wichcop #2 // take me back to the past

✩ ✩ ✩ ✩ ✩we are still kids but we're so in love fighting against all odds, i know we'll be alright this time. darling just hold my hand, be my girl i'll be your man, i see my future in your eyes ed sheeran (perfect)

Il éteint l’eau et reste un instant, les yeux fermés tandis que son corps est traversé par un frisson. Les douches du gymnase ne sont pourtant pas les plus chaudes mais avec les températures froides pour la saison, le changement est mordant. Andy tend finalement la main pour récupérer sa serviette qu’il passe rapidement sur son visage avant de l’enrouler autour de ses reins et de quitter les douches. Il rejoint le reste du vestiaire où il retrouve ses vêtements, et James, vieux pote depuis de longues années. De nouveau, son ami le félicite d’une claque dans le dos et Andy esquisse un sourire. Le match s’est bien déroulé, encore une fois et s’il refuse de s’en attribuer tous les honneurs, il sait que sa passe a été décisive sur le final. Mais ce n’était pas un gros match et il sait que gagner des matchs amicaux ne va pas suffire pour les sélections pour les régionales. Il termine d’enfiler son t-shirt, attendu par James, et accompagné de son ami, ils quittent les vestiaires, puis le gymnase pour rejoindre l’air presque glacé de l’extérieur. Il se frottait la nuque machinalement sur le chemin menant du terrain de football au premier bâtiment pour leur cours de chimie quand James l’arrête en tendant le bras devant lui. Le coup est brutal et lui coupe la respiration pendant deux secondes. Andy, il lui jette un regard à la fois inquiet et incompréhensif. « What the… » Mais James le fait taire avant de lui adresser un large sourire complice et de lui désigner le groupe de filles, plus loin. Il ne lui faut pas deux secondes pour la repérer parmi ses amies. Prue Halliwell. En compagnie de Sally et d’autres filles dont il ne retient jamais les prénoms, bien qu’il partage quelques cours avec certaines d’entre elles. Il sait que James a en tête de les approcher, il sait aussi que James a bien l’intention de balancer ses sous-entendus lourds pour le mettre mal à l’aise – tout comme il sait qu’il y parviendra – avant qu’il ne décide de draguer Sally pour se prendre un énième râteau. Ce que James ignore, en revanche, c’est qu’Andy n’a pas besoin de lui pour se ridiculiser tout seul devant Prue ; après tout, ils se connaissent depuis une éternité et ce, même si ça ne fait que seize ans. Son ami s’est déjà élancé en direction des filles et Andy, après avoir levé les yeux au ciel, le suit plus lentement. Au fond de lui, il a l’espoir qu’elles aient assisté au match. Quand il parvient à leur hauteur, James a déjà lancé la conversation avec Sally. Lui, il se place à ses côtés et lance un regard désolé à Prue avant d’y ajouter une grimace d’excuse. « Je crois qu’on est parti pour quinze minutes embarrassantes… » Il désigne brièvement leurs deux amis d’un signe de tête avant de se décaler pour lui faire face. Parfois, il regrette l’époque où ils n’étaient que des mômes et où il n’avait pas ce nœud noué dans tout son être à chaque fois qu’il était en face de Prue. C’est une sensation un peu nouvelle – ou peut-être pas, en réalité – qui s’accentue à mesure qu’il prend conscience à quel point il adore parler avec elle, qu’il se sent complet avec elle bien plus qu’avec n’importe quelle autre fille et combien il accepte difficile que les autres mecs puissent la regarder, s’intéresser à elle ou parler d’elle avec des mots grossiers. « T’as changé ta coupe de cheveux ? » Il ne sait pas si elle a vraiment changé quelque chose ou si elle s’est juste coiffé différemment, c’est le genre de détails qu’il est incapable de différencier, mais il sait que quelque chose, chez elle, est différent de d’habitude.

Le match avait pris fin, les acclamations résonnaient durant un instant sur le terrain avant que la foule ne se séparait pour se rendre en cours. Prue coulait un regard en contre-bas, un livre serré contre elle, son sac pendant sur son épaule, coulant un regard vers son amie Sally qui s'extasiait devant cette effervescence masculine, complimentant le physique avantageux de certains joueurs. Elle n'avait qu'un infime sourire, mais ne se préoccupait des autres, peut-être cherchait-elle inconsciemment ce joueur en particulier, celui qui avait su éveiller son intérêt, sans pour autant qu'elle soit démonstrative vis à vis de ce dernier. Elle se redressait, suivant le petit groupe composé de ses amies les plus proches qui sortaient des gradins pour rejoindre l'extérieur, sillonnant le parc arboré du campus. Prue n'écoutait les conversations que d'une oreille, ses pensées voguant vers d'autres contrées lointaines. Elles se regroupaient près de l'un des bâtiments où elles étaient censées avoir cours dans peu de temps, discutant d'une soirée prévue ce week-end même à laquelle la brune ne souhaitait guère s'y rendre, car c'était toujours la même rengaine et qu'elle ne trouvait aucun amusement particulier avec ces inconnus du campus. Elle levait légèrement les yeux au ciel, s'astreignant à tout commentaire. « Oh non, encore lui ? » Son regard déviait sur Sally pour tourner légèrement son visage, percevant la silhouette de James qui s'avançait vers elle, un grand sourire plaqué sur les lèvres. Elle percevait cette ombre qui le suivait plus lentement, resserrant un peu plus son bouquin contre elle, l'ébauche d'un sourire s'esquissant sur sa bouche mutine. « Sois aimable Sally. » Des mots soufflés à l'oreille de son amie qui poussait un soupir, tirant un sourire un tantinet forcé à James qui s'était d'ors et déjà avancé vers elle. Prue se décalait légèrement avant de tourner son visage vers Andy qui l'avait rejointe. « Seulement quinze minutes ? Tu es bien optimiste. » Elle leur coulait un regard, les deux jeunes gens étant en pleine discussion, une discussion qui serait vite écourtée au vu du caractère de chacun. Elle reposait son attention sur Andy qui s'était décalé pour se retrouver face à elle, la brune se perdant dans ces deux perles saphirs qui esquissaient son regard. Elle lui tirait un léger sourire, ne sachant trop comment entamer la conversation. Ces derniers temps, leur relation était devenue étrange. Ils avaient toujours été proches, des amis d'enfance qui pouvaient toujours compter l'un sur l'autre, mais en s'enfonçant dans l'adolescence, c'était devenu plus compliqué et perturbant. Sa question lui fit arqué un sourcil, glissant ses doigts dans sa chevelure ébène, plus courte que d'habitude, mais ce n'était qu'un infime détail, que d'autres n'avaient spécialement remarqués. « Euh non...Ils sont peut-être un peu plus court que d'habitude. » Elle relâchait la mèche qu'elle avait enroulé autour de son index, relevant son regard vers lui. « Tu es fin observateur Andy. » Un rire s'échappait d'entre ses lèvres, un rire de quelques secondes, ignorant le regard insistant que Sally lui lançait, comme un appel à l'aide pour la sortir d'une ultime drague parée de sous-entendus venant d'un James bien trop maladroit avec la gente féminine. « En fait, félicitation pour le match, tu as vraiment assuré sur les dernières minutes. Cette passe était formidable. » Elle esquissait un sourire mais ressentait une certaine gêne, un léger voile carmin apparaissant sur l'épiderme de ses joues, détournant le visage pour poser son regard sur les alentours du parc, soudainement plus intéressant que le jeune homme devant elle.

Andy sait que c’est idiot de ressentir cette pression sur ses épaules à chaque fois qu’il voit Prue. Ou même ce nœud à l’estomac et cette peur de se rendre ridicule ou cette envie d’attirer son attention par moment. Qu’elle le remarque. Il en a conscience, mais à chaque fois qu’elle est dans son champ de vision, il ne peut pas s’en empêcher et cette fois ne fait pas exception à la règle. Il sourit comme un benêt, devant elle, avec cette accélération de son cœur qui le rend nerveux comme à chaque fois. Son sourire s’élargit à la réponse qu’elle lui offre et il lance un regard en direction de leurs deux amis qui échangent des mots, visiblement pas sur la même longueur d’onde. « C’est vrai qu’il ne semble pas encore trop l’agacer, pour une fois. » Il reporte son attention sur la brunette avant de compléter. « Mais c’est surtout qu’on est censé filer en cours dans quinze minutes donc s’il veut pas encore une sale note et rater son semestre… » Il ne termine pas sa phrase, mais il sait qu’il n’en a pas besoin pour s’être fait comprendre de Prue. Ils se connaissent depuis bien trop longtemps et parfois, ils n’ont pas besoin d’aller jusqu’au bout de leur pensée. C’est ce qui rend la vie si simple, quand elle est là. Elle le comprend, souvent bien mieux que ses potes. Il laisse ses yeux clairs traîner sur sa silhouette longuement, observer cette chevelure qui lui paraît plus courte que la dernière fois qu’il l’a vue. Il n’en est pas certain mais il fait la remarque à voix haute, l’observe passer une main dans ses mèches tandis que sa gorge devient sèche, de peur d’avoir dit quelque chose de stupide. Et quand elle commence à répondre, il ferme les yeux pour mieux s’insulter silencieusement. Elle n’a rien changé. Bien sûr qu’elle n’a rien changé et que ce n’est que son imagination qui lui joue des tours. Il est prêt à ouvrir la bouche pour s’excuser, mais elle le complimente à la place et il sent ses joues prendre une teinte bien plus colorée qu’à l’accoutumée. « Orf, tu sais… Il faut bien si je veux devenir le nouveau Sherlock Holmes. » Il se permet un nouveau sourire, la nervosité reprenant déjà ses droits sur son être et il tourne la tête légèrement, à temps pour repérer le clin d’œil que lui adresse James. Andy roule des yeux avant de sentir son sourire s’élargir et redevenir cet air absolument idiot qui s’empare de son visage quand Prue assiste à ses matchs. Les pommettes rosies par la gêne, il lève un bras pour se frotter la nuque nerveusement. « Ah ouais ? Enfin je veux dire… Merci, mais j’fais juste ce qu’on m’a appris lors des entraînements, tu sais. » Il hausse les épaules, modeste mais néanmoins sincèrement heureux qu’elle l’ait remarqué, lui et sa passe décisive. Le silence s’installe, pesant et inconfortable. C’est finalement une remarque de James à propos de la fête organisée ce soir qui tire Andy de ses songes tortueux quand il relève le regard vers Prue. « Tu comptes aller à la fête ce soir ? » Il ne se l’explique pas, mais son cœur bat soudainement beaucoup plus rapidement et ses mains deviennent moites. Il n’a pas l’intention de s’y rendre, lui, à cette fête, même si les gars de l’équipe aimeraient fêter leur victoire là-bas. « Je me disais qu’on pourrait peut-être… Sortir ? Faire un tour à la fête si tu veux ou aller au cinéma si tu préfères. » Il prend conscience de sa gorge plus asséchée que jamais, de son estomac noué et de l’appréhension à la réponse qu’elle pourrait lui donner. Et il ne sait pas ce qui l’effraie plus – qu’elle accepte, ou qu’elle refuse. A moins que ce ne soit de perdre son amitié avec cette idée loufoque.

Elle en avait presque oubliée que dans une quinzaine de minutes, ils devraient rejoindre leurs salles de classes respectives, s’immerger dans le monde réel qui semblait être si lointain en cet instant, presque figé dans l'espace-temps. Quand Andy était à ses côtés, tout semblait tourner au ralenti autour d'eux, c'était une impression étrange et qu'elle ne ressentait qu'en sa présence. « Si tu arrives à l'extirper de là, ça sera un exploit. » Un léger rire en coulant un coup d'oeil à Sally et James, remettant machinalement une mèche de cheveux derrière son oreille, sans perdre ce sourire qui rayonnait sur le pourpre de ses fines lèvres. Elle croisait le regard de son amie, partagé entre l'exaspération et la curiosité, détournant aussitôt les yeux pour les reposer sur le brun qui avait pris place à ses côtés. « et James serait ton Watson ? Cela risque d'être assez comique... » Elle le taquinait, laissant un nouveau rire s'échapper à cette image des deux en détectives, même si Andy se débrouillerait très bien, contrairement à son acolyte qui serait moins attentif et minutieux que le premier. « Je n'ai aucun doute que tu deviendras le prochain Sherlock Holmes. » Son regard se plongeait un instant dans le sien, se perdant dans cet océan bleuté et attirant. Prue aimait passé du temps avec lui, elle chérissait même ces instants qu'ils partageaient. Ils partageaient une amitié fusionnelle, qui ne ressemblait à aucune autre, même si les choses semblaient évoluées et devenaient plus...complexes. Elle n'hésitait à lui faire un compliment sur ce match brillamment remporté, souriant un peu plus face à sa modestie, se rapprochant légèrement de lui, pour lui donner un petit coup d'épaule contre la sienne. « Andy ne soit pas si modeste ! Sans cette passe vous auriez été en très mauvaise posture. » Les paumes de ses mains se posaient sur le banc, un silence prenant place entre eux, inconfortable et pesant, minutes qui s'égrainaient, bercées par la discussion de leurs deux amis à leurs côtés qui abordaient le sujet de cette soirée qui ne l'enchantait que moyennement. Elle poussait un léger soupir, le regard perdu sur le terrain en contrebas avant que ce timbre de voix familier ne l'extirpait de ses pensées, en une question formulée. « Peut-être, j'en sais trop rien. » Elle haussait les épaules, mais la suite la laissait coi durant un instant. Elle l'observait avec une certaine stupeur devant cette demande à laquelle elle ne s'était attendue, restant silencieuse pendant un moment, sans doute trop long pour lui...Sortir, rien que tout les deux ? Elle se pinçait légèrement la lèvre pour qu'ensuite un sourire plus chaleureux ne remplaçait cette expression intriguée et stupéfaite. « Un ciné me plairait bien... Je n'ai pas spécialement envie d'aller à cette fête de toute façon, sauf si évidemment, tu souhaites toi y faire un tour pour fêter votre victoire... » Un léger voile carmin se peignait sur ses joues et elle glissait une main dans sa chevelure sombre, légèrement gênée, le coeur battant mais aussi impatiente à l'idée de cette soirée qui prenait un tournant inattendu et qui n'était pas pour lui déplaire.

Il laisse un rire lui échapper à la réponse de la brune. C’est qu’elle n’a pas tout à fait tort ; pour arracher James à ses séances de flirt raté, il lui faut souvent beaucoup de patience. Il jette un coup d’œil en direction de leurs amis respectifs, note le sourire presque prétentieux du jeune homme, les yeux qui lèvent en direction du ciel pour elle et Andy, il sent son propre sourire s’élargir. Il connait pourtant suffisamment son pote pour savoir que même s’il s’amuse à exaspérer la jolie blonde, il en pince très sincèrement pour elle aussi. C’est sans doute la raison pour laquelle il accepte généralement de le voir se ridiculiser de la sorte. Il comprend. Le fils Trudeau secoue la tête, laisse un soupir lui échapper, avant de reporter son attention sur Prue. « Je parie tout ce que tu veux que Sally aura le dernier mot et que ce sera grâce à elle que j’arriverai à traîner James en physique. » C’est presque devenu un refrain. Sans rien perdre de son amusement, il l’observe remettre sa mèche derrière son oreille, la gorge soudainement nouée par cette émotion qui se manifeste de plus en plus souvent quand ils sont tous les deux. Il voudrait pouvoir passer sa propre main dans cette chevelure brune, lui retirer cette mèche qui, souvent, vient gêner son regard mais il ne s’en sait pas permis alors il n’en fait rien. Une chaleur l’envahit alors que ses joues se teintent de nouveau de rouge sous le compliment et l’assurance dont Prue fait preuve quant à son avenir. Ce n’est pas qu’il soit plein de doute quant à sa réussite pour l’entrée à l’Ecole de Police, mais qu’il sent la pression de son père et de son grand-père peser sur ses épaules à chaque repas de famille. Devenir flic, c’est devenu un rituel dans sa famille. Il a toujours voulu jouer de l’autorité, mais avoir des Trudeau haut placés dans la hiérarchie ne fait que lui demander de se donner encore davatange lors des concours d’entrée. Il n’a pas le droit à l’erreur – il sait que son père ne lui en voudra pas, pas plus que son grand-père, mais lui, il ne se le pardonnerait pas. « Je vais essayer, en tout cas, » qu’il souffle finalement avec un petit sourire au bord des lèvres. « Je devrais peut-être prendre un accident britannique. » Il s’y essaya maladroitement avant d’avoir un geste de la main pour laisser tomber le massacre. Son imitation de l’accent du vieux pays est déplorable, il restera avec les mots mâchés à l’américaine. Il la laisse le bousculer un peu, son sourire revenu entièrement sur son visage alors qu’il se permet de la dévorer des yeux pendant quelques secondes. Cette fois-ci, la chaleur qui vient irradier son être, il sait qu’elle est causée par l’étincelle dans le regard vert de Prue, par son sourire éclatant, par cette proximité qu’ont leurs deux épaules encore collées l’une contre l’autre. « Alright, alright, pas besoin de me démonter l’épaule, Miss Halliwell. » Et s’il ne rajoute rien, ce n’est que parce qu’il se reperd de nouveau dans l’observation de ses traits adorables. En écho à leurs amis un peu plus loin, Andy évoque la soirée sur le ton de la conversation – du moins, il l’espère. La réponse de Prue créé un nœud dans ses entrailles alors qu’il se mord la langue et qu’il serre le poing. Elle n’a pas dit oui, mais elle n’a pas dit non et rien ne lui assure qu’elle préférera passer la soirée en sa compagnie à lui plutôt qu’à s’amuser avec ses amies. Il se jette quand même à l’eau avec cette impression d’avoir oublié le gilet de sauvetage sur la plage et d’être à des kilomètres de la moindre bouée. Le silence semble s’éterniser, beaucoup trop, et il ferme les yeux, s’insulte mentalement d’avoir pris ce risque stupide. Ça lui semble évident, maintenant, que Prue préfère la compagnie de ses amies. De Sally. Il a beau être l’ami d’enfance, il n’est sûrement que ça à ses yeux et cette idée, elle est douloureuse. Il inspire lentement, expire avec la même lenteur, avant d’ouvrir la bouche, prêt à lui dire de laisser tomber, d’ignorer sa demande, que c’était idiot de sa part d’avoir pu penser que…, que bien sûr, il comprend, mais il n’en a pas le temps. Ses paupières se soulèvent soudainement et il tourne brusquement la tête dans sa direction, se heurte à son sourire encore plus radieux. Il fond devant cette image, devant son acceptation et pendant l’espace de quelques secondes, il a envie de l’enlacer pour laisser éclater sa joie et il met quelques minutes à comprendre qu’elle attend une réponse, plutôt que de le voir, là, comme un imbécile, avec son très large sourire ravi. « Hein ? Ah, non, non. Ils peuvent fêter ça sans moi. » Et même s’ils ne le peuvent pas, tant pis pour eux. La perspective de passer une soirée entière en compagnie de Prue se dévoile être bien plus alléchante que boire des verres avec le reste des footballeurs. « Je passerai te chercher à dix-neuf heures, si ça te convient ? Je promets à Penny que tu seras de retour avant minuit. » Il lève la main droite comme pour prêter serment, incapable de perdre son sourire. Comme un coup du sort, la cloche qui annonce le début des nouveaux cours résonne et Andy se laisse glisser du banc avant de se tourner vers Prue. « Et maintenant, souhaite-moi bon courage pour la physique. Et surtout pour l’y traîner. » Du doigt, il désigne James avant d’adresser un autre sourire à la jeune fille et de se diriger vers son ami. Comme prédit, c’est l’instant que choisi Sally pour avoir une réplique un peu plus acerbe qui laisse James sans voix et Andy en profite pour le traîner à sa suite. Mais tout le long du trajet, il ne pense qu’à la soirée qui approche.

Il se regarde une dernière fois dans le miroir avant de se glisser hors de sa chambre et se glisser dans le salon le plus discrètement possible. Il sait que c’est raté quand il entend la voix aiguë de sa mère qui lui fait remarquer qu’il s’est vraiment très bien habillé avec un sourire en coin. Il se contente de lever les yeux au ciel, s’interdisant du moindre commentaire – de toute façon, il sait qu’il n’en aurait pas été crédible à cause du sourire qui ne l’a pas quitté de toute l’après-midi – et dépose rapidement un baiser sur la joue de sa mère. Elle lui glisse une remarque sur le fait qu’il doit se rappeler d’être un vrai gentleman avec Prue – elle lui rappelle qu’il est censé lui ouvrir la porte et la laisser passer en avant – et il s’enfuit finalement, les clés en main. Ce n’est que lorsqu’il est garé devant le grand manoir des Halliwell qu’il sent ses mains devenir moites et sa gorge se serrer et le nœud de son estomac revenir. Peut-être qu’elle a changé d’avis. Ou peut-être qu’il en fait trop, à venir la chercher en voiture, à effectivement avoir fait un effort vestimentaire sans vouloir donner l’impression de trop en faire. Il se jette un coup d’œil dans le rétroviseur intérieur avant de souffler bruyamment pour se donner un peu de courage et d’enfin oser quitter l’habitacle. Il connaît le chemin. Il sait qu’il pourrait entrer directement, sans sonner parce qu’il l’a très souvent fait par le passé. Mais il frappe et attend quelques minutes que la porte s’ouvre. Il est prêt à accueillir l’une des sœurs de Prue qui lui annoncerait que finalement, elle a changé d’avis, qu’elle est allée à la fête, sans lui, ou qu’elle ne se sent pas bien. La gorge sèche, il secoue les mains en essayant de tenir enfermer ce stress qui monte en lui. Tout va bien se passer. Elle a accepté et ça, en soi, c’est déjà une victoire.

Ils s'étaient quittés, temporairement, sur un dernier sourire, une dernière boutade et sur des dernières recommandations pour cette soirée à venir, rejoignant finalement leurs amis respectifs, Andy entraînant un James resté sans voix face à une réplique acerbe d'une Sally qui la rejoignait, une moue dépitée inscrite sur ses lèvres, remplacée bien vite par une certaine surprise, suivi de l'amusement devant son propre sourire. La brune la fusillait du regard, remettant la bretelle de son sac sur son épaule tout en s'éloignant d'un pas rapide, ignorant les nombreuses questions que posaient Sally, elle qui souhaitait tant savoir ce qui c'était dit entre le jeune Trudeau et la Halliwell, mais Prue ne répondait que par un soupir, se concentrant sur les cours de la journée et ce malgré que ses pensées dérivaient sans arrêt vers cette soirée qu'elle appréhendait, autant qu'elle l'attendait avec une impatience qui l'étonnait.

« Tu es sûre de toi ? Ce n'est pas trop ? » L'aînée s'observait une nouvelle fois dans le miroir, détaillant sa silhouette habillée d'une robe sombre, maquillée très légèrement, ses cheveux attachés en un chignon en désordre et qui faisaient glissées quelques mèches sur son épiderme, effleurant ses épaules dénudées. Son image renvoyait un air soucieux et partagé tandis que Piper levait les yeux au ciel. « Tu es parfaite, arrête un peu de t'inquiéter. » Elle glissait derrière sa soeur pour lisser quelques plis sur sa tenue et parfaire sa coiffure. « Andy va tomber dans les pommes rien qu'en te voyant. » Prue plissait les lèvres, le carmin s'esquissait sur ses joues blêmes, coulant un regard assassin à la cadette qui s'éloignait d'ors et déjà pour échapper à la tempête Halliwell. « [color:f53d=#40A46B ]Si tu affichais un sourire, ça serait encore mieux. » Phoebe venait de faire son entrée, accoudée contre l'encadrement de la porte, une sucette en bouche, son regard coulant sur la silhouette de son aînée, cette dernière levait les yeux au ciel, ignorant les sourires complices et taquins de ses deux soeurs. « Vous n'avez pas mieux à faire toutes les deux ? » Piper levait les mains en signe de reddition pour finir par s'éclipser, Phoebe quant à elle marmonnait quelque chose entre ses dents, suivant les pas de sa cadette, laissant ainsi l'occasion à Prue d'observer plus en détail sa tenue. En faisait-elle trop ? Elle se pinçait les lèvres, poussant un grognement exaspéré, s'approchant de la penderie pour s'apprêter à changer ses habits. Ce n'était qu'une sortie au cinéma, rien de plus, même si demander la permission à sa grand mère n'avait été aisée, cette dernière avait froncé les sourcils et était parti dans un laïus qui avait fait sourire intérieurement la jeune femme, promettant de revenir à minuit tapante avant de s'éclipser pour filer se préparer et ainsi étreindre cette soirée qu'elle appréhendait légèrement. La voix de Phoebe s'élevait alors de l'étage en bas, l'extirpant de ses songes et dans sa tentative d'aborder une tenue plus simple et plus décontractée. « Prue, ton amoureux est là ! » Offusquée et le visage empourpré, elle maudissait sa plus jeune soeur, attrapant son sac qu'elle glissait sur son épaule, coulant un dernier regard à l'armoire restée entrouverte pour ensuite sortir de sa chambre, refermant la porte derrière elle, se dirigeant d'un pas rapide et gracieux vers l'escalier qu'elle descendait quatre à quatre. « Phoebe tu... » Elle s'interrompait en le remarquant, lui qui se tenait sur le perron. Elle l'observait durant un long instant, avant de glisser un sourire plus amical sur ses lèvres. « Hey Andy... » Elle percevait des murmures derrière elle et tournait légèrement son visage vers ses deux soeurs qui lui adressaient des sourires faussement innocents. « Passe une bonne soirée Prue ! » Marmonnant entre ses dents, elle s'avançait vers le brun, refermant ses doigts sur son bras pour ainsi claquer la porte derrière elle, une certaine gêne passant sur ses traits. « Désolée pour ça, tu sais comment elles sont... » Une excuse, elle ne voulait pas revenir sur ce statut donné par Phoebe, préférant oublié ce léger accident qui avait éveillé certaines émotions en elle qu'elle préférait mettre de côté. « Tu es resplendissant... » Elle observait à nouveau ses habits et détournait bien vite le regard, restant figée sur le perron, son sac pendant sur son épaule et sa veste maintenue contre elle. « Penny m'a bien précisée que si tu as une minute de retard, tu auras affaire à elle. » L'amusement scintillait dans son regard, regard qui se posait sur le véhicule de son ami, garé en contrebas. « On y va ? » La tension était palpable, tension qui exacerbait cette timidité ressentie vis à vis de lui, parce que cette soirée allait peut-être changée leur relation, parce qu'elle ignorait encore ce qu'il adviendrait d'eux une fois les douze coups de minuit frappés. Elle était comme Cendrillon qui s'apprêtait à se rendre au bal, le temps d'une soirée, sans savoir si elle reverrait son prince charmant une fois qu'elle aurait passé le perron de chez elle, mais peut-être espérait-elle au plus profond d'elle-même que cette soirée en amènerait d'autres, si elle ne finissait pas en maladresse et catastrophe.

Il a les mains moites, le cœur qui semble se préparer à remporter le Paris-Dakar sans avoir le moindre véhicule et les pensées en vrac. Andy, il a peur d’avoir mal interprété les mots de Prue, peur de perdre sa précieuse amitié s’il essaie d’avoir un peu davantage – malgré son envie d’être un peu plus que son ami d’enfance. Il se répète quelques paroles aussi clichées que faussement rassurantes quand la porte s’ouvre sur une Phoebe au large sourire radieux, muni d’une sucette qu’elle retire de ses lèvres avec un gloussement qui fait s’arquer un sourcil à Andy. « Hi Andy, » qu’elle glousse de plus belle, bientôt rejointe par Piper, légèrement en retrait. « Salut les filles. Est-ce que… Prue est prête ? » Il s’efforce d’ignorer le tambour qu’est devenu son cœur, prie silencieusement pour que les petites sœurs de Prue ne puissent pas entendre le vacarme dans sa poitrine. Piper acquiesce tranquillement quand Phoebe s’époumone. Les mots de la petite dernière mettent une fraction de seconde pour lui parvenir et il se fige soudain. Amoureux. Il sent son visage virer au cramoisi malgré ses efforts pour garder une contenance qu’il n’a probablement jamais eu et il lève une main pour se frotter la nuque nerveusement. « Je, euh, humpf. Merci, Phoebe, » qu’il bafouille finalement, toujours rouge et aussi gêné. Toutefois, le terme employé ne quitte pas son crâne. Il ignore si la plus jeune des sœurs a employé le mot sans vraiment réaliser, mais vu le sourire et l’air victorieux qu’elle affiche, il en doute – il se prend alors à espérer que ça veuille dire quelque chose. Que Piper et Phoebe savent sans doute quelque chose qu’il ignore et qui lui fait plaisir. Il essaie de ne pas trop y penser, parce qu’après tout, il en sait rien. Et puis, il est ami avec Prue avant tout et c’est leur amitié qui compte le plus. C’est ce dont il essaie de se convaincre. Sa voix finalement s’élève et Andy lève les yeux vers elle, le sourire s’affichant aussitôt sur son visage avant de sentir sa respiration se couper devant la tenue qu’elle arbore. Peut-être que Phoebe n’a pas trop extrapolé avec le mot, finalement. Il reste figé dans sa contemplation, incapable de lui répondre correctement quand elle le salue à nouveau et ne réagit pas davantage quand la porte se ferme finalement sur des Piper et Phoebe gloussantes. Il inspire finalement à nouveau qu’une fois seul sur le perron avec Prue et il esquisse un petit sourire. « Ne t’en fais pas, je sais que… Nevermind. » Il préfère ne pas déjà s’enfoncer. Son regard glisse sur la taille de Prue et, de nouveau, il sent son souffle être coupé. Ne pas siffler, c’est vulgaire, lui a répété sa mère avant qu’il ne s’esquive de la maison Trudeau. « Et toi tu es… Tellement plus que ça. » Les mots, il les lâche sans vraiment le réaliser, avant de se reprendre. « Enfin, je veux dire que… Ta robe est sublime et te va divinement bien. » Peut-être qu’il aurait du la complimenter elle, au lieu de complimenter la robe. Lui dire qu’elle est jolie – divine, qu’il ajuste mentalement parce que c’est comme ça qu’il la perçoit, en cet instant, dans cette robe sombre qui fait ressortir ses yeux. Il est de nouveau tiré par sa contemplation grâce à la voix de la jeune femme et il acquiesce vivement. « Je n’en doute pas. Sans vouloir te vexer, elle me terrifie suffisamment pour que tu sois de retour dans ta chambre à vingt-trois heures cinquante-neuf tapantes. » Il souffla avec un léger rire avant de lui tendre son bras pour la diriger vers sa voiture. Il lui ouvrit la portière et attendit qu’elle ait pris place pour la refermer derrière elle avant de la contourner et de se glisser derrière le volant. « J’ai pensé qu’on pouvait soit manger au cinéma, tu sais, genre, un truc rapide, soit aller dans un petit resto, après ? A moins que tu aies déjà mangé, bien sûr… » Il n’osait qu’à peine lui lancer un regard, préférant garder les yeux rivés sur la route, conscient que Penny parviendrait à savoir s’il avait osé risquer la vie de sa petite fille dès le premier soir. Il gara finalement la voiture sur le parking du centre commercial qui avait l’avantage d’être nettement moins rempli que celui du cinéma tout en restant proche des lieux où ils étaient susceptibles de se rendre lors de cette soirée. De nouveau, il alla lui ouvrir la portière avant de verrouiller le véhicule avant de prendre la direction du cinéma à pied. « Je te laisse choisir le film, je suis vraiment pas difficile. » Il savait surtout que son intérêt pour le film serait sans doute entravé par la présence de Prue à ses côtés. Une fois le choix arrêté, il alla payer deux places et il invita Prue à pénétrer la première dans la salle, la suivant jusqu’à trouver deux sièges pas trop mal placés dans la salle à moitié remplie. Il s’installa, le cœur toujours aussi furieux dans sa poitrine et attendit que la pièce soit plongée dans l’obscurité et que le film ait commencé pour que sa main aille chercher, non sans hésiter, celle de Prue pour l’attraper timidement.

Elle sentit un léger voile carmin prendre place sur ses joues face à ses mots, à ce regard qui tombait sur sa robe qui esquissait parfaitement les courbes juvéniles de sa fine silhouette. Pendant un instant, elle pensait en avoir fait trop, mais un sourire mi-timide, mi-rassuré perçait sa bouche mutine face à ce compliment sur une tenue qui semblait lui plaire, de même que la sienne sur laquelle elle laissait tombé son regard, le trouvant élégant et attirant. Elle se mordait la lèvre de nervosité, laissant néanmoins échappé un rire amusé qui détendait légèrement l'atmosphère. « Elle te terrifie autant ? » Cela ne l'étonnait guère, venant de sa grand-mère qui pouvait être tout aussi adorable qu'extrêmement autoritaire. Elle n'avait eu cesse de rappeler à l'aînée l'heure exacte à laquelle elle devait être rentrer si Andy ne désirait subir la tornade nommée Penny. « Ne t'inquiètes pas, je te protégerais si jamais tu as une petite minute de retard. » Elle lui coulait un clin d'oeil complice, son bras enlaçant le sien pour se diriger vers la voiture garée dans l'avenue. Elle le remerciait d'un fin sourire lorsqu'il ouvrait la portière, agissant ainsi en parfait gentleman, la brune se laissait glissée dans l'habitacle jusqu'à ce qu'il la rejoignait, s'installant sur le siège conducteur. Elle s'enfonçait dans le sien, son regard se perdant sur un paysage quasi dissimulé, lui coulant un simple coup d'oeil à sa question. « Je n'ai pas mangée non. » précisa t'-elle en glissant une main sur sa robe pour lisser quelques plis qui y résidaient. « Un resto me plairait bien après le cinéma. » Était-ce un prétexte pour faire perdurer cette soirée qui venait à peine de commencer ? Peut-être, mais l'idée de mettre fin à cette soirée une fois le générique de fin du film affiché ne l'enchantait guère. La voiture se garait sur le parking du centre commercial, le cinéma n'étant qu'à quelques pas de ce dernier. « Il y a justement un italien qui est délicieux dans les environs. » Prue qui donnait ses directives, ses ivoires effleurant son inférieure, remettant une mèche derrière son oreille tout en sortant du véhicule. « Enfin...Si tu aimes l'italien et si tu avais une autre idée, je suis preneuse. » Maladresse évidente, car c'était leur premier rendez-vous, car leur amitié passait à une étape supérieure, sentiments qui surgissaient, enfouis au plus profond d'elle-même. Elle marchait à ses côtés, arquant un sourcil, un sourire malicieux venant se glisser sur ses lèvres. « Tu es vraiment sûr de vouloir me laisser choisir ? » Elle lui donnait un léger coup d'épaule avant de laisser échapper un petit rire tout en entrant au cinéma. Elle optait pour une comédie, un film simple, sans prise de tête, entrant dans la salle une fois les tickets achetés, pour ensuite se placer sur deux sièges assez bien situés. Une fois installés, ils n'attendaient que quelques minutes alors que la pénombre emplissait la pièce. Le film commençait, mais elle n'était réellement captivée par ce dernier, l'esprit accaparé par cette présence à ses côtés. Un frisson parcourait son échine à la sensation de doigts qui enlaçaient les siens. Elle respirait plus lentement, son coeur battant la chamade, mais la pression de ses doigts se fit plus ferme autour des siens, une main qu'elle gardait dans la sienne tout au long d'un film auquel elle ne portait une quelconque attention. Il n'y avait que la sensation de la main d'Andy dans la sienne, les sentiments qui valsaient dans son être et qui la faisait douter sur une relation qui semblait prendre un autre tournant. Une fois le film terminé, elle mit quelques secondes à se rendre compte de la fin de ce dernier, relâchant la main du brun à ses côtés en lui adressant un infime sourire, se redressant tout en le suivant en dehors de la salle. Très vite, ils avaient rejoint l'extérieur, l'air était plus frais et la faim commençait à se faire sentir dans son estomac noué. « C'était bien non ? » murmura t'-elle après quelques longues d'un silence qui n'était nullement gênant. « Alors, où allons-nous finalement pour la suite du programme Monsieur Trudeau ? » glissa t'-elle en réduisant la distance entre eux pour glisser son bras autour du sien, en une vieille habitude amicale. « Je t'avoue que je commence à avoir faim. » Elle avait proposée un italien avant le film, mais elle le suivrait où il désirait si il avait une autre idée en tête, car l'important était de passer ces quelques moments privilégiés et ce, à ses côtés.

Un toussotement lui échappe à la question de Prue et il arque un sourcil. « C’est parce que tu es sa petite fille, elle t’adore et ne peut pas te menacer délibérément, mais crois-moi, Penny pourrait faire peur au plus gradé des militaires ! » Ce n’est pas tellement une mauvaise chose, à ses yeux. Même s’il craint l’autorité de celle qui élève les sœurs Halliwell, Andy l’adore aussi et sait que ça ne doit pas être toujours facile pour cette grand-mère affublée de trois petites filles au caractère bien trempé. Il porte une main à son cœur, un sourire au bout des lèvres. « Je savais que je pouvais compter sur toi pour être mon chevalier servant. » Même si son égo en serait probablement blessé sur le moment – c’est de Prue dont il s’agit et, en toute honnêteté, il sait que sur bien des points, Prue peut se montrer bien plus téméraire qu’il ne l’est. C’est pour ça qu’il l’adore et l’admire, d’ailleurs. Elle est fascinante et elle semble n’avoir peur de rien. Il l’accompagne jusqu’à la voiture, obéit aux règles dictées par sa mère durant une partie de son enfance avant de se glisser derrière le volant. Il opine de la tête. « Italien, c’est parfait. Je n’y suis jamais allé alors ce sera l’occasion pour moi de manger de vraies pizzas ou de vraies pâtes, je suppose. » Il se moque mais une partie est sincère – il a déjà vu la devanture du restaurant, mais n’y a encore jamais les pieds et un plat italien lui paraît être le summum du romantisme. C’est sans doute une idée reçue de sa mère, accompagné d’un trop grand visionnage de la Belle et le Clochard avec l’un de ses cousins de cinq ou six ans, mais il lui semble que tant qu’il ne le dit pas à voix haute, il est encore sauf. Ce n’est pas comme s’il allait lui offrir un vrai dîner aux chandelles – il ne sait pas si c’est ce que Prue souhaite et il a bien trop peur de se ridiculiser totalement si ce n’est pas le cas. Devant le guichet du cinéma, il rit et secoue la tête. « J’en ai aucune idée, mais ce ne sera que partie remise si tu choisis mal. » Il lève un doigt faussement menaçant, le regard rivé sur son visage et son sourire, le cœur affolé à la perspective que cette soirée débute relativement bien. Il s’avance le premier dans la salle de cinéma, s’arrête quand il juge être au bon rang et s’installe, Prue à ses côtés. Sitôt que les lumières sont éteintes, il lui lance de fréquents coups d’œil. Parfois, il se surprend à la fixer un peu trop longtemps et il tourne la tête précipitamment, avant de laisser ses doigts courir pour attraper ceux de Prue. Il sent sa gorge s’asséché quand elle entrelace leurs doigts ensemble et il tourne instinctivement la tête pour l’observer, avec ce sourire doux et amoureux sur les lèvres. C’est un peu comme un signal, comme un accord qu’elle vient de lui donner. Qui vient confirmer les propos qu’a tenu Phoebe un peu plus tôt. Il en oublie le film, en oublie de rire lors des certains gags. Et quand la lumière se fait de nouveau et que leurs mains se lâchent, il a un pincement au cœur qui fait mal. Il s’éclaircit la gorge, se lève et, toujours en compagnie de Prue, quitte le cinéma. Il ignore si elle pose une question piège, si elle s’attend à ce qu’il lui raconte le film dans son intégralité ou s’il s’imagine le pire. « C’était sympa, tu as bien choisi. Tu es sauve de ma revanche. » Il espère qu’elle ne va pas demander de détails – du moins, pas sur le film, parce que des détails sur la façon dont ses lèvres s’étirent quand elle éclate de rire ou sur la fossette qui se forme quand elle est émerveillée, ça, il pourrait les lui donner sans aucune difficulté. « Eh bien, les désires de l’estomac de Mademoiselle sont mes ordres. L’italien est juste là et tout à l’heure, il n’était pas bondé, et je meurs d’envie de tester leurs tagliatelles. » Il prend la direction du restaurant, tire la porte pour la tenir ouverte à Prue avant de la suivre à l’intérieur et constate, avec un certain soulagement, qu’il reste encore plusieurs tables disponibles. Un serveur s’approche pour les installer, leur tend les menus avant de disparaître. L’ambiance est cosy, intimiste sans pour autant trop en faire. Elle leur correspond, en quelque sorte. « Wow, tout a l’air délicieux. » Et les desserts encore plus que le reste – Andy, il louche déjà sur le tiramisu qui lui apparaît plus qu’alléchant. Il relève les yeux vers Prue. « Tu sais ce que tu veux ? » Il esquisse un sourire, avant d’appeler le serveur une fois les choix arrêtés. « Si tu veux boire quelque chose de spécifique, n’hésite pas. Je vais m’arrêter à l’eau car je conduis après mais ne te sens pas obligée de te priver, » précise-t-il avant de se dire qu’il n’a pas, non plus, envie qu’elle pense qu’il essaie de la faire boire. Il se mord la lèvre, décide de ne rien ajouter de plus. Il sait que ça ne ferait que l’enfoncer encore davantage. Le serveur leur apporte les plats et la conversation se fait tranquillement. Andy, il se rend compte que l’avantage avec Prue, c’est qu’il ne se sent pas obligé de combler les silences et qu’il n’a pas à poser de questions trop idiotes comme ses loisirs. Il les connait déjà et ce rendez-vous lui semble plus simple pour cette raison précise. Ils se connaissent, ils peuvent parler de tout et de rien, prendre des nouvelles des sœurs de Prue, évoquer l’année prochaine et les années de fac qui les attendent. Et à mesure que la soirée passe, il se rend compte qu’il n’est plus aussi nerveux que lorsqu’il est allé la chercher parce qu’il y a quelque chose de naturel, entre eux. Il n’a pas besoin de prétendre d’être quelqu’un qu’il n’est pas parce que Prue, elle a déjà vu qui il est. Et c’est rassurant. Une fois les desserts terminés, il demande l’addition qu’il règle et décide de laisser un pourboire. Il se gratte le sourcil. « Tu sais comment on calcule combien de pourboire il est acceptable de donner, toi ? » Il sait que l’un de ses potes lui en a parlé, mais il n’a pas vraiment écouté, sur le moment. Après un haussement d’épaule, il décide de laisser trois dollars en supplément avant de se lever de table avec la jeune fille et de quitter le restaurant. Il est encore tôt, il n’a pas envie que la soirée se termine et, sans vraiment s’en apercevoir, il se dirige vers les rues pour marcher un peu. Il sait que si Prue souhaite rentrer, elle le lui dira sans doute. « Tu sais avec qui tu vas aller au bal de promo à la fin de l’année ? » Il tourne la tête dans sa direction, essaie de garder un air désinvolte, un peu désintéressé aussi pour ne pas avoir l’air d’espérer que personne ne lui aura encore rien demandé, d’espérer qu’elle l’attende, lui. « Parce que je pensais que, peut-être, on pourrait… Y aller ensemble ? » Comme pour ajouter du poids à ses paroles, sa main frôle celle de la lycéenne lentement avant de l’attraper de nouveau, comme au cinéma, mais cette fois-ci, sous la lueur des lampadaires. Il a ralenti le pas, jusqu’à finalement s’arrêter et faire face à Prue, le cœur complètement paniqué. Pendant deux secondes, il ne dit rien, ses yeux passent du regard vert de Prue à ses lèvres et, lentement, il se rapproche d’un pas, baisse la tête. Il n’ose pas entièrement combler cet espace entre eux, il a peur d’aller trop vite, et, finalement, il ferme les yeux et l’embrasse. C’est hésitant, et tendre. Ça aussi, ça lui paraît naturel. Il a toujours la main de Prue dans la sienne et son autre vient lentement se nicher à sa taille avant qu’il ne s’éloigne légèrement. Il sait qu’il doit avoir les joues rouges, l’air très idiot mais en cet instant, ça ne compte pas réellement.

L'air frais fouettait son visage, faisant voleter quelques mèches sombres qui encadraient son visage poupin, étiré par un mince sourire, essayant d'oublier les sensations qui contractaient son estomac aux souvenirs de la sensation de ses doigts entrelacés avec les siens, lui ayant fait perdre le fil du film dont elle n'avait que quelques souvenirs flous, espérant qu'il ne commencerait à parler de ce dernier ou à lui demander son avis et son ressenti. Elle poussait un soupir de soulagement à sa remarque taquine, sourire qui s'étirait davantage avec malice, arquant un sourcil amusé. « Et dans le cas contraire, quelle aurait cette fameuse revanche ? » Les prunelles émeraudes se posaient sur la ruelle et plus précisément sur la devanture du restaurant qui se découpait non loin d'eux, déjà alléchée par l'odeur de cette cuisine qu'elle appréciait, sentant son estomac protester tout en tournant son visage vers Andy. « Et moi leurs pizzas, à ce qu'il paraît, c'est les meilleures de toute la ville. Allons y ! » Elle se mit en marche avec cette autorité qui la caractérisait tant et ce malgré son jeune âge, arrivant finalement près du restaurant tout en remerciant dans un souffle le brun qui lui tenait la porte, soulagée de constater une fois à l'intérieur que la salle n'était bondée. Elle prit place dans le fond de la salle, les doigts saisissaient la carte, laissant son regard lire les intitulés écrits en cette langue du soleil et de la bonne humeur. Elle ne pouvait qu'approuver la remarque de Andy, tout avait l'air absolument délicieux, il était même difficile de faire un choix parmi tout ces plats aussi succulents les uns que les autres. Elle se mordait légèrement l'inférieure, perdue dans la réflexion, pour finalement opter par une pizza marguerite, tout ce qu'il y avait de plus classiques, mais qui restait néanmoins sa favorite, dictant ainsi son désir au jeune homme qui prit les commandes, le dessin d'un sourire surpris et taquin s'épanouissait sur sa bouche carmine à sa remarque d'un alcool dont elle pouvait usé même si ce n'était le cas pour lui. « De l'eau pour moi aussi. » précisa t'-elle en tendant sa carte au serveur qui disparaissait de son champ de vision. « Je constate que tu souhaites me saouler...Pour en apprendre davantage sur mes éventuels secrets inavouables ? » Elle laissait échapper un rire, l'un des nombreux de la soirée qui se déroulait avec un naturel déconcertant. Il n'y avait plus de timidité apparente, ni de malaise entre eux, les conversations s’entremêlaient qu'elles soient sérieuses ou ponctuées de certaines anecdotes amusantes les amenant ainsi à la fin de la soirée. Elle poussait un léger soupir d'aise, une légère gêne passée pour le fait qu'il prenait en charge les frais du dîner, observant les quelques billets entre ses doigts sur l'hésitation du pourboire à attribuer. « Selon ton intuition ? » La réponse était évasive, ignorant également combien il fallait laisser, mais elle était en accord avec la somme déposée sur la surface boisée, se redressant pour enfiler son manteau et son sac en bandoulière sur son épaule, resserrant son vêtement tout en marchant dans les rues animées avec cette envie de continuer la soirée, de ne pas le quitter de suite, de ne pas mettre un terme à cet instant qui changeait leur relation. Ils n'étaient plus vraiment amis à présent, ayant passé le cap supérieur le temps de ces quelques heures passées à ses cotés. Une soirée magique qui faisait intensifier les battements de son rythme cardiaque, levant la tête à la question de Andy, légèrement décontenancée par cette dernière. Elle n'y avait pas réellement réfléchi, n'y avait même songer malgré une Phoebe surexcitée et qui n'avait cesse de lui poser la question. Peut-être car inconsciemment elle avait l'infime espoir qu'il serait celui avec lequel elle irait. « Je... » commença t'-elle, peu certaine de savoir quoi lui répondre, ni de comment exprimer ce désir qu'il soit son partenaire. L'interrogation se dévoilait d'elle-même sur la langue du brun, la faisant se figer alors que sa main vint attraper la sienne, leurs doigts s'entrelaçaient et elle avait l'impression que son coeur allait s'extirper de sa cage thoracique. « Tu es sûr ? » commença t'-elle avant de légèrement grimacer, car si ce n'était pas le cas, il ne lui aurait évidemment pas poser la question. « Enfin ce que je veux dire, c'est que je serais ravie d'y aller avec toi of course. » ajouta t'-elle avec une certaine précipitation, lui qui s'était tourné vers elle, sa silhouette se découpant dans la lumière artificielle du lampadaire et pendant quelques instants, elle admirait ses traits. Il n'y avait plus de réalité, simplement cette bulle protectrice qui les enveloppait alors qu'il se penchait, réduisant l'espace entre eux pour venir poser ses lèvres contre les siennes. Le souffle court, elle mit quelques secondes à y répondre, se laissant guider dans la valse de ses lèvres contre les siennes avant qu'il ne s'éloignait légèrement, un voile carmin posé sur ses joues. Prue ne réfléchissait pas, lâchant sa main pour à nouveau se rapprocher de lui et poser ses lèvres sur les siennes, instinctivement, initiant ce second baiser dont elle profitait, la tendresse chassait l'hésitation et les doutes ainsi que les nombreuses barrières émises. Et elle stoppait après plusieurs minutes, se reculant très légèrement, un sourire presque timide venant s'épanouir sur ses lèvres. « Si c'était ta façon pour me convaincre, c'est réussi. » murmura t'-elle avant de reprendre sa main dans la sienne et de marcher à ses côtés, remettant une mèche derrière son oreille. « Merci pour cette soirée... » souffla t'-elle après un silence qui s'était installé après le baiser, mais qui n'était nullement gênant, simplement il n'y avait pas besoin de mots entre eux, ils savaient se comprendre sans exprimer la moindre parole, pouvaient tenir de longues discussions comme rester plonger dans le mutisme et profiter de l'instant présent. Elle resserrait inconsciemment sa prise autour de ses doigts et de sa main libre, refermant les pans de sa veste, jetant un coup d'oeil au ciel étoilé qui s'esquissait au dessus d'eux. « Well, j'espère que Piper et Phoebe n'apprendront pas qu'on s'est embrassés, pour ta propre survie et la mienne. » Elle laissait un petit rire se perdre dans l'atmosphère, posant son regard dans le sien, se perdant dans cet océan chaleureux et si rassurant.

Il joue le jeu, totalement amouraché par la jeune fille qui se tient à ses côtés et qui ne retient aucune de ses taquineries – ils n’en ont pas besoin, ils se connaissent depuis trop longtemps. Il prend un air indigné, à la limite de la consternation, un doigt tendu dans sa direction. Ce soir, Andy, il est joueur. « Hey ! Parce que tu crois que je vais te le dire ? Je me garde ma revanche pour une prochaine fois. » S’il y a une prochaine fois sont les mots qu’il ne prononcera pas. Il l’espère, pourtant, qu’il y en aura une autre (et encore une autre et encore une autre), parce qu’il y a pris goût. A elle, à cette soirée, à la tranquillité qui en réchappe et à cette aisance qu’il a quand il est en sa compagnie. Ils se dirigent vers le restaurant et il y prend goût aussi, au repas partagé, aux discussions tranquilles, aux esquisses du futur et à leurs projets personnels. « Tu oublies que je suis le meilleur détective qu’il existe, je n’ai pas besoin de te faire boire pour découvrir tes secrets… » Il affiche une mimique sûre de lui, les joues pourtant rouges que l’ambiguïté de ses mots aient été découverts. Il la connaît toutefois trop bien pour savoir qu’il ne sert à rien d’essayer de se justifier, que ça ne ferait qu’empirer la situation alors il préfère détourner l’attention. Changer le sujet. Les conversations s’enchaînent, les plats disparaissent et c’est finalement déjà l’heure de quitter la chaleur du restaurant pour retourner affronter l’obscurité de la ville. Ils sont de nouveau côte à côte et il se jette à l’eau. Pendant quinze secondes, il retient son souffle, laisse sa main frôler celle de Prue avant de finalement l’attraper. Il a le cœur qui s’affole et il se fige à sa réponse, la bouche ouverte mais sans savoir pourquoi est-ce qu’elle lui pose une telle question. S’il est sûr de quoi ? Qu’il veut y aller avec elle ? Ça lui semble pourtant plus qu’évident. Il s’apprête à lui demander de quoi est-ce qu’elle parle, à se rétracter, même, dans l’éventualité où elle veuille garder ces précieux instants juste entre eux mais elle se reprend et il souffle de soulagement. She said yes. Pour la deuxième fois de la journée, elle lui a dit oui et Andy, il sait qu’il ne pourrait être plus heureux qu’en ces heures. Il s’est arrêté, lui fait face et quand leurs lèvres se joignent finalement, c’est presque comme rentrer à la maison – comme revenir à un cocon connu et sécurisant. Il reste chaste, pourtant, s’éloigne rapidement avec ce sourire idiot et les joues rosées. Elle lui lâche la main et d’instinct, il pose les doigts libérés dans son dos, prêt à accueillir ce second baiser qu’elle lui rend et il se perd dans cet échange. Il n’a plus conscience que de leurs lèvres scellées, que de cette sensation et que de ce corps venu se blottir contre le sien. Il a les yeux fermés, le cœur apaisé et la certitude que rien ne pourra plus jamais le perturber, tant que Prue sera à ses côtés. Elle s’écarte finalement, il garde les paupières closes quelques secondes supplémentaires, lâche un léger rire devant son audace. « I knew it would work. » Il esquisse un sourire, la main jusque là posé à sa taille remontant pour venir caresser sa joue du bout du pouce avant de la suivre quand elle se remet en marche, leurs doigts de nouveau entrelacés. « Thanks for what? You’re the one who said yes. » A ses yeux, elle est celle grâce à qui cette soirée est devenue si importante et si magique. Son pouce divague sur le dos de la main qu’il tient dans la sienne, du coin de l’œil, il note son geste pour refermer un peu sa veste, le rire venant se joindre à celui de la jeune fille. « Ah, je pense qu’on peut les faire tourner en bourrique pendant plusieurs jours, tu ne crois pas ? » Il les adore pourtant, les deux petites sœurs de Prue – il les adore comme si elles étaient les siennes, mais il la croit volontiers quand elle lui dit qu’ils ne finiront pas d’en entendre parler si elles découvrent tout. Les mots prononcés par la plus jeune de la fratrie au début de la soirée sont encore gravés dans sa mémoire. Il lui lâche la main un court instant pour retirer sa veste et la pose sur les épaules de Prue. « Here, au lieu d’essayer de fermer ta veste en toute discrétion. » Il a le cœur qui flanche quand il la voit, les cheveux coincés sous l’épaisseur de sa veste – il n’est pourtant pas si grand que ça comparé à elle, et pourtant, elle semble nager dans le vêtement qui n’est pas le sien. Et l’image est adorable. « Elle te va plutôt bien, damn. » Il pourrait en tomber amoureux, qu’il se dit sans oser prononcer les mots à voix haute. Il récupère sa main, continue le chemin emprunté au hasard, rejoint le parc avant de s’arrêter au pied d’un arbre.