regard sombre. « Tu l’as ré-éteinte ? J’entends rien, perso. » Mais sans doute fait-il moins chaud à une heure avancée de la nuit qu’en pleine journée, le bar quasiment vidé plutôt que complètement bondé. Il hausse les épaules. « Grosse journée, je venais de rentrer quand t’as appelé. » Il ne donne pas de précision, craint qu’elle se fige ou ne s’éloigne si elle venait à apprendre son métier (et c’est idiot car pourquoi voudrait-elle le fuir en découvrant qu’il est enquêteur pour un cabinet d’avocats ? Ce n’est pas un flic, il n’a pas de badge, n’a aucun laisser passer (en théorie) et la précision sur le cabinet d’avocats devrait suffire à renseigner qu’il est loin de s’intéresser à des cas comme le sien (en théorie, encore une fois)). « Et avant que tu commences à t’excuser, je te le répète. Y a pas de mal. Et puis, demain, je commence plus tard, j’aurai le loisir de faire la grasse mat ce qui n’arrive plus tellement si je me couche tôt. Le malheur d’être un petit vieux qui se réveille à l’aube, tu comprendras quand t’auras mon âge. » Gorgée de Perrier. « Alors tu vois, tu me fais une faveur. Grâce à toi, je vais enfin avoir l’occasion de me lever après neuf heures sans avoir l’impression d’avoir dormi une demi-journée. » Le sourire toujours présent, à essayer d’en trouver le reflet sur son visage à elle — le désespoir de ne pas l’y trouver malgré ses efforts.
Une poignée de minutes plus tard, il entend un verre se reposer derrière lui, un râle qui s’échappe des lèvres de l’ivrogne. Corey, il a les yeux rivés sur Art, mais il ne tarde pas à glisser du tabouret. Les verres sont terminés, il est temps pour les deux de tirer leur révérence. « Stay here, » qu’il adresse à l’attention d’Art, parce qu’elle est de l’autre côté du comptoir, là où ils ne peuvent pas l’atteindre ; là où il ne souhaite pas qu’ils l’atteignent. Il s’arrête à mi-chemin entre les deux tables, écarte les bras. « Come on messieurs, la boutique ferme, merci d’être passé mais il faut rentrer. » Il y a quelques balbutiements, comme une vague de protestations qu’il ne saisi pas (ne cherche pas à saisir). Il aide le premier à se relever en le voyant manquer de s’écrouler durant sa première tentative, surveille que le second suive le mouvement. « On peut vous appeler un taxi si vous le souhaitez mais il faudra l’attendre à l’extérieur. » Il accompagne jusqu’à la porte, Corey, dirige et navigue lorsque l’un voudrait faire un pas de côté, redresse d’une poigne ferme sur un bras, ou une épaule.
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MessageSujet: Re: marcox #1 // crashing into you   marcox #1 // crashing into you EmptyMer 5 Juil - 12:10

Elle n'avait aucune idée de ce vers quoi elle fuyait, Art, il y a tous ces mois de cela. Elle ne savait que ce qu'elle quittait, le bon comme le mauvais. Le très mauvais. Elle ne savait pas ce que serait sa vie, ici, de qui elle croiserait la route, si ses colocataires seraient à la hauteur de ses espérances (ou juste décents, vraiment). Elle n'avait jamais eu aussi peur, pas même de Rafael, parce qu'avec lui, au moins, elle savait à quoi s'attendre, même au pire. Et, cette peur, elle vit toujours en plein dedans, quoi qu'elle fasse, peu importe à quel point elle s'efforce de se rassurer, de se montrer à la hauteur de l'image qu'elle aime à renvoyer, de la force qu'elle voudrait se convaincre qu'elle possède. Et Corey… il aide, avec cela. Il lui permet de se sentir plus en contrôle, pas seulement parce qu'elle peut compter sur lui, ou s'en remettre à lui pour la protéger en cas de besoin, mais parce qu'il semble la voir exactement comme elle aimerait être perçue. Le fait qu'elle l'appelle au beau milieu de la nuit, anxieuse, ne le fait pas porter un regard différent sur elle, ne la diminue pas, elle est seulement quelqu'un qui a besoin d'un coup de main et elle n'en est pas pour autant plus faible qu'un autre, ou moins estimable. Ou, en tout cas, il ne montre aucun signe d'irritation, ni de jugement, et, s'il en pense quoi que ce soit, elle ne le perçoit absolument pas, et elle lui est déjà reconnaissante pour ça. Au-delà de l'image d'elle-même qu'il lui renvoie, il possède d'indéniables qualités qu'elle ne se laisse jamais le temps d'analyser en profondeur, de peur de se découvrir un attachement trop grand à une homme qu'elle ne connait, finalement, que depuis peu de temps, et puis de façon si superficielle quand on y pense. Il n'est qu'un client du bar, le genre auquel elle parle, certes, mais quelques mots entre deux commandes n'ont jamais permis de connaître quelqu'un, seulement ce qu'ils veulent bien avouer à des inconnus, à moins d'avoir pris un verre de trop mais, Corey, ce n'est jamais son cas. Comme elle, il est toujours en pleine possession de ses moyens, suffisamment lucide que pour mentir si nécessaire. Alors, elle ne peut pas faire confiance aux buveurs, et pas plus aux sobres. Pas qu'elle ait jamais eu tout à fait confiance en qui que ce soit, entre les faux-amis et les vrais ennemis, mais elle avait bon espoir que, loin des Marlowe, loin de Londres, loin de la fortune, elle trouverait quelque chose de réel. Les amis qui ne comptent pas sur son portefeuille, ses recommandations au paternel, son image. Les gens qui la trouvent plus abordable, moins détestable par principe. Elle n'avait pas compté sur le fait que quelque chose serait brisé, chez elle. Qu'elle n'oserait pas s'exposer, se lancer, se lier. Qu'elle essaierait, mais que quelque chose la retiendrait toujours, un frémissement au creux de son ventre, une alarme rugissant sous son crâne. Jamais tout à fait posée, confiante, naturelle. Toujours sur ses gardes, méfiante, prête à fuir. Sursautant lorsqu'ils approchent de trop près, trop vivement. Le sourire vacillant à l'évocation d'un passé qu'elle doit réinventer à chaque conversation.
Elle parvient à retrouver toute sa maîtrise en se concentrant sur sa tâche, répétitive, bien connue, simple. Une bouteille, un verre, servir, rien de plus évident. Elle se concentre et le calme lui revient, elle ose même laisser aux derniers clients le temps de terminer leurs commandes avant que Corey ne les escorte vers la sortie. Elle laisse également son esprit divaguer vers autre chose que l'instant présent, un souvenir de l'après-midi qui pourrait le faire sourire. « Non, elle est en marche. Je pensais que je m'y étais peut-être trop habituée pour remarquer, mais au final les clients devaient avoir une ouïe surdéveloppée. » Le sentiment que l'anecdote n'a rien d'intéressant lui tombe dessus et elle attrape de quoi essuyer le bar pour s'occuper les mains, imagine qu'il a eu une journée bien plus passionnante, tout en ne sachant pas dans quel domaine il travaille. Elle n'a jamais demandé, parce qu'elle applique aux autres ce qu'elle aimerait qu'ils fassent pour elle: pas de questions. Rien de personnel, du moins, même si ce n'est qu'un boulot. Elle les laisse généralement parler, l'information vient souvent naturellement. Mais pas avec lui, et elle n'apprend que ce qu'elle avait cru deviner, une longue journée, et une sommeil tout récent dont elle l'a privé. S'il s'empresse de la rassurer à ce sujet, elle n'a pas moins cessé de nettoyer pour le regarder avec un sourire moitié fané, tirant vers le désolé mais n'osant pas l'exprimer. « Bon, si tu le dis. Moi qui pensais que le grand âge demandait que tu te couches plus tôt… Contente de te sauver non seulement de la télévision, mais aussi d'un réveil compliqué. » Et elle tente, encore, un sourire, mais elle sent bien qu'il n'atteint pas le niveau souhaité et retourne à son rangement, passant du bar aux verres qu'elle prend le temps de reposer à leurs places après les avoir lavés plus tôt dans la soirée.
C'est la voix de Corey qui la tire de ses pensées, mais il ne s'adresse que brièvement à elle, d'une sorte d'avertissement qui fait tout à coup accélérer son rythme cardiaque. Elle se sent encore plus en danger, comme si elle avait mésestimé la menace avant qu'il n'arrive, et qu'il était désormais son unique rempart, en plus du comptoir. Et si elle l'avait appelé et qu'il se retrouvait à se battre contre plus fort que lui ? Et si elle était la cause de blessures, ou pire, alors que tout aurait pu se passer autrement, peut-être calmement, si elle avait été seule ? Son cœur s'affole et elle voudrait le retenir mais le souffle lui manque et les mots avec. Il s'est déjà éloigné, s'attelle à la tâche de faire sortir les deux hommes. Cela ne devrait pas être aussi compliqué. Elle ne devrait pas avoir le cœur au bord des lèvres, les dents prêtes à claquer, la gorge nouée. Mais c'est le cas, et elle n'entend même pas ce que l'un des hommes lui dit, voit ses lèvres bouger alors qu'elle ne parvient pas à détourner les yeux, mais elle ne l'entend pas, et ne peut compter que sur Corey qui le guide vers la sortie, semble lui répondre quelque chose, et passe la porte avec eux. Porte qui se referme, et elle respire à nouveau. C'est haché, presque douloureux, mais elle respire à nouveau, et se recompose au mieux alors que Corey repasse la porte, en sauveur. Elle voudrait lui sourire ou le remercier mais rien ne lui vient et elle sent l'un de ses genoux trembler, les jambes sur le point de se dérober. « I'll just... I'll just be a minute, please, drink your Perrier. » Elle s'empresse d'articuler, mécaniquement, et disparait vers les toilettes. Le verrou clique et le barrage cède, elle se laisse glisser contre la porte close. Le temps de se reprendre. Se recomposer, encore, toujours. Elle a mal au cœur, Corey n'est pas idiot, ce n'est pas la première fois qu'elle réagit de façon disproportionnée face à lui. Combien de temps pourra-t-il le supporter ? Combien de questions en suspend laissera-t-il s'accumuler entre eux avant d'exiger des réponses ?
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MessageSujet: Re: marcox #1 // crashing into you   marcox #1 // crashing into you EmptyMer 5 Juil - 12:11

Elle dégage quelque chose de particulier, Art, et qui ne peut que l’attendrir — en quelque sorte, parce qu’il voudrait se targuer de ne pas être si facilement attendri, Corey. Il n’arrive toujours pas à savoir si c’est son grand regard tendre ou les rares sourires qu’elle se permet de lui offrir et qui, irrémédiablement, viennent l’atteindre dans sa poitrine, mais elle a ce il-ne-sait-quoi qui captive son attention, sans doute même un peu davantage que juste son attention, ce davantage qu’il se refuse à admettre totalement, conscient que ce n’est pas permis, que ce ne serait pas bien étant donné les conditions de leur rencontre (hasardeuses sans doute de son point de vue à elle, totalement calculées en réalité). Il devrait pouvoir rester détaché, la voir pour ce qu’elle est (la cible à ramener à ses parents outre atlantique) mais, encore ce soir, il lui suffit de lui jeter un coup d’oeil pour en être tout à fait incapable. Il la devine fragile et forte à la fois, si mystérieuse et pourtant ouverte, presque accessible et il aime croire qu’il finira par la découvrir dans son entièreté, qu’elle finira par lui faire confiance, lui parler, lui conter toutes ces zones d’ombres qu’il se contente de deviner ou de combler par les vagues informations qu’il déniche ici, là, à force de recherche. Il a le regard qui s’attarde sur son dos alors qu’elle part lui chercher son Perrier avant qu’il ne se détourne, peut-être conscient d’être un peu trop obvious pour son propre bien, se rappelant surtout qu’il n’est pas là juste pour le plaisir mais parce qu’elle l’a appelé, parce qu’elle avait cette voix si serrée et hésitante, ce presque désespoir qui l’a alarmé et parce qu’il y a encore la présence de ces deux silhouettes un peu plus loin. Il a l’air à l’aise, Corey, parce qu’il l’est un peu, venu trop fréquemment en ces lieux pour les besoins de l’enquête (et pas du tout pour Art elle-même) jusqu’à avoir une table presque attitrée (la table dix-huit, au fond du bar, celle qui lui permet d’avoir une vue d’ensemble sur la pièce, de pouvoir observer la serveuse sans en avoir l’air, de discuter avec elle si elle traîne un peu sans que son patron ne puisse trop les surveiller non plus). Mais c’est le comptoir qu’il choisit, cette nuit, comme pour s’interposer directement entre les deux ivrognes et elle, pour s’imposer à leur vue, faire comprendre un message que leurs cerveaux alcoolisés auront probablement du mal à déchiffrer. Elle revient et il sourit, Corey, rassurant et peut-être juste charmé par l’aura qu’elle a, peut-être simplement parce qu’elle est là, juste de l’autre côté du comptoir et que, dans le fond, ça lui suffit pour avoir une raison de sourire. Il lance la conversation, à son habitude, pour lui changer les idées, pour achever de se réveiller aussi maintenant que la fatigue voudrait revenir un peu et elle joue le jeu, Art. « Hmmm, serais-tu en train de sous-entendre que mon ouïe est celle d’un humain lambda ? Art, je suis très peiné. » La main portée à sa poitrine pour feindre la blessure, le sourire pourtant toujours présent parce qu’il est incapable de le perdre quand elle est dans son champ de vision — sauf peut-être quand il se rappelle du pourquoi il est en sa présence, du pourquoi il la connait quand, vraisemblablement, leurs chemins ne se seraient sans doute jamais croisés si le père Marlowe ne l’avait pas embauché malgré la distance. Le sourire, d’ailleurs, commence à s’effriter maintenant que la pensée le traverse et il la bloque, refuse de perdre de sa bonne humeur alors qu’il n’est pas encore parvenu à lui arracher un sourire, quand elle semble toujours si triste, si touchée ou perturbée par quelque chose dont il ignore tout, tout comme il ignore toujours pourquoi elle a choisi de l’appeler ce soir. « Ah non, c’est l’année prochaine que je me coucherai tôt, pour l’instant, je suis vieux mais encore assez jeune pour veiller jusqu’à vingt-trois heures. » Il aurait pu dire plus tard, s’en aperçoit alors qu’il se souvient qu’elle l’a appelé après vingt-trois heures et il tourne la tête et le sourire qu’elle lui offre n’est pas aussi éclatant qu’il l’aurait espéré, pas aussi sincère qu’il l’aurait voulu alors il perd un peu de son assurance, le coeur soudainement alourdi par cet échec.
Les bruits qui semblent soudainement amplifiés dans le silence du bar lui donnent le signal du départ pour les deux derniers clients, minus lui-même, et il descend du tabouret dans un petit avertissement en direction de Art, peu désireux de la savoir proche de ceux imbibés d’alcool au cas où il y aurait résistance, au cas où les choses tourneraient moins bien qu’espéré. Il en soutien un des deux, le poids de l’autre, plus grand, plus large d’épaule aussi, pesant sur les muscles de son bras qui entoure, guidant l’autre d’une main quand les pas titubent, s’éloignent pour mieux revenir. Et s’il a le visage tourné en direction de la porte, Corey, il surveille du coin de l’oeil que le chemin est bien suivi, qu’il n’y a pas de détour pris dans aucune direction et ce n’est qu’une fois la porte passée qu’il s’autorise un petit soupir de soulagement. Celui en état de marche s’éloigne aussitôt, s’enfonçant dans une rue éclairée et il suit la silhouette jusqu’à ce qu’elle ne soit plus visible tandis qu’il sort son portable pour appeler un taxi au second. L’état d’ébriété trop avancé pour que ce dernier soit en mesure de lui donner la moindre adresse, il prend sur lui, Corey, pour fouiller dans ses poches et y dénicher son portefeuille, y lit l’adresse qu’il donne au chauffeur une fois ce dernier présent et glisse quelques uns de ses propres billets (l’autre n’ayant que deux dollars en poche) avant que le véhicule ne disparaisse de son champ de vision. Il attend quelques secondes supplémentaires, comme inquiet qu’il y ait eu un demi-tour mais, une fois certain que ce ne sera pas le cas, il pousse à nouveau la porte du bar, adresse un large sourire à Art pour le perdre aussitôt. Elle est pâle, Art, beaucoup trop pour que ce ne soit pas inquiétant, elle semble au bord de quelque chose (l’évanouissement, pense-t-il aussitôt) et il n’a pas le temps de réagir qu’elle est déjà de l’autre côté de la porte des toilettes. Il reste interdit des secondes qui durent une éternité, debout, bras ballants, incapable de retourner auprès de son Perrier comme indiqué, incapable, non plus, d’aller la retrouver de peur de la faire fuir. Il hésite, Corey, attend de longues minutes, parvient finalement à faire un pas. Il prend la direction de son siège avant de bifurquer pour imiter le trajet qu’elle vient d’effectuer et il se retrouve devant la porte close des toilettes, une main suspendue dans l’air, incapable de se décider à essayer d’entrer ou de frapper. Il voudrait faire demi-tour, lui laisser la minute ou l’ensemble des minutes dont elle a besoin, conscient d’avoir été témoin de réactions vives et comme résultantes d’un traumatisme qu’il n’explique pas. Ses pieds glissent sur le sol, prêt à lui donner l’espace demandé, mais il l’imagine tout à coup, dans le plus grand mal, dans la plus grande détresse et il frappe doucement contre la porte, les doigts restant contre le bois. « Art ? » Sa voix n’est pas haute mais il n’y a pas de réponse. Il s’éloigne alors, se glisse derrière le comptoir pour dénicher les clés de la jeune femme et fermer l’entrée du bar, leur accorder l’intimité nécessaire avant de retourner auprès de la porte. « I won’t ask you to let me in if you don’t want me to, » qu’il commence sans savoir où il veut en venir, le souffle en suspend, les mots s’échappant de ses lèvres avant qu’il n’ait pu les former correctement. Il s’assoit finalement contre le mur à côté de la porte, une jambe tendue devant lui, l’autre repliée. « They’re gone, Art, » qu’il précise avec l’espoir que ça suffise pour calmer ce qui s’est déclaré dans son esprit, avec l’espoir que ce soit tout ce dont elle ait besoin parce qu’il n’est pas certain de pouvoir faire quoique ce soit d’autre — pas certain d’être suffisant pour quoique ce soit d’autre, quand bien même il crève d’envie de défoncer la porte pour l’enlacer, lui affirmer qu’elle n’a pas à avoir peur parce qu’il est là, parce qu’il ne laissera rien se passer, not on his watch, parce qu’elle perturbe son quotidien in a good way. « I went to an art collection the other day and there’s a painting that made me think of you. » Il ne sait pas ce qu’il dit, ni même pourquoi il le lui dit, pourquoi il admet avoir pensé à elle quand il ne le devrait pas (not that way, en tout cas) mais il fait la conversation, pour qu’elle ne pense pas qu’il soit parti alors qu’il ne partira pas, pas tant qu’elle sera dans cet état, pas tant qu’elle ne sera pas chez elle, en sécurité. « I can’t remember the name, tho, nor do I remember the artist. » Et peut-être qu’il a juste pensé à elle parce que c’était une oeuvre d’art et qu’elle semble en être une, Art. Fragile et puissante, exquise et délicate. Peut-être qu’il a pensé à elle parce qu’il a toujours une pensée dirigée vers elle depuis qu’il l’a vue, il y a des mois, au point qu’il la mentionne à la moindre occasion, qu’il fait référence à elle avec sa bande de pote, avec sa soeur. « It was a nice painting. Very delicate but the colors were strong and captivating. » Il en dit trop aussi se tait-il, plus safe même s’il ne sait pas bien pourquoi, ni en quoi, ça l’est.
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marcox #1 // crashing into you Empty
MessageSujet: Re: marcox #1 // crashing into you   marcox #1 // crashing into you EmptyMer 5 Juil - 12:13

Comment ne pas se reposer sur lui, alors qu'il répond toujours présent, parfois même avant qu'elle n'ait à le demander ? Il est rapidement devenu une constante, et peut-être s'y raccroche-t-elle un peu trop car elle a été si fréquemment seule, mais peut-être s'est-il simplement fait une place dans sa vie à une vitesse inouïe car il était supposé, d'une manière ou d'une autre, en faire partie. Elle n'est pas particulièrement fan du destin, Art, pas après qu'il l'ait jetée dans la gueule du loup, sans autre choix que de s'en sortir seule, bec et ongles. Si le destin existe bel et bien, il doit avoir quelque chose contre elle. Seulement, il semble désormais vouloir se rattraper. Et sans doute analyse-t-elle un peu trop la situation, mais c'est plus fort qu'elle, il lui faut une explication, rationnelle ou non. Il lui faut du sens. Il faut que Corey se soit trouvé sur son chemin pour une bonne raison, sinon comment justifier son attachement démesuré, le genre qui l'effraie autant qu'il la fait se sentir plus légère. Elle a toujours le sentiment de ne pas avoir à se cacher, face à Corey, et, bien que ce ne soit qu'une impression, bien qu'elle reste sur ses gardes et n'ait pas l'intention de lui parler de l'ancienne Artémis, elle se trouve plus calme à ses côtés, moins sur ses gardes. Une chose qu'elle a d'abord estimée dangereuse mais, plus le temps passe, plus elle ose penser que tout s'arrange et que faire confiance n'est peut-être pas la pire idée qui soit. Pas qu'elle soit prête à tout déballer à propos d'elle-même et de sa venue, elle ne pense pas en être jamais capable, ou en avoir seulement envie, après tout elle n'a pas tourné la page pour revisiter le sujet. Mais elle ne voit plus des espions de son père en chaque client, des mensonges dans chaque sourire. Elle-même ne distribue plus tant de mensonges sur son passage. Ce soir est donc une déception à plus d'un titre, pour elle qui se sentait finalement presque en sécurité, et qui avait commencé à retrouver une certaine capacité à faire face à autrui. Elle se distrait de cet échec en faisant la conversation, mais le fait d'avoir obligé son interlocuteur à se traîner jusqu'ici en pleine nuit, après une longue journée d'après ce qu'elle comprend, lui laisse un goût amer sur la langue tandis qu'elle s'efforce de paraître naturelle. « Tu m'en vois navrée, loin de moi l'idée de t'insulter de la sorte. » Et elle sourit, un peu malgré elle, beaucoup grâce à lui. Elle n'a pas l'expérience que beaucoup de femmes de son âge doivent avoir, ou qu'une femme qui était, il y a encore quelques mois, à deux doigts de se marier doit avoir, mais elle reconnaît sans trop de mal ce qui gronde dans sa cage thoracique à chaque fois qu'il prend la parole, et croit identifier les raisons qui le poussent, lui aussi, à tenter de la faire sourire. Elle n'oserait pourtant pas l'affirmer, non seulement parce qu'elle a encore trop peur, au fond, de se faire avoir, qu'il se joue d'elle pour une quelconque raison. Et puis, parce que la confirmation serait un crève-cœur, puisqu'elle ne se voit pas l'aimer. Ou plutôt, elle ne croit pas pouvoir s'y hasarder, pour lui comme pour un autre d'ailleurs. Elle sent ses mâchoires se contracter et baisse les yeux sur les verres qu'elle est supposée laver, le bar qu'il faut encore essuyer. Elle en avait presque oublié ce qu'ils faisaient là, et les deux hommes dont elle ne sent plus l'aura menaçante, comme annulée par celle réconfortante de Corey. Elle ne lève la tête que lorsqu'il reprend la parole, et imite au mieux le sourire que cette remarque lui aurait d'ordinaire tirée. Sauf que les vingt-trois heures sont passées depuis quelques temps déjà (elle se retient de regarder sa montre, ou l'horloge qu'elle entend soudain tiquer un peu trop fort sur le mur face à elle), et qu'elle ne trouve pas les mots pour lui répondre, en tout cas rien d'amusant, rien qui ne soit pas d'énièmes excuses pour l'avoir tiré du lit. Et elle sait qu'elle s'excuse trop, craint de finir par l'ennuyer, ou qu'il réalise qu'il ne parvient pas à le convaincre, quoi qu'il dise.
Le silence finit par s'installer, un silence qu'elle perçoit un peu gêné, et ses méninges tournent à plein régime pour trouver quoi dire, quoi faire, mais il choisit ce moment pour faire partir les derniers clients et elle lui est, une énième fois, reconnaissante d'être lui. De ne pas insister, de ne pas se braquer, et de savoir choisir son moment. D'être là, pour s'atteler à cette tâche si simple qu'elle trouve, ce soir, insurmontable. Ce qu'elle n'avait pas prévu, c'est qu'il lui glisse une sorte de mise en garde, qui fait battre son cœur à tout rompre et enclenche une sorte d'alarme sous son crâne, une sirène hurlant danger et qu'elle ne parvient pas à faire taire. Sa réponse face à la peur est le blocage, elle l'a appris avec Rafael, à moins que cela ne soit venu après. Son corps se fige, les murs semblent se refermer sur elle, sa vision se trouble. Elle a beau tenter de rationnaliser les choses – Corey ne laisserait rien lui arriver, elle en est persuadée – son cerveau ne veut rien entendre, les nerfs lâchent, tout s'affole. Lorsqu'il réapparaît, elle a pu recouvrer un semblant de calme à l'idée que les deux hommes sont loin, mais une seconde vague menace de la submerger, elle la sent monter du plus profond de son ventre et s'empresse de prendre la parole avant qu'elle n'atteigne sa gorge. Elle disparait, aussi convaincante que si elle n'avait jamais menti de toute sa vie, mais elle n'a ni le temps ni la force, ou la présence d'esprit, d'inventer quoi que ce soit de plausible et n'a que quelques secondes pour s'enfermer dans les toilettes avant que la vague ne déferle. Nauséeuse, les joues ruisselant de larmes, elle ne sait plus ce qu'elle ressent, et sa propre respiration, trop rapide, l'assourdit. Elle a une brève pensée pour Corey, abandonné en salle, Corey qui ne doit rien comprendre, ou peut-être en comprend-t-il trop et elle ne sait pas ce qui serait le pire. Une pensée pour ce qu'il entend, de ses pleurs et de ses halètements. Puis, tout devient Rafael, et les deux hommes, et la terreur, et elle sentirait presque la douleur de son bras se réveiller. Elle serre son poignet, son avant-bras, tâte son épaule, et rien, rien de cassé. Elle n'est plus là-bas, et les chances qu'elle y remette un jour les pieds sont plutôt en sa faveur. On ne peut pas l'y forcer. Elle sursaute en entendant frapper à la porte, si bas qu'elle aurait pu ne pas le percevoir, mais tout lui semble décuplé. Puis, son prénom, et la panique se mue lentement en surprise, en gêne. Il est toujours là. Une voix lui répond que, bien sûr, il est toujours là, elle ne s'attendait pas à moins de sa part. Elle ne trouve pas quoi lui répondre. Plus, elle n'a pas de voix pour le faire. Le bruit de son cœur emplit à nouveau ses tympans, elle plaque une main contre sa bouche comme pour couvrir le son de sa respiration, ou d'un sanglot, dans l'éventualité où il resterait derrière la porte. Elle croit l'entendre s'éloigner, mais tout est brouillé sous son crâne, et les sons qu'elle émet ne l'aident pas à percevoir ce qui se passe dans le bar. Est-il finalement parti ? Son cœur se serre à l'idée, mais comment lui en vouloir ? Mais il reprend la parole, lui occasionnant un nouveau tressaillement de surprise, et elle l'entend distinctement s'adosser quelque part près de la porte. Elle se concentre sur sa voix, ses mots. Ses beaux mots, auxquels elle voudrait croire. Pourquoi les choisit-il, pourquoi les prononce-t-il ? Il ne fait qu'être gentil, c'est ce qu'il fait de mieux. Il s'arrange pour la calmer, ce ne sont que des mots. N'est-ce pas ? Son cœur s'emballe pourtant, Art, pour une toute nouvelle raison. Elle ne sait pas comment il fait, comme il sait, quoi dire, qu'un musée, qu'une peinture, est le sujet parfait pour lui changer les idées. Dans d'autres circonstances, elle aurait trouvé cela presque suspect, estimé qu'il en savait trop sur elle. Mais, ce soir, là, tout de suite, c'est exactement ce qu'il lui faut, et elle n'a pas la tête à disséquer la situation, les émotions trop embrouillées, le corps entier épuisé par sa crise de larmes. Lorsqu'il semble avoir fini de parler, elle met quelques minutes de plus avant de parvenir à se lever, précautionneusement, et rejoint l'évier afin de constater de l'étendue des dégâts. Ses doigts s'enroulent sur le bord du meuble, la stabilisent sur des jambes encore tremblantes. Elle inspire longuement, face à son reflet qu'elle voit mal comment rendre moins dévasté. Elle commence par passer lentement ses doigts dans ses mèches, les ramenant en arrière afin de former un chignon haut, tirant ses traits de manière à la faire paraître moins épuisée. Elle passe ensuite un filet d'eau sur son visage, ses yeux débarrassés autant que possible d'un maquillage que les larmes ont ruiné. She's fine. Elle passe ensuite de l'eau sur sa nuque, respire profondément, et finit par faire face à la porte. She's fine. Sa main se lève pour tourner le verrou, abaisser la poignée, et son cœur tambourine, redoutant ce qu'elle va trouver. Ce que Corey risque de demander. Elle ne le voit pas en ouvrant la porte, et passe seulement la tête dans l'embrasure. Il est assis juste à côté. Elle hésite, ne sait pas si ses cordes vocales risquent encore de la trahir. Elle met finalement les pieds dans la salle. « Can we just... you know, forget this ever happened ? I'm just, I'm not used to all this... I'm fine. » Elle produit un geste vague, désignant elle ne sait trop quoi. Ce n'est pas tout à fait un mensonge, elle n'est habituée à rien de tout cela, toute cette vie qu'elle expérimente depuis huit mois. Elle est habituée, cela dit, à cette peur, à ces crises, mais il n'a pas besoin de le savoir. « Please forget it. » Elle voudrait pouvoir lui effacer la mémoire, qu'il n'ait aucun souvenir de rien. Elle voudrait ne jamais l'avoir appelé. Au bout de quelques secondes, elle est à nouveau agitée, gênée, et pour éviter de se balancer d'un pied sur l'autre, elle finit par ses diriger vers ce qu'elle a encore à ranger. Elle s'active, comme si rien ne s'était passé. « It was nice. What you said. Thank you », ne peut-elle s'empêcher d'articuler, au bout de quelques minutes de débat intérieur. Parce que, s'il est quelque chose qu'elle ne souhaite pas oublier, c'est cette histoire de peinture. Nice, colourful, delicate, strong. Captivating. Peu importe ce qui a poussé Corey à en parler, et s'il y a le moindre mot de vrai dans cette description. Comparaison. Elle sait qu'il ne faisait que la distraire, mais pourquoi de cette façon précise ?
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marcox #1 // crashing into you Empty
MessageSujet: Re: marcox #1 // crashing into you   marcox #1 // crashing into you EmptyMer 5 Juil - 12:13

Il n’a pas le temps de comprendre, Corey, pas le temps de poser la moindre question, de s’inquiéter, de prendre la parole, d’interroger, ni même de la rejoindre, parce que Art, elle a déjà disparue. Filé là où il ne peut la suivre, là où il ne peut plus lui venir en aide et il a le coeur qui en souffre, Corey, au fond de sa poitrine, à se déchirer de la sorte comme s’il s’agissait d’une trahison — la vérité, c’est qu’il craint que ce soit lui, qu’elle cherche à fuir, même s’il ne sait pas exactement pourquoi elle voudrait le fuir maintenant (qu’a-t-il pu dire, ou faire, pour qu’elle ait un si soudain revirement de comportement à son égard ?). Mais c’est voué à arriver, c’est ce qu’il se répète tandis qu’il prend la direction qu’elle a emprunté un instant plus tôt et qu’il fait face à la porte close sans savoir quelle attitude adopter — voué à arriver parce qu’il lui ment sur tout ou presque, que rien n’est vraiment dû au hasard en ce qui les concerne ; voué à arriver parce que c’est ce qui lui arrive toujours, lui semble-t-il, voir les autres le fuir sans qu’il ne sache jamais si c’est de sa faute, malgré ce qui est dit. La pulpe de ses doigts glisse sur la surface boisée et s’il arrive à prononcer le prénom d’Art, c’est tout ce qu’il parvient à extirper de ses lèvres et de sa gorge nouée. Il n’a jamais été bon pour ça, Corey, les scènes sentimentales, les instants de grande détresse, où l’humour ne peut pas suffire à effacer peine ou terreur, où sa personnalité devient problématique parce que ce n’est pas ce qui est attendu de lui — sauf qu’il ne sait pas ce qui est attendu de lui, exactement, et que si avec la bande, il peut encore avoir quelques mots sarcastiques ou éventuellement tendre les bras, il n’a que trop conscience que ce n’est pas le cas ce soir. Parce que Art, elle n’est pas l’une de ses amies de longue date, elle ne se laisse pas approcher aussi facilement (et puis lui, se sentirait-il vraiment à l’aise à l’idée de l’enlacer ? Ne serait-ce pas enfoncer le couteau un peu plus profondément dans son coeur quand il y semble déjà bien logé ?). Il ne peut qu’attendre, Corey, espérer qu’elle finisse par donner signe de vie, même à travers la porte, même de l’autre côté, que ce soit un soupir, un simple mot. Il en viendrait presque à espérer qu’elle lui demande de partir, conscient qu’il ne le ferait pas, qu’il refuserait peu importe si elle insiste, mais juste un petit quelque chose qui lui permette de savoir qu’elle va (bien ou mal, même s’il se doute déjà de son état). Le bar complètement fermé, il est de retour près des toilettes, s’y installe même, conscient que ça peut sans doute durer un long moment. Et, alors que le silence menace de s’éterniser, de laisser ses moindres doutes venir prendre place dans son crâne, il prend la parole. Ce n’est rien d’intéressant, il n’est même pas certain qu’il y ait un véritable but à ce qu’il dit, il ne sait pas d’où ça lui vient, ni pourquoi ça lui vient, pourquoi il se souvient tout à coup de ce tableau, de ce qu’il a ressenti face à lui, du visage de Art qui s’est imposé alors qu’il l’observait, mais les mots sortent et l’aveu vient appuyer le silence et il se sent idiot, maintenant, avec sa déclaration évaporée dans les airs et le silence pour toute réponse. Il ne sait plus quoi ajouter, et peut-être est-ce mieux, sans doute, en fait, parce qu’il le sait, qu’il a probablement empiré la situation avec son admission ridicule et pointless. Il en revient à attendre, à guetter, les yeux rivés devant lui, sur la salle, les tables, les chaises, la fenêtre qu’il distingue vaguement de sa place, la nuit de plus en plus obscure à l’extérieur malgré les lampadaires pour éclairer la rue. Il voudrait trouver quelque chose à dire, changer de sujet, pourquoi pas redevenir lui-même et alléger la situation avec un trait d’humour mais il n’a rien qui lui vienne et il croit reconnaître le verrou qui tourne. Il lève la tête et ce n’est finalement que lorsque le visage d’Art apparaît dans l’embrasure de la porte qu’il se relève, rapidement, précipitamment, une main contre le mur pour se stabiliser, l’autre contre son corps mais prête à se tendre vers elle, à lui attraper la main, à… A rien. Parce qu’il est coupé dans son élan, dans n’importe quel geste, par les mots, sa voix et, finalement, par le fait qu’elle s’éloigne de lui. Il a le coeur qui se soulève.
Qui retombe.
Qui fait mal.
Et, de nouveau, il est laissé sur place tandis qu’elle retrouve le comptoir, seul, dans la plus grande incompréhension et il y a tout qui fait mal, soudainement, il y a l’envie de refuser, de lui dire que non, il n’oubliera pas, qu’il ne peut pas oublier l’état dans lequel elle était, qu’il ne peut pas oublier son regard comme hanté et que, surtout, il ne pourra jamais oublié la douleur que son air a provoqué en lui. But that wouldn’t be fair, would it? Alors il se tait, c’est tout juste s’il s’éclaircit la gorge avant qu’il ne parvienne à se tourner vers elle, et les remerciements lui parviennent mais ce n’est pas ce qu’il aurait voulu — et, en même temps, à quoi s’est-il attendu ? A ce qu’elle vienne se blottir contre lui pour le remercier d’être resté, le remercier d’avoir pensé à elle, d’être si attaché à elle ? Il lui vient à l’esprit qu’il l’est trop, justement, attaché, et qu’elle ne l’est peut-être pas du tout, et que c’est peut-être ce qui cause sa retenue, cette distance qu’elle semble vouloir conserver et tout semble prendre sens, enfin. Pour lui faire comprendre qu’il est trop là, trop présent, trop proche, à l’apprécier un peu trop. Il y a son coeur qui se tord, se serre, se relâche pour mieux se compresser tandis qu’il n’arrive plus à arracher ses yeux de sa silhouette et il sait que son silence dure trop longtemps, qu’il devrait parler. Il s’éclaircit la gorge pour la seconde fois, détourne finalement le regard. « ’S nothing, really. » Et c’est tout ce qu’il trouve à répondre alors qu’il la devine en train de finir se nettoyer et ranger les verres, tout ce qui lui vient. Encore une poignée de secondes et il se reprend finalement, se rapproche du comptoir d’un pas soudainement moins assuré, les questions toujours plein la tête sans oser les poser — parce qu’elle le lui a demandé et qu’il ne peut pas investir sa vie comme ça, surtout pas si elle ne veut pas de lui. Il reste debout cette fois, pour terminer son verre, avant de décider de l’aider, plus pour s’occuper que pour autre chose, pour essayer d’enfuir les dernières minutes de son esprit alors il attrape une chaise qu’il dépose, retournée, sur une table, et ainsi de suite, mais il continue de revoir le visage de Art, si expressif, si terrible, et s’il ose lui jeter des oeillades de temps à autre, il ne parvient pas à savoir ce qui aurait pu provoquer cette réaction, si elle va réellement bien comme elle s’entête à l’affirmer. Il voudrait lui demander si ça a quelque chose à voir avec le fait qu’elle ait quitté sa famille, ce qu’il s’est passé là-bas, pour qu’elle fuit tous ses proches, toute sa vie et que ça continue de la marquer même maintenant, des milliers de kilomètres plus loin, mais il sait qu’il se trahirait, il sait qu’il ne peut pas lui dire ce qu’il sait d’elle. Il va de table en table, le regard relevé dans sa direction et c’en est finalement trop. « Did… Did I say something wrong? » Ce n’est pas tout à fait ce qu’il aurait voulu demander, mais toutes ses autres questions sont plus proches de l’intime, la forceraient à divulguer ce qu’elle ne veut, visiblement, pas aborder — et, s’il est entièrement honnête, il a aussi besoin d’être rassuré, Corey, de savoir qu’il ne l’a pas blessée d’une quelconque façon, de savoir que ce n’est pas lui qui soit la cause d’une telle réaction parce qu’il n’est pas certain qu’il arriverait à se le pardonner. « If so I’m, I’m really sorry, I… I don’t want to hurt you in any way. » Pas elle. Surtout pas elle.
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marcox #1 // crashing into you Empty
MessageSujet: Re: marcox #1 // crashing into you   marcox #1 // crashing into you EmptyMer 5 Juil - 12:14

Est-ce qu'elle perd les pédales ? En est-elle finalement arrivée là ? Ce serait compréhensible, en un sens. Attendu de longue date, même. Cela ne lui fait pas pour autant moins peur, et elle se sent étouffer. Ou plutôt, elle respire encore, trop fort, mais rien ne semble y faire, comme si l'air parvenait à peine à ses poumons et en était rejeté, sans le moindre égard pour sa survie. La logique lui susurre que ce n'est qu'une crise, encore une, qu'elle sait comment cela finit, et que cela finit bel et bien. Comme un cauchemar, elle se réveille toujours. Mais la logique a filé par la fenêtre depuis de longues minutes déjà, et la voix la plus audible reste la panique, insinuée dans ses veines, et sous son crâne, et faisant palpiter son cœur à une vitesse qu'elle commence à penser dangereuse. Son cœur peut-il lui briser la cage thoracique, est-ce physiquement possible ? L'idée paraît faire redoubler sa peur et elle perd ses moyens, le fil de ses pensées, et le peu de raison encore présente. Puis elle entend Corey, Corey qu'elle a simplement abandonné, sans plus d'explication. Corey qui devrait être chez lui, et probablement endormi depuis un certain temps. Il lui a évité le plus gros du travail, la confrontation avec les deux clients ivres, mais ce n'est pas suffisant. Rien n'est jamais suffisant. Et elle le remercie en lui claquant la porte au nez, comment le prend-t-il ? Y comprend-t-il quelque chose ? Elle espère que non. Ou peut-être cela serait-il mieux, elle ne sait plus, et son esprit saute d'une idée à l'autre sans parvenir aux conclusions adéquates. Plus elle se souvient qu'elle ne peut se permettre de rester enfermée là des heures durant, moins elle parvient à se calmer. Il lui faut rassembler toutes ses forces pour parvenir à réguler son propre corps, ses propres réactions, et se concentrer enfin sur les mots qui lui parviennent depuis l'autre côté de la porte. Des mots qui soulèvent tant de questions qu'ils parviennent à accaparer son attention, et elle n'a tout à la fois pas la force de les analyser autant qu'elle l'aurait d'ordinaire fait. C'est peut-être pour le mieux. Paupières closes, elle tente de visualiser le tableau, n'importe quel tableau, une image douce, belle, quelque chose d'apaisant pour accompagner la voix de Corey. Lorsque le silence revient, il est moins oppressant, l'image mentale qu'elle s'est crée ne la quitte pas, et elle passe encore un moment (elle n'a plus la notion du temps) à y songer, à se concentrer, avant de finalement s'activer. Elle se préparer à affronter les conséquences, des questions auxquelles elle n'aura pas de réponse. Si elle le connait un tant soit peu, il ne se montrera pas intrusif, mais même la personne la plus tolérante doit avoir du mal à accepter ce genre de situation sans broncher. Elle sait qu'elle s'interrogerait, à sa place, ne serait-ce que pour s'assurer que ce n'est rien de trop grave. Une fois consciente qu'elle ne peut rien faire de plus pour son apparence, et que les questions doivent se multiplier à mesure que les minutes passent et s'accumulent, elle se dirige vers la porte. Aussi prête que possible. Pas la moindre bonne réponse au bout de la langue. Elle voudrait lui faire oublier, reprendre leur conversation là où elle s'était interrompue, bien avant l'incident, mais quelque chose lui dit que le ton a définitivement changé et, de toutes manières, elle ne parvient pas à se souvenir de ce dont ils parlaient avant tout cela. Le verrou tourne, la porte s'ouvre, elle n'a plus le choix et les mots quittent ses lèvres, prévenant que le sujet est clos. Peut-être est-ce injuste, après tout il est resté là, elle ne saurait dire combien de temps, il devrait avoir le droit de savoir pourquoi. Mais il ne l'a pas, et cela n'a rien à voir avec lui, personne ne l'a. C'est son combat, à Art, et il n'y a pas de raison de le partager. De le rendre plus présent, ici, après tous ces mois passés à tenter de l'enfouir et de le fuir. Et puis, comment avoue-t-on ce genre de chose ? Devrait-elle commencer par le bras cassé, ou par les fiançailles ? Par son histoire familiale, ou par son départ ? Il n'a pas besoin de tout ce fardeau, d'un passé auquel il ne peut rien changer, et de la voir différemment dans le présent.
Pour esquiver l'inévitable, elle s'empresse de se remettre au travail. Si elle n'a pas souvenir de ce qu'ils se sont dits en dernier, elle sait où elle a laissé son rangement, et elle reprend, mécaniquement. Plus vite elle aura terminé, plus vite elle pourra le libérer de ce rôle de garde du corps nocturne qu'elle n'aurait jamais dû lui faire endosser. Plus vite ils partiront chacun de leur côté et, avec un peu de chance, le sujet ne reviendra plus jamais sur la table. Si seulement ils se revoient ensuite, ce dont elle doute de plus en plus. Elle n'osera pas le rappeler. Et lui... Son cœur se serre à l'idée et elle lui jette un regard furtif, mais elle n'est pas sûre qu'il remette les pieds dans ce bar, si c'est pour se retrouver coincé entre elle et l'une de ses crises.
It's nothing. Of course it is. Elle esquisse un sourire sans joie en le suivant discrètement du regard. Il a inventé n'importe quoi pour la calmer, juste pour parler. Nothing, le mot reste fiché comme une flèche dans sa poitrine bien après qu'elle ait acquiescé d'un air détaché. Elle termine d'essuyer et de ranger les verres au moment où lui termine sa boisson et, voyant qu'il se dirige d'un côté de la salle, elle choisit l'autre. Elle voudrait lui dire de rentrer chez lui, qu'elle peut terminer, qu'elle n'avait besoin d'aide qu'avec les derniers clients, mais les mots ne trouvent pas ses lèvres et elle se contente de déposer les chaises sur les tables, chacune résonnant dans un silence devenu pesant. Silence qu'il finit par briser, et elle le dévisage, dans un premier temps, comme si elle ne l'avait jamais vu de sa vie. Ses lèvres s'entrouvrent pour répondre, mais il la devance et elle secoue la tête tout du long. « Oh, my God, no, no, you didn't do anything. » Elle le rejoint à grandes enjambées, oubliant une demi-seconde ce qu'elle fait, et se retrouvant bien trop près de lui lorsque son cerveau reprend les rennes. L'idée qu'il se pense responsable ne lui avait pas effleuré l'esprit. « C'aurait été pire, sans toi », souffle-t-elle, consciente qu'elle devrait reculer mais incapable d'esquisser le geste. Son regard cherche le sien, voudrait y trouver la preuve qu'il la croit. Elle sait qu'elle n'a pas le choix, il lui faut dire quelque chose, qu'il puisse comprendre, qu'il ne se blâme pas. Tout à la fois, il lui faut quelque chose qui ne soulève pas plus de questions, et elle opte pour la plus simple des explications. « I have, euh... panic attacks, I guess. It's nothing, and you helped more than you know. » Sa main se lève, hésite. Si elle visait d'abord sa joue, elle se ravise, et elle fait finalement ce pas en arrière, tandis que ses doigts se referment sur le bras de Corey. C'est le mieux qu'elle puisse faire, ça et une semi-vérité, le tout lui demandant bien plus d'effort que cela ne le devrait. Elle voudrait pourtant pouvoir en faire plus, et le contact est finalement loin de la gêner, après des mois à l'éviter, mais le blocage reste bien présent, et si elle parvient à soutenir son regard et même à lentement déplacer sa main dans une légère caresse, et se sait toujours aussi susceptible de s'enfuir au moindre geste brusque. « You helped, I swear. And you don't have to do any of this, that's my job. »
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MessageSujet: Re: marcox #1 // crashing into you   marcox #1 // crashing into you EmptyMer 5 Juil - 12:15

C’est confus, dans son esprit, dans son crâne et peut-être même aussi dans son coeur. Tout s’est peut-être enchaîné trop vite, après un trop long silence, un trop long instant sans mouvement, sans activité et tout à coup, la voilà qui apparaît, la voilà qui s’éloigne, la voilà qui fuit et lui, Corey, il ne peut qu’être perdu, ne pas suivre si ce n’est du regard, laissé pour compter, abandonné derrière elle, à la porte des toilettes, à espérer un mot de plus. Mais il n’y a pas de mot supplémentaire, pas même de regard de la part de Art, il n’y a rien. Plus rien. Il hésite, il doute, il craint ; il ne sait pas quoi faire, pas quoi dire, à part rester là, bras ballants, le coeur rendu douloureux, presque émietté, à se répéter la demande de la jeune femme en boucle, son ton, son regard fuyant, son Forget it qu’il ne pourra sans doute jamais oublier, quand bien même le voudrait-il réellement. Il ravale ses émotions, Corey, ravale son sentiment amer qui n’a pas lieu d’être, ravale les questions qu’il n’est pas en droit de poser, qu’elle est, en revanche, en droit de vouloir taire ou ignorer et il s’oblige à se remettre en mouvement, s’oblige à s’occuper les mains, peut-être un peu l’esprit aussi. Il a la voix écaillée quand il reprend la parole, quand il vient briser l’écho des chaises sur les tables, un regard en coin pour Art avant de focus ses yeux sur la chaise qu’il vient d’empoigner pour ne pas avoir l’air trop affecté. Il voudrait paraître plus détendu qu’il ne l’est, pas aussi inquiet à l’idée que tout ça, tout ce qu’il vient de se passer, puisse être de sa faute à lui, qu’elle puisse vouloir le fuir ou pire, sans qu’il n’ait conscience d’avoir dit ou fait quelque chose. Ce ne serait pas la première fois, il semble être doué pour faire fuir les autres, pour les repousser sans le vouloir réellement, et il n’a jamais trop compris ce qu’il se passe, ce qu’il a fait, pourquoi, comment, pas plus qu’il n’a jamais su comment réparé ce qui semble être irrévocable ; et avec Art, plus encore qu’avec n’importe qui d’autre, il refuse que ça arrive, ne souhaite pas l’éloigner ou la sentir s’éloigner et peut-être qu’il est trop protecteur, peut-être que ça a un petit côté malsain ou bien totalement égoïste mais il s’en fiche. Il la veut dans sa vie, n’est pas encore prêt à la voir partir. Ses mains sont toujours sur le dossier boisé de la chaise qu’il ne soulève pas et elle répond, c’est précipité, c’est ce qu’il lui semble et il tourne la tête à temps pour la voir finir se secouer la sienne, à temps pour la voir s’approcher à grands pas et il sait qu’il devrait reculer, Corey, lui laisser l’espace dont elle semble avoir tant besoin, qu’elle semble tant aimer, mais il est égoïste, il a, lui, besoin de la sentir près de lui, alors il ne bronche pas. La distance comblée, il baisse la tête dans sa direction, il a la gorge nouée, pas certain de parvenir à la croire totalement. Qu’en sait-elle, après tout ? Qu’est-ce qui lui dit que sans lui, elle n’aurait tout simplement pas eu de crise ? Qui lui dit que ce n’est pas précisément parce qu’il était là qu’elle a perdu le contrôle, ressenti le besoin de s’enfermer, de s’éloigner ? Il n’est pas convaincu, Corey, le regard las et le sourire pauvre, reconnaissant toutefois de sa volonté de le rassurer mais sans savoir ce qu’il s’est passé, pourquoi ça s’est passé, il ne sait pas quoi penser. Il croise pourtant son regard et il voudrait la croire, sourire pour la rassurer, la remercier à son tour même s’il ne sait pas pourquoi il le ferait (la remercier d’exister, peut-être) ; et il voudrait se perdre dans ses yeux sombres, achever de combler la distance entre eux pour la tenir contre lui ou juste lui prendre la main mais il craint de faire éclater la bulle dans laquelle ils se retrouvent tous les deux, cette bulle dans laquelle il voudrait se perdre à jamais, ne plus la quitter, rester ainsi, juste eux et son coeur à lui qui bat trop fort. Il se force à l’immobilité, pourtant, et d’autant plus quand elle reprend la parole, seuls ses sourcils s’arquant en surprise, parce que rien dans les dossiers sur lesquels il a pu mettre la main ne mentionnait de crise d’angoisse, qu’il n’en a jamais vraiment vu, qu’il n’aurait pas pensé que ce puisse être aussi impressionnant, quand bien même il n’a réellement été témoin de celle-ci non plus. « Didn’t feel like I was helping at all, » qu’il parvient à prononcer d’une voix étranglée, parce qu’il était de l’autre côté de sa barricade, parce qu’elle aurait aussi bien pu se calmer toute seule, parce qu’il a mis du temps à réagir et surtout pas qu’il n’a rien fait. Strictement rien. Du coin de l’oeil, il voit sa main se lever et il espère, Corey, pouvoir sentir ses doigts sur sa peau, le contact qu’elle se refuse tant, il pourrait même fermer les yeux d’avance, pour mieux savourer l’instant ; il se forcerait à ne pas bouger, pour qu’elle soit seule juge du contact, de ce qui les lierait, mais il voit la main s’abaisser et s’il sent les doigts sur poser sur son avant-bras, c’est différent de ce à quoi il se serait attendu — et, de nouveau, il a le coeur qui retombe, lourd, douloureux. Il opine lentement, à peine plus convaincu que quelques instants plus tôt mais il ne tient pas à se battre avec elle, pas dans cet état et certainement pas ce soir (ni, probablement, aucun autre soir). « Well, I’m here, I might as well make myself useful a bit. » Le mirage d’un sourire sur les lèvres, l’envie de ne pas se remettre au boulot pour pouvoir rester dans cette position (avec Art, sa main sur son bras) mais il se détourne le premier, pour lui laisser son espace, conscient que l’instant finirait par se briser alors autant choisir lui-même comment le terminer. Et puis, il n’en a pas encore terminé avec le sujet, pas maintenant qu’elle semble s’être un peu ouverte, qu’elle a elle-même avouer ce dont il s’agissait, mais ça lui semble bien plus aisé d’en discuter s’ils vaquent chacun à une occupation. Il termine, donc, de ranger sa table, se dirige vers la prochaine. « How long have you been havin’ these panic attacks? » Il essaie de garder l’air casual, de ne rien laisser paraître de l’inquiétude qui lui ronge le sang, qui crépite au fond de son estomac férocement — il choisir l’ordre de ses questions pour ne pas la brusquer, ne pas avoir l’air de trop vouloir s’immiscer. Il sait d’avance qu’il n’en demandera pas la cause, trop intime, trop personnel, même si c’est ce qu’il meurt d’envie de découvrir, pour mieux pouvoir la protéger.
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marcox #1 // crashing into you Empty
MessageSujet: Re: marcox #1 // crashing into you   marcox #1 // crashing into you EmptyMer 5 Juil - 12:16

Elle a tout fait foirer. C'est ce qui tourne sous son crâne, alors qu'elle met de la distance entre eux, s'occupe les mains, voudrait pouvoir s'occuper l'esprit aussi. Ce qu'il y avait, quoi que ce soit, entre eux, une complicité, une amitié, est sur la corde raide, et elle ne voit pas comment y remédier. Il l'a vue au plus bas (et encore, il n'a pas tout vu), et elle ne peut même pas lui expliquer ce à quoi il a assisté. Pas vraiment, pas dans les détails, même si elle voudrait, parfois, oser. Elle voudrait partager, se demande si cela la soulagerait, d'un poids ou de la peur. De la honte, si on pouvait la comprendre, lui dire que ce n'était pas de sa faute. Parce qu'elle se le dit, se le répète, mais jamais elle ne se convainc tout à fait. Elle a écouté tous les podcasts, lu les livres, regardé les films et cherché les récits de ces survivors, mais elle ne parvient pas à s'y identifier. A réaliser qu'elle en fait partie, que leur fierté est la sienne, qu'elle a elle aussi droit à cette liberté retrouvée, et que ses réactions sont naturelles, les mêmes que les leurs, des mécanismes qu'elle ne peut qu'essayer d'apprivoiser. Elle a toujours honte, et peur, et mal, elle se sent toujours coupable, pas assez forte ou trop distante, toujours inadaptée, toujours à faire semblant. Elle ne se sent pas méritante, du terme survivor, même si les faits sont là, même si les archives médicales en témoignent, même alors qu'elle s'en est tirée, toute seule et par la seule force de sa volonté. A-t-elle vraiment survécu, si elle y a laissé une part d'elle-même, et la possibilité d'une vie normale ? Si elle doit passer le restant de ses jours à faire profil bas, à surveiller ses arrières, à n'être qu'une ombre ? Elle a tenté d'y remédier, en s'entourant, en faisant ce qu'elle n'avait jamais pu (le piano, les animaux, les associations), mais il y a les jours comme celui-ci. Il y a les crises de larmes, la panique et les flashbacks, il y a les cauchemars et la tétanie, l'incapacité à faire face à certaines situations. Elle n'est jamais tout à fait elle-même, non plus, et les relations, comme celle-ci, sont au mieux temporaires. Jusqu'à ce qu'on la voit, comme ça. Jusqu'à ce qu'on lui en demande trop. Ce n'est pas encore arrivé, mais elle s'y est toujours attendue. Préparée. Cela ne rend pas la chose plus aisée, alors que Corey et elle jouent à échanger des regards avec le dos de l'autre. Elle cherche ses mots, pour le soulager des obligations qu'il croit sans doute avoir. Pour expliquer qu'elle comprend, qu'il n'a pas besoin de rester, de s'infliger ça. Elle cherche mais rien ne vient, parce qu'elle a beau dire, elle ne veut pas le voir partir. Ni maintenant, ni jamais.
C'est à lui, alors, de briser le silence. Et c'est pire qu'elle ne l'imaginait, parce que ce n'est pas elle qu'il blâme. Pour une raison qui lui échappe, il s'imagine responsable. Et elle a beau contredire, elle ne lit pas le soulagement espéré sur ses traits, rien que la même incrédulité. S'il est pourtant quelque chose qu'elle sait, c'est ça, c'est qu'il l'a aidée, et l'aide encore, en étant là, en étant lui. Elle est à présent presque plus préoccupée par la réalisation de ce qu'il a déduit de son comportement que par le maintien d'une façade, et d'une distance, et d'une armure. « You were. You really were. What could you have done wrong, anyway ? You came all the way to help. » Elle lui sourit, mais sent sa poitrine se comprimer lorsqu'il ne le lui rend pas. Elle amorce un geste, pour l'apaiser. Parce que c'est plus facile de consoler un autre que de s'aider soi-même. Parce qu'elle est sincère, il n'a fait qu'aider, depuis qu'il est arrivé, et puis avant, alors qu'elle savait pouvoir compter sur lui à cette heure, là où aucun des autres numéros de son répertoire ne lui inspirait la même confiance, la même réassurance. Elle ne parvient néanmoins pas à exécuter exactement le mouvement prévu – peur d'en faire trop, peur de sa réaction, peur de s'être montrée trop ambitieuse pour ce premier vrai contact – et se rabat sur son bras plutôt que sa joue. Elle sent sa déception, ou peut-être l'imagine-t-elle, la projette-t-elle. Quoi qu'il en soit, elle n'est pas satisfaite, et lui n'est pas convaincu. Elle le voit à son sourire trop mince, à ses épaules affaissées. Elle l'entend dans sa voix, et elle ne retrouve pas la sienne à temps pour répondre. Pas avant qu'il n'ait brisé le contact, celui qu'elle a tant travaillé à instaurer, celui qui ne la gênait même pas, celui auquel elle aurait pu s'habituer. Son cœur fait un piqué dans sa cage thoracique et elle détourne les yeux dans l'espoir de ne pas dévoiler qu'il l'a blessée, cette fois. Elle reste plantée à quelques pas, hébétée, alors qu'il se saisit d'une nouvelle chaise à ranger. Sans doute n'avait-elle pas le droit d'espérer autre chose, après la scène qu'elle vient de faire, et son habituel refus du moindre contact qu'elle n'initierait pas elle-même (ce qu'elle ne fait jamais). « Thanks », finit-elle par glisser, une fois sa confiance en sa propre voix restaurée, et elle retourne aux derniers rangements. Elle est presque au bout de sa moitié du bar lorsque la voix de Corey retentit à nouveau, alors qu'elle ne l'espérait plus. Pas que ce qu'il lui demande lui plaise, mais il lui adresse encore la parole. « A few years ? I was always the anxious kind, though. » Ce qui n'explique finalement rien, mais elle ressent le besoin de justifier l'apparition soudaine, il y a trois, quatre ans, de ces crises. Peut-être aurait-elle dû mentir, prétendre que ç'avait toujours été comme ça, mais elle ne veut pas avoir à mentir sur toute la ligne, du moins pas à Corey. Elle peut ainsi éviter de s'y perdre dans ses mensonges, et rester cohérente auprès de quelqu'un à qui elle parle si souvent. C'est en tout cas comme ça qu'elle se l'explique, et pas simplement parce que c'est lui.
Lorsqu'ils en ont fini, elle fait un dernier tour des lieux, vérifie que la porte de derrière est bien verrouillée, et, après avoir récupéré ses affaires, revient à Corey. Qui attend, toujours. Malgré tout. « Are you going home ? », interroge-t-elle avant d'avoir pu réfléchir aux implications de sa question. Veut-elle qu'il la ramène ? Pas s'il s'y sent obligé. Pas s'il a d'autres questions. Veut-elle qu'il parte seul ? Pas si c'est pour ne pas revenir.
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MessageSujet: Re: marcox #1 // crashing into you   marcox #1 // crashing into you EmptyMer 5 Juil - 12:17

Il n’ose pas, Corey. Ni partir, ni rester, incapable de savoir ce qui est le mieux. Pas le mieux pour lui — il n’a pas une seule pensée pour ses propres sentiments, pour son état, ses pensées trop confuses dans lesquelles il ne parvient pas à remettre un semblant d’ordre — mais pour elle. Art. Il voudrait pouvoir deviner si elle veut qu’il quitte les lieux, la laisse seule, ou si elle se fiche bien qu’il soit encore là. La vérité, c’est qu’il ne veut que rester, lui, égoïstement sans doute, parce qu’il est encore en mesure de peser son inquiétude en la voyant fuir, se dissimuler à lui et il n’est pas certain qu’il aurait confiance pour la laisser totalement seule, pas certain de ce qui pourrait arriver s’il n’est pas là pour veiller à ce qu’elle aille bien. Ça n’a rien de sain, ni même de bon, mais il refuse l’idée qu’elle puisse craquer de nouveau s’il part et il préfère encore être là pour s’assurer que ce ne soit pas le cas, quand bien même est-il sans doute la raison de whatever happened just now. Parce qu’il est égoïste comme ça, Corey, à ne penser qu’à lui sous prétexte de vouloir protéger et défendre les autres, parce qu’il tient à elle, il le sait, mais qu’il craint aussi que s’il part là, maintenant, elle ne veuille plus jamais le revoir — alors c’est sa façon de retarder l’échéance, de repousser ce qu’il devine être leurs derniers instants avant qu’elle ne le fuit totalement, avant qu’elle ne cesse totalement de l’appeler comme ce soir. Et puis la crainte devient trop, trop présente, trop étouffante, trop proche de ce qui pourrait arriver, de ce qui est sans doute arrivé alors la question s’échappe. Voix étranglée, air désaffecté mais le coeur est lourd, le sourire est inexistant quand la peur, elle, semble avoir pris possession de chaque fibre de son corps, de son coeur, même. It’s him, it always is, sans même qu’il ne sache ce qu’il a fait, ou dit, ou pas fait, ou pas dit. Mais c’est toujours lui, lui depuis trop longtemps, lui dans toutes les situations alors comment ce pourrait ne pas être le cas encore ce soir, avec Art. Il ne parvient pas à la croire quand elle veut le rassurer, ne parvient pas à garder ses yeux sur elle tandis qu’elle lui affirme qu’il a fait tout le contraire parce qu’il a conscience, trop sans doute, qu’il n’a rien fait. Juste balancé quelques mots sans aucun sens, des mots qui lui sont venus, sa façon à lui de vouloir être là sans l’avoir été complètement, sa façon à lui de lui souffler combien elle lui est devenue importante, à envahir ses pensées parfois, souvent, tout le temps. Sa façon à lui de vouloir transmettre les émotions qu’il s’interdit pourtant de ressentir alors il détourne les mots. Il accepte finalement de la regarder, ses doigts sur son bras, l’envie de rompre la distance restante, de lui dire qu’elle peut tout lui raconter, de lui demander pourquoi, comment, que tait-elle, que cache-t-elle et pourquoi est-ce que son père la cherche tant. « Don’t know, it just… I. I don’t know, sometimes you know, you wanna help but it isn’t enough or you end up doing the wrong thing without even knowing it. » C’est une angoisse constante, pour lui, peut-être même sa plus grande. Parce qu’il ne sait pas toujours comment agir, répondre ; parce qu’il est loin d’être doué avec les émotions, les comprendre, les appréhender, les gérer. Il s’attarde, le regard sur elle, comme désireux de lui partager tout ce qu’il retient captif, tous les secrets qu’il n’ose pas lui dévoiler et moins encore ce soir, toutes les questions qu’il voudrait lui poser. Et la conscience du contact lui revient et il choisit de s’en arracher le premier, avant qu’elle ne le fasse, avant qu’elle ne retrouve son armure, ses gestes si méticuleusement calculés, cette retenue dans tout ce qui pourrait devenir plus intime (lui semble-t-il à lui, en tout cas) parce que s’il encaisse toujours, s’il accepte toujours, il n’est pas certain de pouvoir la voir s’éloigner de nouveau, retrouver cette impression qu’elle se protège de lui sans qu’il ne comprenne. Pas ce soir. Il lui tourne le dos, ne remarque rien de la douleur dans ses yeux à elle, déjà occupé à reprendre son activité de rangement, les émotions logées dans la gorge. Il ne réagit pas davantage quand elle le remercie, retient un énième haussement d’épaules parce que ce n’est pas rien ; ni l’appel, ni sa présence et moins encore son entêtement à vouloir rester, à vouloir l’aider. Il ose finalement un regard dans sa direction, à Art, voudrait pouvoir déterminer si elle lui ment ou si elle continue de choisir ses réponses mais il n’en a aucune idée, juste ce pressentiment que ce n’est pas tout, que c’est loin d’être aussi banal qu’elle n’en donne l’air et Corey, il ne peut que se promettre de se renseigner sur les crises d’angoisse, leurs causes, leurs symptômes, leurs conséquences et surtout, comment les gérer. La tête secouée lentement mais la réponse loin d’être satisfaisante, loin de lui suffire. Il voudrait lui demander comment elles sont apparues, par quoi ont-elles été causées, mais il sait que ce serait sûrement trop frontal, que ça pourrait briser ces instants de vérité ou semi-vérité. Et il n’y a plus de chaises à ranger, pas de balai à passer alors il patiente, en appui contre une table, ses maigres affaires sur le dos, que Art ait terminé. Il joue, machinalement, à faire tourner son téléphone entre ses doigts, prêt à le faire tomber mais il ne le lâche pas, jamais, et quand il la voit revenir, affaires en main, il se redresse. « I don’t need to go home right away. Let me walk you home. » Il voudrait lui demander si ça lui convient, si elle veut bien, mais il a peur qu’elle refuse, qu’elle secoue la tête et qu’elle parte en courant ; il voudrait lui préciser que s’il le lui propose, c’est pour s’assurer qu’elle rentre bien chez elle, qu’elle soit en sécurité, qu’il veut juste s’assurer que rien ne lui arrive et qu’elle n’ait pas à subir une autre panic attack sur le chemin mais il ne rajoute rien. La porte du bar refermée derrière eux, la nuit pour les envelopper, ils se mettent en marche et il lutte, Corey, contre tout ce qu’il voudrait demander. Le reste de l’interrogatoire au sujet de ce qu’il s’est passé, de ce qu’elle voudrait ignorer, loin d’être achevé, pour lui. « Hey listen, I - I know you don’t want to talk about it and I respect that, I do. I just also want you to know that - if - if you ever want to talk about it, what happened back there you know, I’m here, okay? You don’t have to feel like you need to hide it. That seems pretty rough and exhausting. » La voix mal assurée et le regard rivé sur la rue devant eux, l’envie de tourner la tête, de lui répéter les mots en la regardant elle, dans les yeux, sans y avoir ni la force, ni le courage.
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MessageSujet: Re: marcox #1 // crashing into you   marcox #1 // crashing into you EmptyMer 5 Juil - 12:17

Elle se souvient de son père, de sa façon d'insinuer qu'elle le faisait exprès, se blessait elle-même, pour discréditer Rafael, pour prendre la place qu'elle avait toujours convoitée à la tête de la compagnie. Qu'elle serait prête à se faire autant de mal, physiquement, pour obtenir ce qu'elle voulait. Elle se souvient des premières crises, du cinéma selon lui, pour l'attention. Une raison supplémentaire de ne pas en parler, jamais, d'en avoir honte, de se torturer l'esprit à se demander si elle n'était pas trop faible, ou trop attention-seeker. Si son esprit ne la trahissait pas, à plus d'un niveau. Si elle ne perdait pas simplement les pédales, toute notion de réalité. Et si elle sait, depuis qu'elle est partie, que rien n'était dans sa tête, et qu'elle en fait toujours les frais, elle n'est toujours pas parvenue à se débarrasser du sentiment d'imposture. Son père est là, à chaque effort, à chaque pas, dans un coin de son crâne, déçu, moqueur, incrédule, en colère. Les mots lui reviennent comme si c'était hier, clear as day. Alors, même face à Corey, les mots ne lui viennent pas, l'aveu est difficile, le cœur s'emballe et c'est la peur qui domine, dans l'expectative, la peur d'une réaction qui confirmerait ce qu'elle s'imagine, qu'il n'y croit pas, qu'il la pense hystérique. Rien ne vient. Aucun rire, aucun scepticisme, rien qu'une surprise compréhensible. Et des questions, qu'elle espérait, elle ne sait trop comment, éviter. Elle n'a jamais eu à rendre de comptes à Corey, mais les choses sont différentes ce soir, et peu importe à quel point elle aimerait pouvoir dire quelque chose, n'importe quoi, qui puisse le satisfaire, elle n'a rien. Pas d'explication, du moins aucune qu'elle ne soit prête à divulguer, pas maintenant, et puis probablement jamais. Aucun beau mensonge qu'elle ne risque pas de regretter, parce qu'elle ne veut pas baser leur relation sur du bidon, des histoires, dans l'éventualité où ce ne serait pas qu'une banale amitié avec un habitué qu'elle perdrait en changeant de boulot. Et puis, elle aime que quelqu'un la connaisse, un peu. Pas l'important, pas même son patronyme, mais qu'il la connaisse autrement qu'à travers des bobards plus gros qu'elle. Son véritable caractère, des réactions qu'elle n'étudie pas au détail près, des conversations auxquelles elle ne coupe pas court, même s'il lui faut parfois les réorienter. N'est-ce pas finalement l'important ? Elle n'hésiterait pas à lui parler d'évènements sans envergure, de souvenirs d'enfance, d'une passion pour un sport ou un art, de grandes étapes personnelles, du moment que cela ne touche pas à qui elle a été, qui elle refuse d'être. Elle n'hésiterait à l'appeler, un soir comme celui-ci, que par peur de le déranger, et non parce qu'elle douterait de lui, ou de sa venue.
C'est ce qu'elle voudrait lui communiquer, à travers son geste.
C'est ce qu'elle s'efforce de faire passer.
C'est ce qu'il ne peut pas comprendre.
Les détails, sans le tableau complet, ne peuvent que lui échapper. Il ne peut que s'imaginer qu'elle ne lui fait pas suffisamment confiance. Et peut-être que c'est ça, parce qu'elle ne peut pas, parce que si elle lui faisait à cent pourcents confiance elle lui dirait probablement tout. Mais elle n'a même pas pleinement confiance en elle-même. Ce qu'elle cache, elle ne voit pas comment arrêter de le cacher, même si elle est désormais en sécurité, même si personne ne peut la forcer à y retourner, même si les mois passent et que le confort s'installe et qu'elle se laisse s'y habituer. « You didn't do anything wrong. » Tout ce qu'elle a à ajouter, et ce n'est jamais assez. Le contact se perd et elle ignore la piqûre de rejet, la même qu'il ressent peut-être à chaque fois qu'elle se détourne, sursaute, recule. Elle se contente de terminer le rangement en silence, toujours pesant, toujours plein de non-dits qu'elle s'en veut de laisser planer. Peut-être devrait-il lui dire de partir, même si c'est loin d'être ce qu'elle souhaite. Le débarrasser du poids, de l'attente, de responsabilités qui ne sont pas les siennes. Plusieurs fois, son regard divague vers lui, ses lèvres s'entrouvrent, mais les mots refusent de se former. Quelque chose les retient, la retient. Un égoïsme pour lequel elle se fustige, une réticence qu'elle voudrait expliquer par le fait qu'elle l'a assez rejeté, assez perturbé pour la soirée, mais qu'elle sait bien plus profonde. Bien moins altruiste. Elle apprécie juste trop de l'avoir, là, même dans ces conditions. De pouvoir lever les yeux et l'apercevoir. De pouvoir sentir, même lorsqu'il n'est pas dans son champ de vision, sa présence tranquille (du moins d'ordinaire). Même maintenant, elle se sent en sécurité, et elle ne veut pas y renoncer. C'est peut-être ce qui la pousse à demander s'il rentre, une fois tout le travail terminé. L'air de rien, elle l'invite à ne pas le faire. Et elle abuse, elle le sait, ce n'est bon pour aucun d'entre eux, mais il accepte et ce n'est pas rien, n'est-ce pas ? Il ne fuit pas à la moindre occasion, et peut-être est-ce inquiétant, peut-être a-t-il encore trop de questions avec lesquelles elle vient de se condamner à faire le trajet du retour, mais peut-être a-t-il seulement aussi peu envie qu'elle que les chemins se séparent là cette nuit. Elle ne répond pas, remonte simplement son sac sur son épaule et hoche la tête.
La porte fermée et le volet baissé, elle détache son vélo du râtelier sur le trottoir et dépose son sac dans le panier avant. Ses doigts s'enroulent autour du guidon, et elle emboîte le pas à Corey dans la direction qu'il connaît mieux qu'aucune autre de ses connaissance chicagoanes. Elle positionne d'ordinaire le vélo entre eux, sans même y réfléchir, une autre façon de se protéger, mais elle y pense, cette fois, et le place de l'autre côté, le bruit des pédales et de la chaînes tournant dans le vide rythmant leurs pas. Le bras de Corey se balance si près qu'il lui suffirait de lâcher le guidon d'une main pour le frôler. Elle ne le fait pas. Elle continue de fixer la nuit, droit devant, même lorsqu'il prend la parole, même alors que les mots lui enserrent la poitrine. Les réponses lui échappent, mais puisqu'elle ne peut le laisser dans le vide une énième fois, elle lui jette un coup d'œil. Le fait qu'il ne la regarde pas à quelque chose de rassurant. Moins intime. « Thank you. I know it looks bad, it's just... I just don't like to talk about it. I don't think there's much to say. » Son regard est revenu à lui, comme aimanté. « I'm fine now. » Alors qu'elle tente, à nouveau, de le convaincre que tout va pour le mieux, elle réalise que cela peut signifier bien plus ; that she wasn't a few months ago. Ce qui ne serait pas faux, mais ce n'est certainement pas un sujet pour ce soir. Ni même tout autre soir. « I know you don't believe me, but, by coming here tonight, you did more than enough. I was scared and you came, and I'm fine now. » Elle se répète, dans l'espoir de rattraper le coup. Dans l'espoir qu'il le comprenne, aussi, enfin. Qu'elle va bien, grâce à lui. Qu'il a fait tout ce qu'il fallait, tout ce qu'il pouvait. Elle laisse le silence revenir, brièvement, mais elle a retrouvé la parole et ne s'arrête plus: « I'm sorry I had to leave with no explanation. I understand it must have looked weird, and I'm glad you stayed, so I can tell you it had nothing to do with you. It was a rough day, with bad customers. And what you saw was all of it just piling up and being too much, you know ? » Elle le regarde vraiment, cette fois. Ses yeux cherchent les siens, voudraient leur communiquer ce que ses lèvres gardent scellé. Elle n'ose pas laisser son bras quitter le vélo, risquer un second rejet.
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MessageSujet: Re: marcox #1 // crashing into you   marcox #1 // crashing into you EmptyMer 5 Juil - 12:18

Il la sent rassurante, Art, comme un échange de rôle qu’ils ont endossé presque instinctivement jusqu’à présent ; mais les mots qu’elle prononce ne lui suffisent pas, à Corey. Il a besoin de plus que des mots, lui, pour réussir à croire autre chose que ce que ses yeux lui ont dévoilé — et là, il a bien du mal à imaginer que la crise ait put être liée à autre chose qu’à lui et sans doute est-il trop narcissique, trop tourné vers lui-même pour accepter ses explications, son assurance. Alors il n’ajoute rien, Corey, se contente d’un sourire pauvre, d’un sourire peu convaincu, un sourire qui n’atteint ni complètement ses traits, ni ses yeux qu’il détourne rapidement. Aucune conscience de la froideur qu’il doit donner l’impression d’afficher, trop focalisé sur la douleur intérieure, l’impression de ne pas être assez parce qu’il ne l’a jamais été, assez (ni pour aider Lauren à l’adolescence, ni pour tenir au commissariat, ni pour garder Aubrey) alors pourquoi, comment, pourrait-il soudainement l’être pour Art ? Il sait toutefois qu’insister ne pourrait que la faire fuir, définitivement peut-être, alors il retient ses questions et son besoin d’être rassuré, les enfoui plutôt jusqu’à les faire taire et peut-être même parviendra-t-il à les oublier. Il ne s’intéresse qu’à sa tâche, ranger, aider et, finalement, attendre qu’elle en fasse de même, le silence pesant, devenu étrange (comme ne l’ont jamais été les silences entre eux jusqu’ici et il ne peut que se blâmer pour ce changement d’ambiance, Corey). Et s’il est vraiment à l’origine des angoisses, peut-être devrait-il partir, pour elle, mais il n’en est pas capable ; pas tout de suite, du moins et peut-être même jamais. La peur que s’il le fait, elle ne soit pas là le lendemain, que ce soit la dernière fois qu’ils se voient et qu’il l’ait conduite si loin de lui quand il ne désire que l’inverse. Il s’invite donc à la raccompagner, s’impose injustement, et elle ne dit rien, Art et, lorsqu’il s’autorise à lui lancer un coup d’oeil, il ne sait pas ce qu’elle pense. Et c’est peut-être le problème, réalise-t-il. Il ne sait jamais ce qu’elle pense, les traits pourtant expressifs mais si habile pour dissimuler ce qu’elle ne veut pas qu’il découvre et il se retrouve, lui, le si bon investigateur, à ne pas savoir la lire, ne pas savoir comment agir et ça le perturbe, Corey, ça le dérange, même. Comment peut-il faire son job si elle se montre si difficile à déchiffrer ? Comment peut-il l’aider si elle ne le laisse pas dans sa bulle de confiance ?
Il lui tient la porte ouverte et attend, tranquillement, qu’elle la referme derrière eux. Il note, Corey, sans le vouloir (il sait qu’il ne devrait pas noter ce genre de détail) que le vélo ne trouve pas sa place entre eux et il ne sait pas quoi en penser — encore une fois. S’il a le coeur qui manque un battement à la savoir si proche une nouvelle fois, il ne peut que se demander si c’est conscient, si ce n’est pas plutôt un geste anodin, ou sa façon de se faire pardonner il ne sait pas quoi (parce qu’elle n’a rien à se faire pardonner, Art). Il ne fait qu’y penser, Corey, à ce vélo et il se demande s’il ne préfère pas quand il est entre eux, quand il lui permet de rester focus sur le chemin, de ne pas être rongé par l’envie de se rapprocher encore davantage, l’espoir de la voir lâcher le guidon et enrouler son bras libre autour du sien et les pensées se font plus nombreuses, les scénario de tout ce qui pourrait se produire qui ressemblerait, de près ou de loin, à un rapprochement quelconque. Et il a le coeur qui souffre de toutes les images qu’il invente dans son esprit, ce défilé de possibilités qu’il voudrait pouvoir oublier ou ignorer sans être autant affecté. Et puis il prend la parole, porté par ses pensées dans lesquelles il remet un semblant d’ordre, le regard fixé droit devant parce qu’il sait qu’il se perdrait s’il tournait la tête, qu’il n’arriverait plus à retenir le moindre geste dans sa direction ou les mots qui, de plus en plus, se forment dans son esprit quand il la voit mais qu’il ne doit pas prononcer. Les yeux fixés sur un point à l’horizon, même quand elle tourne la tête dans sa direction, même lorsqu’il sent son regard à elle rivé sur lui. Il a le doute dans la gorge, la déception qu’elle ne soit pas plus, il ne sait pas exactement quoi, sincère, ouverte ? Naïvement, il s’était attendu à ce que ses mots d’une banalité affligeante la poussent à se confier à lui et la réalité le percute à présent, laisse un goût sordide alors qu’elle affirme qu’elle va bien à présent. Il pourrait rire, d’un rire sec et moqueur et blessé. Lui demander ce que ça signifie, exactement, réclamer des réponses qui ne viendraient pas, des réponses qui ne le regardent même pas. Il ne rit pas. Il ne laisse même pas le moindre son quitter ses lèvres, résonner dans la nuit sombre ; pas plus qu’il ne tourne la tête vers elle, obstiné à ne pas céder, ne pas craquer parce qu’il le sait, Corey, qu’il voudrait alors la prendre par les épaules et lui demander de ne pas lui mentir (mais ne serait-ce pas un peu hypocrite de sa part ? De quel droit pourrait-il lui demander ça quand il est celui qui lui ment depuis le début ?), qu’il voudrait lui dire qu’elle peut lui faire confiance parce que ce qu’il veut, tout ce qu’il veut, c’est la protéger et l’aider et qu’il n’a jamais ressenti ça, avant — une telle affection, comme la certitude d’une connexion qui voudrait se faire entre eux mais que tour à tour, ils interdisent. Elle continue, Art, et il ferme les yeux une seconde tout en avançant. La journée difficile, les clients, la peur. Les explications qu’il a attendu et qui viennent finalement (une partie d’entre elles, en tout cas). It makes sense et il le sait, il en a conscience, mais ça n’enlève rien à ce qu’il ressent, à sa crainte que ce ne soit qu’une partie de la vérité. Juste des mots pour le rassurer ou l’empêcher de trop poser de questions et puis, même si c’est vrai, même si c’est à l’origine de la crise de ce soir, comment celles-ci ont-elles débuté, qu’est-ce qui a déclenché la première ? Elle attend une réponse, il le sait. A conscience que son silence est trop prolongé, son attitude un peu trop gamine. Il ralentit le pas, s’arrête finalement et tourne la tête vers Art. Toutes les émotions sont là, comme il s’y est attendu, prêtes à exploser si seulement il les laissait. Say something, s’insurge-t-il silencieusement contre lui-même, conscient qu’il ne peut pas terminer la soirée sur une telle note, qu’il s’en voudrait, que ça créerait un gouffre qu’il refuse de voir naître en eux. Say something, se fustige-t-il à mesure que les regards s’affrontent mais que les mots lui manquent. Ou ne sont pas les bons — toujours ces mêmes mots qui reviennent le hanter, danser au fond de son estomac, ces mêmes mots qu’il n’a pas le droit de dévoiler, de lui sortir comme ça, pas ici, ni ce soir (et sûrement jamais). « I know, » qu’il parvient finalement à articuler, la voix pourtant étranglée. He just wishes he could have done more. « And I’m here. Always. » C’est tout ce qu’il parvient à rajouter, le reste lui semblant soudainement si superflu. Pas assez fort ou profond ou évocateur. Il lève un bras, l’envie de lui serrer les doigts sur le guidon, ou de lui ramener une mèche de cheveux, à la place, il désigne l’immeuble à côté. « We’re here. » Ses mains trouvent la chaleur de ses poches, il recule d’un pas. La regarde pénétrer dans le bâtiment, l’envie de l’appeler pour la retenir, ne serait-ce que quelques secondes supplémentaires mais il n’en fait rien, attend de voir les lumières des étages s’allumer puis s’éteindre avant de faire demi-tour.

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