romálon #10 // my heart is stuck on you

✩ ✩ ✩ ✩ ✩you got a run on me and i couldn't see what's in front of me, and i never thought that this could be forever love (c) brothers + company (forever love)

Un bruit dans le lointain la tire brièvement de ses songes mais il lui faut deux minutes supplémentaires pour s'apercevoir qu'elle s'est endormie malgré sa volonté de rester éveillée. Du couloir lui proviennent les pas qu'elle devine être ceux de Román et une main émerge de la couverture pour aller chercher son téléphone, vérifier l'heure. Plus tard qu'elle ne l'aurait pensé. Elle fronce les sourcils, ne referme les yeux que lorsqu'elle entend Rom se glisser dans la chambre. Elle inspire, le devine qui essaie de se faire discret, sourit à cette attention avant de le sentir se glisser à ses côtés. « You're home late, » qu'elle laisse tomber à demi-endormie, déjà prête à se replonger dans ses rêves. Elle tourne sur elle-même, tire le bras jusqu'à pouvoir caresser celui de Román du bout des doigts. « Was starting to think you'd go sleep at your place. » Et s'il aurait pu, l'idée la dérange — déjà trop habituée à passer chacune de leurs nuits ensemble, chez l'un ou l'autre en fonction de qui termine plus tôt, de quel appartement est le plus proche. Déjà trop habituée à pouvoir se pelotonner contre lui quand les températures baissent ou sa simple présence pour s'apaiser.

Le casque de moto sous le bras, il gravit les marches avec autant de légèreté que possible, le bruit de chaque pas paraissant raisonner exagérément contre les murs de l'immeuble endormi. La clé trouvée au fond de sa poche, il l'insère dans la serrure et, là encore, s'efforce d'être silencieux, serrant le porte-clés pour empêcher les objets de s'entrechoquer et ôtant ses chaussures dans l'entrée. La veste glisse des épaules, trouve un porte-manteau, il verrouille la porte et y laisse la clé. Puisqu'aucun son ne lui parvient depuis la chambre, il estime sa mission réussie et rejoint la salle de bains pour se changer. Le détour de trop, peut-être, car une fois sa brosse à dents rangée et les draps rejoints, la voix d'Avalon s'élève à ses côtés. « I know, sorry. Did I wake you ? » La question est superflue, il perçoit sans mal le sommeil dans sa voix. Il s'attend à ce qu'elle replonge aussi vite en léthargie, ose à peine se retourner dans une froissement de tissu pour lui faire face dans la pénombre, mais elle bouge également, un bras vient trouver le sien, et sa voix à nouveau dans l'air. « Nah, it wouldn't feel right. » Un aveu dont il n'avait peut-être pas tout à fait réalisé la véracité avant ce soir, le refus de rentrer chez lui malgré l'heure, ou de simplement se laisser somnoler sur le canapé du bureau, suffisant à le clarifier. Ses yeux acclimatés à l'obscurité, il discerne mieux la silhouette d'Ava, dont il se rapproche, un bras allant l'enlacer. « Someone showed up late and unexpected, couldn't get away », il explique, la voix basse, presque pour lui-même, craignant de la réveiller pour de bon.

Elle n'est pas complètement tirée du sommeil, Ava. Les brumes de la nuit encerclent toujours son cerveau, la rendent plus lente à répondre, à comprendre ce que lui répond Román, aussi. « Nah, don't worry. » Trop épuisée pour entrer dans le détail qu'elle se serait sans doute réveillée même sans le bruit de la porte d'entrée, ne serait-ce que pour se retourner ou pour vérifier s'il était toujours absent, un peu inquiète de son absence à ses côtés. Elle inspire, les yeux toujours clos, son corps cherchant celui de Rom par de petits gestes, sa présence pas complètement suffisante — régulièrement réveillée pour le toucher, ne jamais trop s'éloigner de lui. Elle glousse légèrement, avec un temps de retard sans le ressentir comme tel, jusqu'à sentir sa main qui rejoint son dos et elle s'arque. « Cold hand, cold hand, » qu'elle fait remarquer sans pour autant se détacher de l'étreinte, un pied allant plutôt se glisser entre les chevilles de Rom. « Hope that someone's rich so it's worth it. » Ses doigts remontent légèrement jusqu'à l'épaule, l'indexe qui caresser son menton, la barbe naissante qui lui gratte la peau, une sensation qu'elle s'est mise à apprécier. « I'll open the office tomorrow so you can sleep a bit. » Plus une information qu'une question.

Mort de fatigue, Román, il se serait bien passé de l'heure supplémentaire en compagnie de son nouveau client. Mais il ne se plaint pas, en tout cas plus maintenant qu'il a retrouvé le confort du lit et le côté d'Ava. Ses journées à jouer (façon de parler) au cluedo ne lui déplaisent pas mais, depuis quelques temps, il s'efforce de s'imposer des limites, et de remettre un cadre, plutôt que d'accepter qu'on le matraque de questions et de rendez-vous divers, et d'accepter tout et tout le monde à toute heure du jour ou de la nuit, oubliant qu'il a lui-même une vie. Ce soir, il s'est laissé avoir par l'homme à la dégaine de colonel moutarde qui s'est pointé un peu tard devant le bureau, pour une fois — les habitudes ont la vie dure. « What, were you worried ? » Il se moque un peu mais, Rom, il aurait probablement été le premier à s'inquiéter si les rôles avaient été échangés. Son bras trouve les côtes d'Avalon et une rire le secoue brièvement à sa remarque. « Why do you think I put it on you ? » Et il en profite pour se repositionner contre l'oreiller alors qu'elle se rapproche également, tout en expliquant ce qui l'a mis en retard. A nouveau, un bref rire. « Yeah, he seemed to be doing pretty well for himself. » Les gestes d'Ava ont pour effet de le bercer et, même s'il continue de parler, et de l'écouter, il ferme les yeux. Les mots suivants n'appellent pas de réponse et il sourit, étouffe un bâillement. « Yeah, we'll see about that. » Elle n'a pas tout à fait tort, pourtant, et sans doute ne pourra-t-il même pas faire semblant de vouloir l'en empêcher le matin venu, il est vraiment mort.

Etourdie par l'heure, l'obscurité, elle se trouve néanmoins rassurée maintenant que Román est revenu, sain, sauf et semble-t-il, en un seul morceau (c'est ce qu'elle assume, en tout cas, ses yeux refusant de faire plus que papillonner tant la fatigue alourdit ses paupières). Un sourire étire pourtant ses lèvres dans le noir et elle compte sur ce dernier pour que son petit ami n'en voit rien. « Nah, knew you'd be okay and at the office in the morning. » La fierté pour l'empêcher d'admettre qu'il a pourtant raison, ne serait-ce qu'un peu — elle n'a pas eu le temps d'envisager plus d'un scénario catastrophe mais sait qu'elle n'aurait pas été en mesure de dormir correctement tant qu'il n'aurait pas été là, dans son coin du lit. « Hope the couch appreciate your cold hands more than I do. » Elle ne le relâche pas, en complète opposition à ses paroles, le retiendrait presque s'il faisait mine de l'écouter. Elle ne répond pas à propos du client, voudrait acquiescer mais ignore si elle fait vraiment le geste ou l'imagine juste. Ses vas-et-viens sur sa peau se font plus lents, la fatigue reprenant petit à petit possession de ses membres, muscles. « You'll see I'm always right. » Ses doigt courent encore un petit instant sur la peau de Román. « 'Night, » parvient-elle à marmonner, une partie de son cerveau de retour auprès de Morphée, l'autre partie déjà occupée à trouver des arguments pour le forcer à rester au lit le lendemain matin.

Un (énième) sourire étire ses lèvres et il secoue légèrement la tête, pourrait lever les yeux au ciel mais le geste serait perdu dans la pénombre où les expressions ne se distinguent pas tout à fait, les sourire s'entendant seulement dans leurs voix. « Mmmh, yeah, okay. » L'heure et le sommeil l'empêchent de jouer à la contredire ou tenter de lui faire admettre la vérité, et il préfère remettre cette discussion à plus tard — mais il ne l'oubliera pas. De toutes manières, s'il n'était pas rentré, elle a raison, il se serait endormi au bureau, rien d'alarmant. Cela dit, leur arrangement tacite des dernières semaines consistant à toujours dormir ensemble lui tient plus à coeur qu'il n'oserait le dire et, jusqu'ici, il n'y a pas manqué. « I can always go back there », qu'il menace presque, les bras d'Avalon ne le lui permettant pourtant pas (et ce n'est pas comme s'il en avait envie). Il la sent qui commence à replonger dans le sommeil, elle ignore presque son commentaire quant au nouveau client, et il se redresse juste assez pour planter un baiser sur le front d'Ava. « You would say that », souffle-t-il, plus pour avoir le dernier mot que par véritable doute. Il le sait, qu'elle a toujours raison, il ne peut simplement pas l'admettre, pas même maintenant. « 'night. » Il tente de calquer sa respiration sur la sienne dans un effort pour s'endormir plus rapidement (ce qui lui vient aussi plus aisément lorsqu'ils sont ensemble).

- - - - - - - - - - - - - -
rp terminé