wichcop #1 // can't live without you

✩ ✩ ✩ ✩ ✩through the storm, we reach the shore you give it all but want more and i'm waiting for you with or without you u2 (with or without you)

L’allée s’étend devant lui. Grande, presque interminable. Le cœur d’Andy se serre au souvenir de la dernière fois qu’il s’y est rendu. C’était il y a des années, et pourtant, ça lui paraît tout récent – parfois, il a l’impression d’avoir péri la veille. Et parfois, ça lui semble avoir été dans une autre vie. Sur le trottoir, ses yeux se perdent sur les passants qui viennent et vont, l’ignorent bien souvent. Il se serrait attendu à des regards choqués, perturbés. Il oublie que ceux qu’il a connu dans ce quartier ont vieilli, probablement déménagé – tous, sauf les trois sœurs Halliwell. Deux sœurs se corrige-t-il presqu’aussitôt. Son cœur cogne douloureusement à cette pensée. Et c’est d’autant plus perturbant qu’il a appris que Paige, sa nouvelle protégée, celle que les Fondateurs l’ont envoyée sauver, est une autre Halliwell. Il a du mal avec cette idée, mais elle se fait une place, petit à petit, dans son esprit. Il ferme les yeux et s’avance après les avoir ouverts à nouveau. Il prend la direction du Manoir, se souvenant de toutes les fois où il s’est trouvé devant ces quelques marches qui mènent à leur perron. Enfant, ado, adulte. Il a l’impression que sa vie, le destin peut-être, le mène toujours à cette porte. Sans monter les marches, il observe le Manoir. Lui non plus, n’a pas changé. Mais il se doute que ses occupantes ne seront pas totalement inchangées. Elles auront vieilli, contrairement à lui. Et c’est tout ce qu’il peut s’imaginer. Il ne sait plus rien de leur vie. Sans doute qu’elles auront une famille, à présent. Peut-être même des enfants, il n’en sait rien. Il ne sait pas comment il doit s’annoncer. S’il a le droit de débarquer comme ça, après tant d’années à n’être qu’un souvenir. Si elles voudront seulement le revoir – après tout, même s’il les a toujours considérées comme ses propres petites sœurs, il n’est plus vraiment de la famille, maintenant. Il a la gorge serrée, Andy. Il préfère ne pas y penser. Ne pas s’imaginer le Manoir sans Prue dedans. Ne pas imaginer les trois sœurs Halliwell n’être que deux. Ça lui semble injuste, à Andy. Qu’elles perdent leur sœur après avoir déjà perdu leur mère, puis Penny. Elles ont déjà trop souffert, il ne peut imaginer la douleur qu’elles ont dû ressentir à la mort de Prue. Il ne veut pas l’imaginer. Il sait que lui, il n’y aurait pas survécu. Quelque part, il est soulagé d’être parti le premier – ça lui aura évité cette absence dans sa vie, cette douleur au fond de son cœur. Il déglutit et se force à rejoindre le perron. Il aurait pu simplement s’éclipser. Débarquer dans leur salon ou bien le grenier – ce grenier si mystérieux. Faire comme si de rien n’était, prétendre que c’est normal. Il a préféré venir en humain lambda. Dévoiler les nouveautés petit à petit. Leur avouer tout, petit à petit. Il frappe. Les mains moites et le cœur serré. Parce qu’il sait que les revoir va immanquablement lui faire remarquer à quel point elles lui auront manqué. Les Halliwell ont toujours fait partie de sa vie, même quand il aurait préféré qu’elles ne soient pas là. Les Halliwell, elles ont toujours été un peu sa deuxième famille, déjà gosse. Il s’écarte de la porte, respire. Par habitude, il se tourne et observe le quartier. Ça fait longtemps qu’il n’a pas ressenti cette nervosité au fond de ses entrailles. Celle qui créé un nœud dans son estomac. Mais il sait qu’il va avoir besoin des sœurs s’il veut glaner des informations sur Paige pour accomplir sa mission. Et puis, il a aussi envie de les revoir. De leur dire qu’il sait, qu’il est désolé de ne pas avoir pu être là après Prue. Envie de leur poser des questions, de comprendre. Un besoin de savoir, aussi. Derrière lui, la porte s’ouvre et il ferme les yeux. C’est probablement une mauvaise idée. Il ne sait pas s’il doit s’attendre à Piper ou bien à Phoebe – ou à quelqu’un d’autre. Il ne sait toujours pas quoi leur dire. Il tourne les talons, lentement, s’efforce de ne pas penser à ce qu’il leur dira, mais à l’instant présent. Mais le visage qui est dans l’encadrement de la porte, il ne s’y attend. Il se le prend de plein fouet, plus violent encore qu’une tornade et plus douloureux encore qu’une flèche d’être de ténèbres. Parce qu’elle ne peut pas être là. Les Fondateurs lui ont caché bien des choses mais ils le lui ont dit – ils lui ont affirmé que Prue était morte. Ce n’est pas… Ce n’est pas possible. Et il est figé, Andy, paralysé par toutes les informations et le flot d’émotion qui se succèdent en lui. Et sa gorge, serrée auparavant, s’en trouve asséchée. Incapable de parler, incapable de bouger. Il ignore si c’est une ruse d’un démon ou bien une farce ou si c’est bien elle. Il ne comprend plus rien et il n’est pas certain d’avoir envie. Alors il ne bouge pas, parce que ce serait trop en lui demander. Parce que sa douleur, à lui, elle est récente.

Cela faisait quelques jours à peine qu'elle était revenue d'entre les morts, qu'elle avait retrouvée le manoir ainsi que ses soeurs, ces dernières lui avaient contés tout les derniers événements qui s'étaient déroulés au cours de ces années qu'elle avait manquée. Tant d'années perdues, réduites en cendres, des années qu'elle ne pourrait jamais rattrapée. Le monde avait continué sans elle, Piper et Phoebe avaient leurs vies et une nouvelle soeur avait rejointe la famille avant de s'en éloigner pour embrasser des forces plus obscures, une soeur qu'elle n'avait encore eu l’occasion de rencontrer, qu'elle ne connaissait que par les mots de Phoebe qui lui avait tout raconter dans les moindres détails lors de leurs retrouvailles. C'était beaucoup à assimiler. De son point de vue, elle n'était partie que depuis hier, n'ayant que peu de souvenirs de l'autre côté. Simplement des mots, des voix perçues et éphémères. Prue fermait les yeux, assise dans le canapé du salon dont la décoration avait quelque peu changée, certains objets n'étant plus à leurs places originelles, des nouveautés installées ci et là lui donnant l'impression qu'elle n'était plus réellement chez elle. C'était une sensation dérangeante et ce malgré qu'elle était dans le manoir, que ses soeurs étaient toujours présentes...Mais il manquait quelque chose, d'indéfinissable, de perdu à jamais. C'était dans ces instants de doute et de solitude que l'aînée repensait à Andy, lui qui s'était envolé bien trop tôt, n'ayant jamais su combler ce vide ressenti au plus profond de son âme. Il lui manquait terriblement, encore plus depuis qu'elle avait étreint le monde des vivants. Mais il était parti. Elle devait se faire une raison. La brune secouait légèrement la tête, se redressant, coulant un rapide coup d'oeil autour d'elle. Elle était seule, Piper et Phoebe s'étaient absentées, peut-être pour lui laisser un peu de temps pour s'habituer à sa nouvelle situation, de s'habituer au fait qu'elle était revenue mais que tout n'était plus pareil. Un nouveau soupir, décidant de se changer les idées en parcourant le livre des ombres en quête d'un moyen quelconque qui lui permettrait de trouver une solution pour Paige, la petite dernière mai au moment où elle se dirigeait vers l'escalier, des coups furent frappé à la porte, la stoppant dans sa lancée, Prue posant son regard vers le panneau de bois en arquant un sourcil. Elle n'hésitait une seule seconde, balayant la distance qui la tenait éloignée de l'entrée, ses doigts glissant sur la poignée, ouvrant cette dernière...Pour ensuite s'immobiliser, sous le choc. Pendant quelques secondes, elle pense que c'est un effet de son imagination, que cette familiarité lui jouait des tours, que ce n'était qu'une illusion, un fantasme inespéré...Mais lorsqu'il se tournait vers elle, il n'y avait plus aucun doute quant à la personne qui se trouvait sur le perron. C'était impossible. Prue relâchait la porte en s'éloignant d'un pas, diverses émotions s'écoulaient dans ses prunelles sombres, sans quitter ce visage du regard, ce visage qui n'avait eu cesse de la hanter, qu'elle n'avait jamais su oublier. « ...Andy ? » Un murmure empli d'un certain espoir, la gorge nouée, paralysée, l'émotion la submergeant avec violence. Il y avait cette envie, celle de rejoindre ses bras, de sentir son corps contre contre le sien, de sentir sa flagrance si familière...C'était cruel. Trop cruel. Ce n'était pas Andy. Cela ne pouvait pas être lui, c'était un tour malsain et sadique d'un démon qui le faisait revivre pour espérer la briser ou obtenir d'elle de quelconques informations. Son regard changeait, la colère épousant ses traits, les poings serrés alors que la douleur vrillait son coeur à l'agonie. « Saleté de démon ! » s'écria t'-elle en sa direction, levant la main pour que ce dernier soit expédié hors du manoir et surtout loin d'elle, mais au moment où elle avait effectué ce geste, il avait disparu dans un halo de lumière bleuté pour ensuite réapparaître devant elle quelques secondes à peine. Elle baissait son bras, estomaquée devant ce fait, la vérité la frappant de plein fouet. Ce n'était pas un démon, ni un sorcier, ni autres créatures qu'elle avait déjà affrontée auparavant... C'était un être de lumière. Tout comme elle l'était en partie. Était-il possible que... « Oh mon dieu... » Elle sentait les pulsations de son organe vital qui résonnaient sourdement à ses oreilles, le coeur à la dérive, les émotions nouaient ses entrailles avec violence. « Tu es... » Les mots n'arrivaient à s'extirper de ses lèvres, sa voix n'était plus qu'un murmure éteint. Elle était encore angoissée que tout ceci ne soit qu'une mascarade et peut-être même un rêve. Elle s'avançait, levant sa main, légèrement hésitante avant de laisser ses doigts effleurés sa joue. Sa peau était chaude et douce sous son toucher. « Tu es là... » La distance fut réduite sans lui laisser le temps d'exprimer la moindre parole, le serrant contre elle avec force, son coeur battant à tout rompre, perles cristallines qui s'écoulaient lentement sur ses joues devant ce miracle inespéré. Elle n'arrivait plus à parler, prise par l'émotion, par cette valse de sentiments qui l'étreignaient. Elle le sentait contre elle, sa chaleur les battements de son coeur, son parfum si familier. Il était revenu. Et en cet instant, c'était tout ce qui lui importait.

Il est figé, comme paralysé. Son cœur, lui aussi, semble s’être arrêté. Son regard, Andy le laisse rivé à ce visage qui est là mais qui ne peut pas être. Parce qu’ils lui ont dit. Les Fondateurs lui ont dit que Prue avait été tuée, qu’elle aussi avait fini par quitter le monde des vivants. Il n’y croit pas, Andy. Il a mal au cœur, Andy. La gorge nouée et les entrailles serrées. Ce n’est pas elle, qu’il essaie de se répéter en boucle. Son envie de la revoir est trop grande, il revient au Manoir pour la première fois depuis trop longtemps, ça lui joue des tours. Il essaie d’être rationnel, Andy, mais il n’y parvient pas. Il ne peut pas croire que ce n’est pas elle tout comme il ne peut pas croire que c’est elle. Il est partagé entre raison et sentiment. Il est déchiré. Et toujours incapable de bouger. Il ouvre la bouche, tente de prononcer des mots qui ne franchissent pas la barrière de ses lèvres. Ce n’est pas Prue. Il le sait. Il voudrait, pourtant. Mais c’est impossible. Elle parle. Ne prononce que son nom et il ferme les yeux. Entendre sa voix, c’est une torture. Parce que c’est bien sa voix, et non pas celle de Piper ou de Phoebe. Il voudrait répondre, mais l’émotion l’étreint avec encore trop de violence. Alors il ne fait rien, ne dit rien. Il a beau cligner des yeux, l’image de Prue ne s’estompe pas – et si ? Non. Il préfère ne pas pousser cette idée, cet espoir, plus loin. La vérité ferait encore plus mal. Serait encore bien plus violente. Tout comme les paroles qu’elle prononce et qui insinue le doute en lui. Démon ? Andy fronce les sourcils sans comprendre, s’apprête à répondre quand elle lève la main. Il l’a vue à l’œuvre, si seulement c’est vraiment elle, il sait que ses pouvoirs sont terribles. Alors il s’éclipse. Halo bleuté. Puis réapparait à l’exact emplacement où il se tenait un instant plus tôt. Maintenant, il n’a plus de doute – c’est elle. Il ne sait pas comment c’est possible, il ne sait pas si c’est vraiment la réalité, mais elle est là. Son cœur vrille, l’étau dans sa poitrine se desserre. Lentement, il acquiesce. « Oui, Prue… » Prononcer ce prénom après tant d’années, c’est étrange. Il en a perdu l’habitude. « C’est moi, » termine-t-il. Il se souvient de leur dernière conversation. Il se souvient de ce banc, leur banc, de lui avoir promis de toujours veiller sur elle. De ce déchirement qu’il avait ressenti à l’idée de devoir la quitter même si c’était la chose à faire. De son envie de la voir continuer. Les doigts de la sorcière sur sa joue, il les savoure. Il ferme les yeux, attrape sa main avec douceur. Ça lui a manqué. Il esquisse un sourire, prêt à la rassurer une nouvelle fois mais elle ne lui en laisse pas le temps. Les marques d’affection, Prue n’a jamais été du style à donner à perte. Alors quand elle l’enlace, il lui rend son étreinte après une seconde d’hésitation. Il ne comprend toujours pas, mais elle est là et c’est ce qui importe. Il la serre contre lui, dépose un baiser sur son crâne avec bienveillance et tendresse. Il ne sait plus si ce que les Fondateurs lui ont dit est vrai ou non. Il ne sait plus à quoi il doit croire ou non. Mais il balaie toutes les questions qui lui viennent, qui l’assaillent. Et profite de ce corps contre le sien. « C’est moi, Prue, » qu’il répète. Parce qu’il adore prononcer son prénom, parce qu’il veut qu’elle le sache, qu’elle perde ses doutes. Il la serre un peu davantage, laissant ses émotions transparaître dans ses gestes davantage que dans les paroles réconfortes qu’il lui glisse à l’oreille, à mi-voix. Enfin, il s’éloigne légèrement d’aller, la gardant toujours dans ses bras et c’est à son tour de lui caresser le visage, de redessiner les lignes de ce visage qu’il connaissait par cœur, fut un temps. Elle n’a pas tellement changé – elle a les cheveux un peu plus longs, mais ça lui va très bien. Et c’est en notant à quel point elle n’a pas vieilli qu’il se rend compte que les Fondateurs n’ont pas menti. Il lui est arrivé quelque chose. « Je – Les Fondateurs m’avaient dit que tu… » La phrase, il ne la termine pas. Il ne peut pas prononcer ces mots alors qu’il la tient tout contre lui. Du pouce, il lui essuie ses larmes et le coin de ses lèvres s’étire en un faible sourire. Il voudrait lui dire à quel point il est heureux de la revoir, à quel point il est soulagé de la retrouver mais les mots ne lui viennent pas. « Je suis désolé, je… Je ne m’attendais pas à te voir. Et encore moins à ce que tu me prennes pour un démon, » rajoute-t-il après un court silence. Et s’il sourit, dans l’espoir de lui en tirer un, à elle, son cœur est encore trop serré par toutes les émotions qui se succèdent.

Il était là, elle était logée dans ses bras, contre ce corps qui lui avait tant manquer, cet être qu'elle ne pensait plus jamais revoir. Son Andy. Elle sentait sa flagrance si familière, sentait sa chaleur qui  irradiait contre son propre corps. Les mots s'égaraient sur sa langue, des paroles qu'elle n'arrivait à prononcer, des paroles qu'elle aurait tant voulu dire mais qui restaient bloquées. Il était là. Il était revenu. Cette idée avait encore du mal à faire son chemin dans son esprit. Peut-être n'était-ce qu'un fantasme, qu'un effet de son imagination, qu'un rêve qui finirait par se dissiper une fois réveillée. Comme pour prouver ou contrer ce qu'elle pensait en cet instant, elle resserrait son étreinte contre lui, ses doigts s'enfonçaient dans le tissu de son manteau. Elle sentait ses lèvres contre le sommet de son crâne en entendant sa voix lui affirmer une nouvelle fois que c'était lui. Il n'y avait plus de doutes possibles. Il était bel et bien là, revenu d'entre les mots, tout comme elle au fond. « Andy... » Ce n'était qu'un murmure, à peine audible, qui laissait transparaître l'émotion dans sa voix. En cet instant, elle était vulnérable, elle n'était plus une sorcière, ni l’aînée des Halliwell. Elle était simplement Prue, celle dont le coeur avait été meurtri par sa mort si brutale, celle qui avait essayée de vivre constamment avec son souvenir. Elle ne l'avait jamais oublié, il avait été toujours là, au plus profond de son être. Souvent, elle se plaisait à imaginer qu'il l'observait d'un regard bienveillant, qu'ils finiraient par être réuni d'une façon ou d'une autre. Ce dernier fait était un mensonge. Elle ne l'avait pas retrouvée dans l'au-delà, ils avaient été séparés même dans la mort, mais à présent, ils étaient à nouveau réunis en un miracle auquel elle n'osait croire. Elle entendait sa voix contre son oreille, perles cristallines qui traçaient des sillons humides sur ses joues. Il se détachait enfin d'elle après un moment qui avait paru durer une éternité, son regard se posant sur elle. Elle détaillait son visage de son regard, chacun de ses traits avec une attention particulière. Il était toujours pareil, celui qui l'avait quitté bien trop tôt, celui auquel elle avait été forcée de dire adieu dans un dernier baiser, sur une dernière larme versée. Les Fondateurs...Elle ne les avait pas réellement vu ou peut-être que si, elle n'arrivait pas à s'en souvenir...Mais lui...Tout était trop confus. La surprise scintillait dans ses prunelles marrons, surprise de savoir qu'il était là-bas tout ce temps, bien que peut-être était-ce logique, elle avait du mal à réfléchir, à tout assembler, encore perturbée par ces retrouvailles auxquelles elle ne s'était attendue. Retrouver Phoebe et Piper avaient été un chamboulement, tout comme savoir qu'elle avait une autre petite soeur. Mais Andy...C'était si soudain et inattendu en un espoir qu'elle pensait vain. A tord. « ...Que j'étais morte ? C'était le cas. » Elle terminait la phrase pour lui, sans quitter son regard du sien, frémissant au contact de son pouce contre sa peau qui chassait les dernières traces de larmes. Elle souriait lentement, le coeur plus léger, sans se détacher de lui, comme si elle avait peur de le voir s'envoler une fois qu'elle s'éloignerait, ne serait-ce que de quelques pas. Et il s'échappait de ses lèvres, ce rire cristallin et légèrement nerveux, un rire qui suffit à apaiser la tension. C'était si bon, elle avait presque l'impression d'être revenue des années en arrière, avant son décès. « Je ne pensais pas non plus que tu...Que tu reviendrais... » avoua t'-elle à demi-mots, le souffle court, valse émotionnel qui s'agitait dans ses entrailles. « Je ne pensais même jamais te revoir Andy... » L'émotion se brisait sur ces derniers mots. Elle avait la gorge serrée pour ensuite inspirer profondément, finissant par se retirer de son étreinte...Mais il ne disparaissait pas. Il était toujours là devant elle. « Viens. » souffla t'-elle en entrelaçant ses doigts avec les siens, refermant la porte derrière eux d'un geste de la main pour ensuite l'entraîner dans le salon, vidé de toute présence. Elle se tournait à nouveau vers lui, encore chamboulée par cette situation. « Tu es donc devenu un être de lumière ? » murmura t'-elle après quelques secondes. Tout comme elle en somme, une situation à laquelle elle devait s'adapter, mais elle connaissait la magie...Lui ne la connaissait que de façon extérieur, cela devait être encore plus étrange pour lui que pour elle. « Raconte moi tout de ce qu'il s'est passé là haut. » Elle voulait savoir, savoir sa vie avec les Fondateurs, savoir qu'il n'avait pas souffert, qu'il avait eu un semblant de bonheur et ce malgré qu'il avait basculé bien trop tôt dans l'au-delà.

Il la tient serrée contre lui, toujours un peu davantage. C’est qu’il a peur que tout ceci ne soit qu’une illusion, une manipulation de son esprit de la part d’un démon. Il craint qu’elle ne parte, qu’elle ne s’envole. Mais elle est là, peau douce contre ses doigts et le cœur d’Andy, il est douloureux tellement il est soulagé. C’est qu’elle lui a manqué et il se rend compte maintenant à quel point. Elle lui a manqué et il sait maintenant que revenir à Neverland sans elle, ça n’aurait pas été possible. Que, jamais, il n’aurait pu tenir le coup sans la croiser. Il a la gorge serrée, les yeux fermés. Il veut profiter, savourer cet instant à jamais. Il n’a jamais pu faire son deuil depuis qu’il a su son décès prématuré et il s’en trouve maintenant reconnaissant – parce qu’elle est là, vraiment là. Il la tient contre elle, enfoui son nez dans le cou de la sorcière. Il n’y déposera pas le baiser qui, pourtant, meurt d’envie de toucher cet épiderme qu’il n’a pas pu caresser depuis longtemps. Trop longtemps. Par moment, il redresse légèrement la tête, laisse quelques mots délicats venir la rassurer. Et le rassurer aussi, quelque part. Ses doigts, lentement, remontent le long du dos de Prue pour venir se plonger dans ses cheveux bruns, plus longs que dans ses souvenirs, note-t-il au passage, et les caresse avec tendresse. Quand il s’éloigne finalement, prenant sur lui pour avoir ce geste de recul, il observe son visage, ses traits, avant de prendre la parole. Mais les mots se bloquent finalement. La vérité, il l’a refusée. Quelque part, il la refuse encore. Prue a les mots pour lui et, la gorge serrée, il opine du chef. L’entendre de sa bouche, c’est terrible. Il lève une main pour la poser sur sa joue. « Je – J’aurai du être là. » C’est tout ce qu’il arrive à dire. Être là pour la protéger. C’est son rôle, en tant qu’être de lumière. Protéger les sorciers et les sorcières et même si Prue, ni aucune des sœurs Halliwell, n’étaient sous sa protection à l’époque, ça n’aurait pas dû l’empêcher de le savoir. Il se sent coupable, Andy, de ne pas avoir pu l’empêcher de connaître cette après-vie. Du pouce, il lui essuie ses dernières larmes. Son cœur, en miettes jusque-là, semble enfin réussir à se reconstituer. Et quand il l’entend rire, il a le sourire qui s’élargit. Parce que ça fait du bien de l’entendre rire. Parce que c’est ce qu’il s’est toujours promis de faire, depuis leur enfance. La faire rire, effacer ses larmes. Mais quand elle reprend, son sourire s’estompe un peu. Lui non plus, a pensé ne jamais la revoir. Il ouvre la bouche mais les mots ne lui viennent pas. Il n’a pas d’explications, pas d’excuses. Alors il ne dit rien, l’enveloppe seulement de son regard protecteur, comme il l’a toujours fait et la laisse le guider à l’intérieur. Leurs doigts entrelacés, il ne peut s’empêcher d’observer la décoration différente. Il note les meubles changés, les cadres de photo en plus. Quand il tourne à nouveau la tête vers elle, c’est parce qu’elle a soulevé son changement, à lui. Lentement, il l’entraîne sur le canapé pour s’installer plus confortablement. Il lui fait face, un bras par-dessus le dossier du sofa, l’autre lui tenant toujours la main. « Oui. C’est le remerciement des Fondateurs pour ne pas vous avoir dénoncé, je crois. » Le coin de ses lèvres s’étire en un sourire. La façon des Fondateurs de récompenser sa droiture tout au long de sa vie mortelle, aussi courte fût-elle. « Et toi ? Je croyais que les sorcières devenaient au mieux des fantômes après la mort, tout ça ? » Il est encore un peu perdu, Andy. Il a appris en tant qu’être de lumière, mais certains détails continuent de lui échapper. Il lui arrive de mélanger le mythe des sorcières dans les contes pour enfant et la réalité. Il détourne la tête lentement, hausse les épaules. Ses yeux se posent l’un des anciens meubles restés, l’un de ceux qu’il connaît depuis l’enfance. « Oh, hm… Les Fondateurs ont fait de moi un être de lumière, ils sont restés très vagues sur le pourquoi, sur le comment, ou sur l’ensemble des pouvoirs qui m’ont été accordés mais… Tu sais, je suppose qu’ils sont juste comme ça au quotidien. Ensuite, on m’a assigné mes premiers protégés. Tous loin – les Fondateurs ne voulaient pas que… Eh bien, disons qu’ils ne tenaient pas à avoir un deuxième couple comme Léo et Piper alors tous mes protégés ne se trouvaient jamais dans le coin. » Malgré lui. Malgré son envie de revenir, par curiosité, par amour aussi peut-être. Il aurait voulu veiller sur les Halliwell, les croiser de temps en temps, dire à Prue qu’il était là. Pas tout à fait en vie, mais pas totalement mort non plus. « Et puis, ils m’ont finalement annoncé qu’ils avaient besoin de moi à Neverland. En vérité, je suis ici pour Paige. » Il tourne la tête pour croiser son regard et sa main libre attrape une mèche de cheveux brune de Prue. Il joue avec tranquillement, retrouve de vieilles habitudes. Il ignore si elle sait. Il ignore si elle a eu vent de l’existence de Paige, si elle sait qui cette dernière est. Alors il ne dit rien, pour l’instant. « Ou peut-être que c’est une nouvelle chance… » Il ne termine pas sa phrase mais le regard qu’il a fixé sur elle est éloquent. Une nouvelle chance pour eux. Une nouvelle chance pour essayer de vivre cette histoire qu’ils esquissent à chaque fois. « I’ve missed you, Prue, » qu’il laisse tomber à mi-voix. Sa main qui jouait avec ses cheveux retourne se poser sur la joue de la sorcière. Lentement, il se rapproche, lui laisse le temps de reculer, de prendre la parole, de remettre cette distance qui s’est longtemps interposée entre eux. Et ses lèvres, finalement, se déposent sur celles de Prue, chastement, tendrement. Pour tout ce temps perdu. Pour toute cette souffrance endurée.

Une impression de déjà vu, un souvenir ancestral qui semblait revenir à la vie. Eux deux à l'intérieur du manoir, comme si rien n'était arrivé, comme si la mort ne les avait jamais emportés. Une sensation étrange que de ressentir à nouveau ses doigts entrelacés aux siens, de le voir auprès d'elle, sans que le temps ne soit inscrit sur son visage, tout comme pour elle. La vie avait pourtant continuée en leur absence, apportant son lot de surprises et de changements, mais eux, ils s'étaient figés jusqu'à aujourd'hui où ils devaient reprendre possession de leurs vies qu'ils avaient vu s'envoler bien trop tôt. Elle se rappelait avec exactitude du jour de sa mort, chacun des détails, ce corps allongé, les larmes qui l'avaient submergés, ce dernier instant passé sur cette balancelle pour un dernier adieu. Prue n'avait jamais su aimé à nouveau. Andy parti, elle ne voulait plus donner son coeur à quiconque et ce malgré quelques histoires qui n'avaient de réelles importances. Le seul qu'elle avait véritablement aimé, c'était lui, lui qui a présent était de nouveau auprès d'elle, dont elle pouvait sentir la chaleur de son épiderme sous ses doigts. Elle se laissait entraînée vers le canapé, s'installant , le visage tourné vers le sien, blottie contre le dossier, sa main toujours dans la sienne, un contact qui lui permettait de garder pieds avec la réalité, de se dire qu'il n'était pas un rêve, un fantôme ou bien une illusion. Elle sourit à sa réponse, un sourire cependant légèrement attristé en repensant à la façon dont il était parti. « Tu ne méritais pas ça, de finir de cette façon. » Elle avait toujours culpabilisé, elle n'avait jamais réellement su se le pardonner, son coeur n'avait eu le temps de guérir de sa perte. Elle regrettait ces années passées sans lui, années qui s'étaient effritées, enveloppée d'un vide qu'elle n'avait jamais réussi à combler. La question lui fut retournée, ce qu'il était advenu d'elle après son décès brutal, un décès qu'elle avait eu du mal à surmonter dans l'au delà. « Ce n'est pas totalement faux. » commença t'-elle en laissant son regard divaguer, n'ayant que quelques brides de souvenirs de son temps passé de l'autre côté, comme si elle avait été préservée, mise de côté. Elle avait été auprès de Penny et de sa mère, mais n'était jamais apparue en temps que fantôme aux yeux de ses soeurs, soeurs qu'elle avait continuée à aider malgré tout au fil du temps. « Ma mort était trop brutale pour que je puisse dans un premier temps m'y faire. Il a fallu un coup de pouce de la magie pour apaiser mon esprit. J'ai fais le choix de ne pas apparaître en tant que fantôme comme pouvait le faire ma grand mère ou ma mère. » Sa gorge se serrait légèrement à l'évocation de l'après, fermant les paupières durant quelques secondes pour ensuite croiser son regard dans lequel elle avait tant aimé se plonger, jadis. « J'ai cependant continuée à veiller sur Piper et Phoebe malgré tout. » Un fin sourire pour ensuite écouter son explication sur ses capacités d'être de lumière. Elle plissait des yeux, le regard légèrement plus sombre, un regard qu'elle coulait vers le plafond, comme si les Fondateurs pouvaient voir sa désapprobation. Elle aurait souhaitée le revoir à l'époque, ne serait-ce que quelques minutes voire quelques secondes, pour lui dire ce qu'elle n'avait eu le temps de lui dire de son vivant, pour rattraper ce qui avait été perdu bien trop tôt, mais Prue ne disait rien, plongée dans le silence, dans ses réflexions, dans ses pensées, ne dévoilant sur ses traits ce qu'elle ressentait avec exactitude, comme toujours. A la mention de Paige, elle croisait à nouveau les prunelles d'Andy, intriguée, la curiosité titillée, frémissant au contact de ses doigts qui jouaient dans sa chevelure, de ses doigts qui effleuraient avec subtilité sa peau opale. « Tu es ici pour Paige ? » Par ces mots, elle venait d'affirmer qu'elle connaissait l'existence de sa petite soeur, ainsi que son histoire. Prue avait entendu l'appel désespéré de Phoebe, un appel qui l'avait réveillée, qui l'avait fais revenir en ce monde. Coïncidence ? Elle-même avait constatée ces nouveaux pouvoirs, sa magie de sorcière associée aux dons d'un être de lumière, une capacité qu'elle n'avait encore mentionner au brun. Les Fondateurs étaient-ils derrière sa résurrection ? Et pourquoi n'avait-elle pas eu le moindre contact avec Andy durant sa mort ? Tant de questions qui restaient sans réponses, des réponses qui pouvaient attendre. Ses mots insufflaient un nouveau souffle en elle, le regard qu'elle posait sur lui exprimait tout l'amour qu'elle ressentait à son égard, cet amour qui renaissait de ses cendres. Un sourire s'inscrivait sur ses lèvres mutines, apaisée et heureuse de ce bonheur qu'elle semblait petit à petit retrouver, de cette nouvelle chance qui leur était offerte. « Tu m'as manqué aussi. » Elle sentait la chaleur de sa paume contre sa joue, ne quittant son visage du regard, un visage qui se rapprochait du sien avec lenteur, peut-être pour lui laisser le temps de se distancer, de répliquer. Il n'y avait rien de tout ça. Elle en avait autant besoin que lui, ainsi n'effectuait-elle le moindre geste, frissonnant au contact de ses lèvres qui capturaient les siennes en un baiser empli de tendresse. Elle fermait les paupières, savourant la texture de ses lèvres, savourant le goût familier de ces dernières. Elle se laissait porter par ce baiser infime, qui durait de longues minutes, elle profitait de chaque seconde, jusqu'à se détacher, son visage restant contre le sien, son pouce glissant le long de la courbe de sa mâchoire. Elle laissait échappé un petit rire complice avant de se détacher de lui doucement, ce n'était pas un geste de recul, ni de fuite, au contraire, elle vint se blottir contre lui, sa tête reposant contre son torse pour écouter les battements réguliers de son coeur, en une douce symphonie, une mélodie oubliée, une mélodie qui lui permettait d'affirmer qu'il était bien là, près d'elle. « Je suis tellement désolée... » Des excuses murmurées, car la culpabilité était toujours là, continuait d'être un poids malgré leurs retrouvailles. Elle se tenait responsable de sa mort, ayant regrettée chaque seconde, de l'avoir ainsi inclus dans leur univers, ce qui avait fini par causer sa perte.

Il la couve du regard, incapable, pour l’instant, de la voir autrement qu’avec cette tendresse qu’il lui destine exclusivement. Même s’il ne l’a pas vue de ses propres yeux, même s’il lui a fait promettre de ne pas se sentir coupable de sa destinée, il se doute de ce qu’elle a pu ressentir. Il le sait parce que c’est ce que lui aurait ressenti, si les rôles avaient été inversés. Parce que c’est ce qu’il a ressenti, quand il a appris sa mort, à elle. La culpabilité ne pas avoir été là. De ne pas avoir su réagir suffisamment vite pour empêcher ça. Il a un sourire mi-triste, mi-nostalgique qui flotte sur ses lèvres. Il ne va pas le démentir – non, il ne méritait pas ça. Mais il n’éprouve plus de colère à l’idée d’avoir quitté le monde des vivants aussi tôt. Sa mort, même prématurée, lui a ouvert les portes d’autre chose. D’un monde auquel il a souvent pensé, depuis l’enfance, un monde qu’il n’a que toucher du bout des doigts en découvrant son existence à travers les trois sœurs. Il s’y est retrouvé plongé, d’abord contre son gré. Mais maintenant, il s’y est fait. Sa destinée, oui, peut-être. Maintenant, il continue d’effectuer son travail d’inspecteur, à tout autre niveau. Avec d’autres moyens que simplement la loi. « Neither did you. » Qu’il souffle finalement. Il serre les doigts de Prue pour lui faire perdre cette tristesse qu’il décèle dans son regard à ce souvenir. « There was nothing you could have done, Prue. It’s not your fault. Don’t blame yourself. » Après tout, il est là, maintenant. Il n’est plus un mortel, certes, mais il est là. Prêt à endosser ses nouvelles responsabilités, prêt à la soutenir à nouveau. Prêt à les épauler, elle et ses sœurs. Et parce qu’il sait que ses mots ne sont que des mots, il préfère retourner la question à la sorcière. Comprendre comment elle peut être là, en chaire quand elle est censée être devenue fantôme. Les détails sur la mort de Prue, il ne les a pas connus. Son cœur se serre, donc, quand elle est évoquée comme ayant été brutale. Une boule se forme dans sa gorge, une autre, dans son estomac. Il ne veut pas y penser comme ça. Il refuse l’idée que Prue ait pu souffrir, d’une quelconque façon. Son cœur finit par se briser, explosion de sentiments. Il y a une part de colère qui se façonne, au fond de lui, contre ce démon qui a ôté la vie à la seule personne au monde qui n’aurait jamais dû connaître un tel sort. Il y a du regret. De ne pas avoir pu l’aider à appréhender sa vie dans l’au-delà. Il y a de la tristesse, en voyant les traits de Prue se tendre, la douleur se lire sur son visage. Il voudrait pouvoir dire, ou faire, quelque chose, mais il ne sait pas quoi. Il n’est pas certain que toutes les phrases du monde, ou tous les gestes, puissent arranger les choses. « I – » Il se tait, inspire, le cœur en vrac. « I wish I had been there, you know… » Pour l’aider à accepter, pour ne pas la laisser seule. Ou même juste pour être là. Auprès d’elle. Là où sa place semble toujours avoir été. Il a des regrets, Andy. Et s’il avait pu savoir que les choses se passeraient ainsi, alors il aurait sans doute insisté auprès des Fondateurs pour rester vers Neverland. Et tant pis pour leurs règles stupides. Il aurait voulu l’aider à encaisser ce deuil contraint. L’aider à ne pas culpabiliser. L’aider à avancer. Sans lui. Sans possibilité d’avenir, pour eux. « I would have been surprised if you hadn’t watch their back. » L’aînée. Il sait qu’elle a toujours eu un œil sur ses petites sœurs, et encore plus après le décès de Patty. Il l’a vue. L’a aidée, parfois. Et s’il ne pouvait pas toujours être présent pour l’aider à dompter Phoebe et son caractère fort, il était là pour écouter Prue quand elle en avait besoin. L’ami avant d’être le petit-ami. Il voudrait l’enlacer, la bercer. Il n’en fait rien. C’est à son tour, de parler de son expérience post-mortem. Les mots lui viennent. L’objectif des Fondateurs, il l’ignore. Mais il évoque tout de même la mission qui lui a été désignée. Pourquoi lui ? Il n’en sait rien. Paige, il ne l’a connait pas. A la réaction de Prue, Andy comprend que celle-ci sait. Lentement, il acquiesce. « Oui. Je suis… Well, je suis son être de lumière. » Petit sourire. Il sait qu’il va avoir beaucoup de travail à accomplir pour la sortir des bras du mal. Il l’a vue. L’a constaté. « Tu l’as croisée ? » Il espère que c’est le cas. Son instinct d’inspecteur ne l’a jamais vraiment quitté. Il a envie de savoir ce que l’aînée des Halliwell a pensé de sa cadette. Si elle a pu apprendre quelque chose sur elle qui puisse l’aider. Les aider. « Did you know about her ? » Son existence. N’importe quoi. Il ne sait pas tout, il en a conscience. Mais il ne sait pas si Prue en sait davantage ou s’il devrait plutôt s’adresser à Piper et Phoebe – les sœurs qui la connaissent. Ses doigts jouent encore avec une mèche de cheveux brune tendrement, une habitude qui date déjà du lycée. Ses yeux détaillent ce visage adoré, chéri pendant de si longues années, à jamais gravé dans son esprit. Et l’aveu quitte ses lèvres de lui-même. Ses sentiments, ils sont là. Toujours. Il ne s’imagine pas vivre sans, il ne s’imagine pas en aimer une autre. Sa main finalement se dépose sur la joue de la sorcière. Les mots de Prue l’apaisent. Le rassurent. Lui rappellent tout cet amour éprouvé pour elle depuis bien longtemps. Alors il se penche pour l’embrasser. Une seule vague de douceur, de bonheur absolu. Un melting-pot d’émotions qui le font retourner des années plus tôt. Les lèvres, finalement, se séparent. Prue gigote, Andy fronce les sourcils avant de laisser un sourire prendre possession de ses lèvres quand elle se calle contre lui. Automatiquement, son bras libre vient l’entourer. Geste protecteur. Il pose le menton sur le crâne de Prue, enfoui son nez dans ses cheveux pour respirer leur odeur. Il resserre l’étreinte autour d’elle quand elle prend la parole, s’excuse pour un geste contre lequel elle n’aurait pu faire. Il ferme les yeux, lui transmet son amour par sa présence contre elle. « I’m here now. That’s what matter. Just… Let’s forget about the past, alright ? » Mettre de côté les douleurs passées, les mauvais souvenirs. Se concentrer sur l’instant présent pour en profiter pleinement. « We’re both here, and that’s what’s important. I am here and I don’t plan on leaving you ever again. » Il la serre toujours un peu plus, laissant une main caresser l’un de ses bras lentement. Ne plus partir. Forcé ou non. Il ne veut plus la quitter. Passer sa vie sans elle, ça lui paraît impossible.

Souvent, elle s'était attardée sur cette question, en silence, dans ses moments de solitude. Qu'aurait été sa vie si Andy n'avait pas quitté ce monde aussi vite ? Tant de scénarios s'étaient créé dans son esprit, qui parfois prenaient vie dans ses songes. Elle ne le saurait sans aucun doute jamais. Elle avait toujours culpabilisée, avait remis la faute sur elle. Si elle était intervenue plus rapidement...Son coeur se serrait, le regard attristé. Certes, il était à nouveau là, à ses côtés, mais ils avaient perdu tant d'années, lui encore plus qu'elle. Un fin sourire à ses paroles, ne pouvant tout de même s'empêcher de se sentir responsable. Elle voyait encore son visage, les yeux ouverts, sans le moindre signe de vie qui naviguaient dans ces prunelles où elle avait tant aimer se perdre autrefois. Puis, Prue s'était dirigée sur le sujet de sa propre mort. Ce n'était toujours pas évident d'en parler, de mentionner ce sujet délicat qui l'avait hanté dans l'au-delà. Si elle avait fais le choix de ne pas revenir en tant qu'esprit, c'était en partie pour préserver ses soeurs de son souvenir et aussi car une partie d'elle n'était pas prête à revenir, à voir ce monde d'une manière différente. Elle n'intervenait que de temps à autres, inconsciemment, invisible aux yeux de celles pour qui elle avait donnée sa vie. Savoir qu'Andy n'était guère loin durant tout ce temps, la pesait, l'incompréhension se mêlant à ce sentiment d'injustice. Pourquoi les Fondateurs ne les avaient-ils pas réunis ? Elle pensait le revoir dans l'au-delà, auprès de Penny et de sa mère, mais il n'en fût rien. Lui aussi selon ses mots auraient souhaité qu'ils puissent être ensemble, à nouveau. Elle poussait un léger soupir avant de s'intéresser au sujet de sa plus jeune soeur. Oui, elle l'avait effectivement croisée, un face à face peu agréable, au sein même du manoir. Une manipulation que Paige avait effectuée envers elle, lui faisant croire qu'elle regrettait ses actes quant la réalité était bien plus amère. Apprendre qu'Andy était son être de lumière la surprenait, quoique, cela  expliquait pourquoi il était revenu, peut-être qu'ils avaient le même objectif après tout, celui de faire revenir la plus jeune des Halliwell du bon côté. « Oui, je l'ai croisée. » Elle se tendait légèrement à sa mention, n'entrant spécialement dans les détails de cette rencontre qui avait mal tournée. « Je ne sais pas comment elle était auparavant, du moins, je peux juste me baser sur ce que mes soeurs m'ont dis d'elle. J'ai quelques brides de souvenirs liés à l'autre côté, mais c'est très flou... » Elle se redressait légèrement, lui coulant un simple regard, une certaine animosité mêlée à de l'inquiétude liée à cette soeur qui ne souhaitait plus que succomber dans les ténèbres. « Je n'en sais pas plus que toi j'imagine, tout ceci est également nouveau pour moi. » Elle aurait aimée que les choses soient différentes, que Paige et elle puissent apprendre à se connaître dans des circonstances différentes et si effectivement c'était en partie à cause d'elle qu'elle avait sombrée dans le mal...Elle soupirait. Elle ne voulait pas parler de ça maintenant. Elle voulait profiter de lui, rattraper le temps perdu dans l'étreindre de ses bras. Un instant de tendresse, un baiser de quelques secondes avant qu'elle ne se blottissait contre lui, écoutant la douce mélodie de son rythme cardiaque, sa respiration régulière caressant sa chevelure, son bras qui entourait sa taille, inspirant profondément cette eau de Cologne qui lui était si familière. C'était comme si ils n'étaient jamais parti, qu'ils avaient toujours été présents durant ces longues années écoulées. Puis ces quelques mots d'excuse qu'elle soufflait dû à sa mort. Si il n'avait pas connu leur monde...Sans aucun doute qu'il serait encore en vie. Mais il était vrai qu'il était là à présent et qu'il était temps de fermer la page du passé. Elle était prête à le faire, à avancer, prendre cette nouvelle chance qui leur était offerte. Elle relevait légèrement son visage vers le sien, percevant la sincérité dans son regard. Si il lui arrivait à nouveau quelque chose...Elle n'était pas certaine qu'elle pourrait s'en remettre cette fois-ci, mais elle sourit, malgré tout, laissant les pensées sombres de côté. « Tu n'as pas le choix de toute façon. » Elle observait ses traits durant un instant, laissant son pouce se perdre sur le recoin de ses lèvres en une tendre caresse. « Je ne te laisserais plus partir. » Une promesse qu'elle murmurait, à lui et à elle-même, promesse qu'elle tiendrait coûte que coûte avant qu'elle ne reprenait sa place dans ses bras. Le manoir était étrangement silencieux, elle ignorait où ses soeurs se trouvaient en cet instant. « Tu as déjà croisé mes soeurs depuis ton retour ? » Par ses soeurs, elle entendait non seulement Piper et Phoebe mais également Paige, bien que les deux premières lui auraient certainement dis ou bien elle était effectivement la première personne qu'il avait revu depuis son retour dans le monde des vivants. Elle plongeait ses prunelles dans les siennes, attendant sa réponse,  le bout de ses doigts caressant avec lenteur sa joue.

Il y a l’air qui s’électrise alors que Paige est mentionnée. Andy, il ne sait pas à quoi il doit s’attendre, de la part de l’aînée des Halliwell. Il ignore si elle l’a rencontrée, si elle a entendu parler d’elle, si elle a déjà une opinion à son propos. Mais quand il la voit se renfermer sur son visage, quand il la sent se tendre, il sait que mentionner cette demi-heure qui a basculé, ce n’est pas une très bonne idée. Il ferme les yeux, désolé pour Prue. Déçu, peut-être, aussi, de s’apercevoir que ce qu’il craignait est déjà là. Il en a eu un aperçu, quand il s’est rendu à l’appartement de Paige, quelques jours plus tôt. Il l’a entendue s’adresser à d’autres, il l’a vu briller par la noirceur qui se dégageait d’elle. L’espoir, pourtant, il a continué de l’avoir. Il voulait continuer de se dire que ce n’était peut-être qu’une façade, un aperçu biaisé – personne ne peut devenir aussi mauvais en un si court laps de temps. Andy, il n’y croit pas. Quelque chose s’est forcément passé pour qu’elle ait pu atteindre ce degré de méchanceté et de ténèbres. Comme Prue ne fait pas mine de vouloir détailler sa rencontre avec sa sœur, l’être de lumière n’insiste pas. Il sait qu’elle lui en fera part quand elle le désirera, quand elle aura peut-être réussi à surmonter ce que ça semble avoir été. Il accepte donc le silence qui suit avec résignation, lui caressant le bras légèrement – il comprend. Quand elle reprend, il écoute, acquiesce finalement, les lèvres serrées. C’est donc auprès de Piper et de Phoebe qu’il doit chercher des renseignements – des indications sur comment tout a commencé. A quel moment Paige a-t-elle déraillé à ce point, pour quelle raison. Il la sent bouger et il baisse le regard pour croiser le sien. Il est perturbé parce qu’il y voit – c’est rare que Prue se laisse submerger par les émotions à ce point. Dérouté, il reprend pied à travers ses mots. Ses sourcils se froncent. « Nouveau ? Depuis quand es-tu… ? » Undead, mais le mot est encore trop terrible pour être prononcé. Il préfère le taire, encore une fois. Est-ce une coïncidence s’ils ont tous les deux été renvoyés à Neverland à la même période ? Andy se pose la question ; le hasard, il sait que ça n’existe pas vraiment. Que, bien souvent, les Fondateurs sont derrière, avec leurs rires sous cape et leur savoir qu’ils tiennent bien secret. La sorcière semble tellement concernée par l’état de sa cadette qu’il n’ose pas lui poser d’autres questions, à son sujet. Ça attendra Piper ou Phoebe – les deux serait encore mieux. Il l’enlace quand elle vient se blottir contre lui, profite de cette étreinte qui, s’il doit être honnête, lui a terriblement manquée. Les regrets surgissent à mi-voix, lui étreignent le cœur. Sa gorge se noue ; il refuse que Prue puisse se sentir coupable de ce qui lui est arrivé. C’était inévitable et cette journée en particulier le leur a prouvé. Il y a des choses qui ne peuvent être modifiées. Sa mort en faisait partie. Il l’a accepté, résigné, mais il s’aperçoit que ce n’est pas le cas de la sorcière, contrairement à ce qu’il pensait. Et l’idée qu’elle ait pu se blâmer pour quelque chose qu’elle n’a pas fait lui est insupportable. Il ferme les yeux, avec l’envie irrépressible de lui rappeler que ce n’est en rien sa faute – qu’il a choisit de l’épauler dans son combat contre les démons et de venir au Manoir alors même qu’elle lui avait demandé de ne pas le faire. Il connaissait les risques encourus, il les a ignorés. Parce que la savoir en danger le tourmentait – il voulait la protéger et une part de lui est heureuse d’avoir péri pour la sauver. Un sacrifice sans doute inévitable, bien que douloureux. Il la connait toutefois trop bien pour savoir que ses mots ne parviendront pas à la rassurer. A la place, donc, il préfère lui promettre sa présence à partir de ce jour. Le présent, c’est ce sur quoi il leur faut se concentrer. Est-ce qu’ils doivent le prendre comme une autre chance ? Il n’en sait rien, mais Andy est prêt à tenter l’aventure. Il sait que c’est Prue, il a toujours su que ce ne serait qu’elle. A sa première réponse, il a envie de laisser échapper un rire, mais le regard qu’elle braque alors sur lui le coupe dans son élan – le sourire, il l’aura tout de même, juste moins amusé. « J’en ai pas l’intention, » souffle-t-il sur le même ton avant de déposer un baiser sur son front et de l’enlacer. Plus jamais. Ce n’est pas dans ses plans et il sait qu’il a une mission à accomplir, même s’il n’arrive toujours pas à la saisir entièrement. Il passe une main dans les cheveux de Prue avec tendresse, secoue la tête. « Je n’ai pas encore vu Piper et Phoebe. J’étais justement venir pour les voir, en réalité. » Leur annoncer son retour, leur faire part de toutes ces années qu’ils ont passé loin les uns des autres. « Je suppose qu’elles ont du pas mal changé depuis la dernière fois. » Cette fois-ci, le rire s’échappe de lui-même. Il a l’image d’une Phoebe au caractère de feu, à la recherche de son indépendance et d’un avenir véritable et d’une Piper avec encore peu de confiance en elle, trop effacée par rapport aux deux autres. Il se rembrunit toutefois quand il a une pensée pour Paige. Il déglutit. « J’ai rencontré Paige. » Evidemment. Elle est sa protégée, sa mission, la raison pour laquelle il est de retour. Il est allé à sa rencontre, pas préparé – il ne refera plus cette erreur. « Elle a un sacré caractère. » C’est tout ce qu’il trouve à dire. Il ne veut pas blesser Prue par une opinion qu’il s’est fait sans doute trop rapidement. Il baisse brièvement le regard vers la sorcière, laisse sa main glisser pour attraper la sienne et lui serrer les doigts. « On la ramènera. » Il n’en est pas convaincu, mais c’est son devoir et il n’a pas l’intention de faillir à celui-ci. Parce qu’une Halliwell se doit d’être du côté des êtres bénéfiques.

Elle était revenue d'entre les morts et ce sans la moindre explication. Elle s'était réveillée dans le grenier du Manoir, auprès de ses deux soeurs, comme si elle n'était jamais partie, avec encore les souvenirs de sa mort si violente et quelques brides de l'au-delà. Elle n'avait pas compris et ne comprenait toujours pas comment sa résurrection avait pu être possible, mais qu'Andy soit également présent et en vie n'était une coïncidence, elle en était certaine. Les Fondateurs avaient du les ramener pour un but précis, sans doute pour Paige. Qu'adviendra t'-il une fois qu'ils auront remplis leur mission ? Elle n'osait y penser, se concentrant sur l'instant présent, écoutant ses paroles, des mots qu'il n'arrivait à dire une nouvelle fois, qui concernaient cette mort qui l'avait frappée avant tant de brutalité, une mort dont elle n'avait su se remettre directement, traumatisée par cette dernière. « Pas longtemps, seulement quelques jours. » souffla t'-elle en plongeant son regard dans le sien. « C'était étrange...J'étais morte, comme en sommeil et puis...J'ai entendue leurs voix, celles de mes soeurs. Elles semblaient si désemparées...Et soudainement j'étais là, devant elles, sans trop savoir comment. » expliqua t'-elle en laissant son index parcourir l'épiderme du brun avec une certaine tendresse. « En plus d'avoir retrouver mes pouvoirs, j'ai découvert que j'étais également devenue un être de lumière. » Sans avoir de protéger, du moins, elle n'avait pas encore connaissance de ce dernier. Tout avait tellement changé depuis sa réapparition et elle devait encore apprendre à maîtriser ses nouveaux pouvoirs en plus d'avoir retrouver les siens, mais ses pensées s'éloignaient de ce sujet pour se concentrer à nouveau sur Andy. Non elle ne le laisserait plus partir, il était même hors de question qu'elle puisse envisagé cette possibilité de le voir disparaître à nouveau. Elle se battrait pour lui, pour qu'il reste en vie et dans son existence. Elle frissonnait au contact de ses doigts dans sa chevelure, ne cessant de mirer son visage, capturant ses traits du regard, immortalisant ce moment qui était leur, des moments qu'elle espérait encore vivre dans le futur. Il lui annonçait alors qu'il n'avait encore eu l'occasion de revoir ses soeurs, qu'il était venu dans ce but, ne s'étant pas attendu à ce que ce soit Prue qui l'accueille. Cela serait certainement une surprise de taille, tout comme son retour impromptu. Elle essayait d'imaginer leurs réactions à l'avance, un sourire amusé se peignant sur ses lèvres aux visages surpris, choqués et puis si heureux des deux Halliwell, une fois qu'elles sauraient qu'elle n'était pas la seule à être de retour. Elle laissait échappé un rire à sa remarque, lui coulant un regard complice. « Beaucoup de choses ont changées depuis que nous sommes... » Elle n'arrivait à dire ce mot fatidique, se rattrapant aussitôt. « Je ne suis même plus l'aînée pour te dire. Au moins, je ne serais plus celle qui doit gérée constamment leurs bêtises, Piper a ce privilège. » Une plaisanterie pour détendre l'atmosphère. « Elles m'ont terriblement manquées. » Une confession, une évidence, posant à nouveau son regard dans le sien, se redressant légèrement. « Comme tu m'as manqué. » Un murmure contre ses lèvres qu'elle possédait à nouveau avec tendresse, un baiser qu'elle fit duré de longues minutes, jusqu'à en perdre son souffle, reculant légèrement son visage du sien tout en mordillant sa lèvre, passant son pouce sur son inférieure avec un sourire taquin et empli d'une certaine malice. Le sujet avait alors dévié sur sa plus jeune soeur, celle qu'elle avait eu l'occasion de rencontrer, une rencontre qui lui laissait un certain goût amer. Paige lui avait fait croire qu'elle avait changée pour ensuite dévoiler sa nature maléfique. Elle n'arrivait toujours pas à comprendre comment elle avait pu autant sombré dans le mal. C'était en grande partie sa faute, d'après ce qu'elle avait compris, elle qui avait été érigée comme la soeur parfaite. Elle était très loin de l'être. Elle relevait son regard vers Andy, lui qui avait rencontré sa plus jeune soeur. Il pesait ses mots et un sourire imperceptible se glissait sur ses lèvres, serrant ses doigts entre les siens avec douceur. « Elle a plus qu'un sacré caractère. » soupira t'-elle. « Mes soeurs m'ont expliquées comment elle était avant de sombrer dans le mal...J'ai du mal à l'imaginer. » Elle posait à nouveau son regard dans le sien à ses paroles, mais comme lui, elle n'était pas convaincue que cela pouvait être possible. « Tu crois qu'on y arrivera ? » Elle n'était pas défaitiste, mais la situation était très compliquée, mais elle ferait tout ce qui était possible pour ramener Paige de leur côté, mais pour l'instant, elle ne voulait y penser. Cela pouvait attendre quelques heures encore. Le silence résidait entre eux, avant cette question qui traversait ses lèvres mutines. « Tu penses que l'on peut reprendre là où on s'est arrêté avant que tu ne... » Sa gorge était serrée en repensant à sa mort, elle poussait un soupir, lui jetant un coup d'oeil, il avait sans doute compris où elle voulait en venir. Elle voulait saisir cette deuxième chance qui leur était donné, reprendre leur relation qui avait été déchirée après sa disparation et ainsi rattraper ce temps qui leur avait été injustement arraché.

Il ne se résigne pas à prononcer des mots trop sombres, surtout quand ils sont associés à celle qui lui fait face. Il préfère nier cette mort qu’il n’aura pas jamais connue, dont il n’aura jamais été le témoin, car c’est plus simple et moins douloureux. Mais il est curieux, et la question, il la pose avant qu’il n’ait pu vraiment y réfléchir. Il se doute pourtant que Prue n’est pas revenue depuis des mois – il l’aurait sans doute su, si ça avait été le cas – mais l’entendre le dire, c’est différent. Il l’observe tendrement, l’écoute alors qu’elle parle de son expérience incroyable, de sa résurrection inexpliquée avec un faible sourire. « Sans doute les Fondateurs. » C’est typiquement eux d’agir sans jamais chercher à s’expliquer, ou même prévenir les principaux concernés. « Ils ont dû entendre l’appel de tes sœurs et comme tu es toujours liée à elles, ça a du te toucher. Ils ont sans doute pensé que tu pourrais les aider et t’ont renvoyée. » Ses doigts enroulent une mèche de cheveux de la sorcière autour d’eux avant qu’il ne les relâche, sans rien perdre de son petit sourire doux avant d’arrêter ses gestes pour la dévisager. Il est surpris d’apprendre qu’elle est devenue, elle aussi, un être de lumière et, pendant deux secondes, il se demande même si c’est quelque chose de déjà vu ou si Prue, encore une fois, se révèle unique au monde. La surprise passant petit à petit et quittant ses traits, il laisse un sifflement lui échapper. « Tu ne cesseras jamais de m’impressionner, » qu’il laisse tomber avec un rire avant de relever les yeux vers elle. « Tu vas voir que le plus difficile quand tu veux t’éclipser, c’est l’atterrissage… Mais je suis sûre que tu t’en sortiras à merveille. » Il sait surtout qu’elle ne sera pas seule et que si elle a pu maîtriser ses pouvoirs de sorcière, ceux d’être de lumière lui sembleront sans doute dérisoire en comparaison. Sa main passe de nouveau dans les longs cheveux de Prue – ça fait longtemps qu’il ne l’a pas vue avec les cheveux aussi longs et s’il ne fait aucun commentaire à voix haute, il doit reconnaître qu’il adore. Il est question de lui brièvement, l’aînée Halliwell se montrant curieuse de savoir s’il a eu l’occasion de revoir ses petites sœurs et il répond par la négative. Il acquiesce au silence qui remplace le mot funeste – il comprend ce qu’elle veut dire. Il ouvre la bouche quand Prue remarque qu’elle n’est plus vraiment l’aîné et un rire lui échappe, à moitié stupéfait. « Mais oui, Piper doit être plus vieille maintenant. Et Phoebe… Phoebe doit avoir notre âge. Enfin mon âge… Wait. T’as quel âge ? » Il plisse les yeux alors qu’il essaie de calculer ; lui non plus, n’est plus le vieux, maintenant et c’est étrange à admettre. « Mais tu as dépassé les trente ans, uh ? Alors, ça fait quoi d’embrasser un petit jeune ? » Il la taquine, un large sourire sur les lèvres alors qu’il observe son visage et il dépose une main sur son genou tendrement. Il a légèrement rapproché son visage, prêt à affronter tout ce qui pourrait sortir des lèvres de la brune par un baiser volé mais il n’en a pas l’occasion. Il lui caresse la joue doucement tandis qu’elle laisse une part de ses sentiments se dévoiler. « Tu m’as manquée aussi. Il ne s’est pas passé une journée sans que je pense à toi. Tout comme je suis certain que tu as beaucoup manqué à tes sœurs. » Il se permet de l’affirmer – il les connaît. Il connaît leur lien du sang, leur proximité, leur amour les unes pour les autres. Il se doute qu’accepter la disparition de leur grande sœur n’a pas dû leur être facile. Et le baiser, finalement, c’est Prue qui l’amorce. Andy pose une main au creux de sa taille, laisse le baiser s’éterniser avec l’espoir qu’il ne prenne jamais fin et sa seconde main, celle toujours dans les cheveux de la sorcière, se niche finalement sur sa nuque. Quand ils s’éloignent légèrement, il laisse son front reposer contre celui de Prue quelques secondes, pour savourer l’instant présent comme ils ne l’ont jamais fait par le passé. Il s’écarte pour aborder le sujet qui fait mal, qui fâche mais qui est toutefois essentiel. Prue, elle n’en sait pas tellement davantage, au final et Andy, il comprend qu’il devra parler à Piper et Phoebe s’il veut pouvoir en découvrir davantage sur celle qui est devenue sa protégée. Il a la gorge qui se noue et il répond à l’étreinte de leurs doigts enlacés par une faible pression et une promesse qu’il espère pouvoir être en mesure de tenir. Ses épaules se soulèvent et il réfléchit à la question qui lui est posée consciencieusement avant de lâcher un soupire. « Honnêtement ? Je n’en sais rien, mais je ferai tout pour y parvenir. Et puis bon… Ce ne serait pas la première fois qu’on voit des miracles se produire, n’est-ce pas ? » Ses lèvres s’étirent légèrement avant qu’il ne profite de sa main toujours logée sur son cou pour la rapprocher de lui afin de la serrer dans ses bras. Son regard se baisser pour se poser sur elle et il sait la tendresse et l’amour qui s’échappent de son regard. Il se consume de ces émotions depuis trop longtemps et malgré tout ce qui a pu les séparer, ils reviennent toujours l’un à l’autre. Dans leur ligne de vie, il sait que le hasard n’existe pas – alors il préfère croire au Destin. « Je pense qu’on a suffisamment perdu de temps comme ça, tu ne penses pas ? » Il lui écarte une mèche de cheveux de son visage. Il braque son regard dans celui de Prue, s’y plonge avec l’intention de s’y noyer sans doute. « I’ve never stopped loving you, Prue, » souffle-t-il, incapable toutefois d’admettre qu’il n’imagine pas un jour où il cesserait de l’aimer alors, à la place, il laisse son regard dérivé sur les lèvres de Prue. Une seconde n’est pas encore écoulée qu’il les capture une nouvelle fois. C’est tendre au début, à l’image de ses sentiments pour elle. Et les baisers s’enchaînent, se fond plus passionnés, plus longs aussi. Il y a le poids des années passées loin l’un de l’autre qui se rappelle à lui avant de s’envoler tandis qu’il approfondit le baiser. Ses bras se referment sur le dos de Prue. Il prend conscience du temps qui a, effectivement, été gâché entre eux ; de la maison vide aussi mais surtout du salon où ils sont toujours installés et qui n’est, il le sait pour l’avoir vécu à de nombreuses reprises dans ce même salon, pas le lieu le plus appropriés pour les démonstrations d’amour. Il encadre le visage de Prue de ses mains avant de les éclipser tous les deux dans son ancienne chambre, sans lâcher ses lèvres dont il ne se passe plus. Il ne s’éloigne que de quelques centimètres, à peine, pour prendre le temps de l’observer, de lui caresser la joue avant que sa main ne glisse le long de son bras, ne rejoigne sa taille qu’il caresse avec douceur et c’est alors qu’il fond de nouveau sur ses lèvres qu’il remarque des détails nouveaux dans la chambre. Sourcils froncés, il s’arrête dans son élan avant de tourner la tête tout autour d’eux – et de repérer des photos qui lui sont inconnues et de personnes inconnues et qui n’ont, il en mettrait sa main à couper, rien à voir avec Prue. « Ce n’est… Pas ta chambre, » qu’il remarque après une seconde de silence avant de tourner la tête vers elle.

Elle était songeuse, réfléchissait à ses propos, le nez plissé, son regard sombre perdu dans les méandres de la réflexion. Était-ce donc les Fondateurs qui avaient décidés de la ramener auprès de ses soeurs au vu de la situation avec Paige ? Si elle était ravie de retrouver sa famille et son homme, elle ne pouvait niée que le fait d'avoir son destin entre les mains des Fondateurs ne l'enchantait guère. « Sans doute. » Ce fût sa seule réponse, songeuse, se pressant un peu plus contre le corps du brun, un contact qui était une nécessité, qu'elle ne voulait rompre, comme si elle craignait que tout ceci n'était qu'un mirage, un rêve qui s'évaporerait une fois qu'elle s'éloignerait de son être en une réalité amère. Elle sentait ses doigts dans sa chevelure, jouant avec les quelques mèches sombres qui la composaient, prunelles qui s'attardaient sur son visage où une lueur admirative s'épanouissait dans son regard. « Ah oui ? » Un fin sourire éclairait ses traits tout en laissant échapper un petit rire à sa recommandation. « Et toi tu t'en sors comment dis moi ? » Elle arquait un sourcil, la moquerie et l'interrogation s'inscrivaient sur ses traits, le tout mêler en un amusement qu'elle ne songeait à feindre. « Peut-être que tu pourras me donner quelques cours particuliers. » Elle effleurait sa joue de ses lèvres, un contact infime et éphémère. Ensuite vint le sujet épineux de l'âge. Elle n'était désormais plus l'aînée, Piper ayant ce rôle délicat qu'elle lui laissait volontiers. « Phoebe a trente et un an. » précisa t'-elle en un sourire. « Tout comme moi. » Un âge qui avait été figé, des traits qui étaient restés jeunes, préservés de la vieillesse par une mort qui l'avait fauchée bien trop tôt, tout comme pour lui. Elle riait à nouveau à sa remarque, lui donnant une légère tape sur le torse. « Hey ! On a que deux ans de différence, je ne suis pas une cougar. » Elle resituait son âge, du moins celui qu'il avait lors de son décès brutal. « Mais c'est vrai que tu es à présent l'un des petits jeunes de l'entourage Halliwell. » Elle frissonnait au contact de sa main posée sur son genou, son regard ne quittant le sien. Elle souriait à ses propos, n'hésitant à dévoiler ses sentiments, ceux qu'elle avait tant combattu à l'époque pour garder son secret, pour le garder hors du monde de la sorcellerie. Parfois, après sa disparition, elle avait regrettée de l'avoir mis dans la confidence, regrettée qu'il s'était mêlé à sa vie, de l'avoir aimer, d'avoir eu l'infime espoir d'avoir un futur avec lui. Si elle l'avait repoussé un peu plus peut-être qu'il aurait encore été là, mais elle ne voulait y songer, car elle l'avait retrouvé et elle ne comptait plus le laisser partir. Elle se battrait pour lui et pour leur avenir, cet avenir qui leur avait été dérobé bien trop tôt. Et puis, la question s'était envolée de ses lèvres, celle justement qui concernait les bases de leur relation, cette relation qu'elle souhaitait reprendre pour laisser une bonne fois pour toute le passé derrière eux, se détacher de cette culpabilité et de cette tristesse qui écrasaient encore son organe vital. Elle souriait, laissant l'amour inondé son regard ébène, prise dans une étreinte à laquelle elle répondait, ses doigts glissant le long de son dos, respirant profondément sa flagrance si familière. Elle fermait les yeux, un court instant, profitant de cette chaleur, de ses bras autour d'elle, de sa voix qui résonnait à son oreille en une douce mélodie, murmurant des mots rassurants, qui lui donnaient espoir pour la reconstruction  de ce qu'ils avaient été. Elle captait ses prunelles, s'y noyant, jusqu'à la déchéance, jusqu'à sentir ses lèvres contre les siennes en une dernière déclaration à laquelle elle répondait par le biais de ces baisers qu'ils s'échangeaient. La tendresse et la douceur devenaient passion et fougue, les emportant dans un tourbillon rougeoyant. Son rythme cardiaque devenait effréné, son souffle se raréfiait dans ses poumons, ne lâchant aucunement ses lèvres qui représentaient une charnelle addiction. Elle en oubliait le lieu, ses soeurs, tout. Il n'y avait  plus que lui. Qu'eux deux. Simplement eux. Elle sentait une légère brise, un effleurement, transportés dans un autre lieu, installés sur un lit au lieu du canapé. Il mettait fin à son baiser et elle l'observait, un sourire en coin berçant ses lèvres, rapprochant son corps du sien, glissant ses doigts sous sa chemise pour effleurer sa peau nue. Ils reprenaient un baiser endiablé mais dont le saveur était moindre que les précédents, lui faisant arqué un sourcil, observant à son tour la pièce, l'amusement scintillant dans ses iris. « Ca l'était. » Sa voix était légèrement enrouée, continuant ses légères caresses sous son haut, taquine. « C'est la chambre de Paige à présent, enfin c'était. » Depuis que sa petite soeur s'était tournée du côté du mal, ne vivant plus au manoir. « J'ai pris la chambre de Phoebe vu qu'elle n'habite plus au manoir. » Elle glissait les doigts de sa main libre sur sa nuque, mordillant légèrement son inférieure. « Mais bon, je doute que nous soyons dérangés donc... » Elle commençait à défaire avec lenteur les boutons de sa chemise, reprenant ses lèvres avec passion, se replongeant dans l'instant présent, sans plus se soucier du reste.

Les mots laissent leur place à la frénésie des baisers. Il y a tous ceux retenus de leur vivant, tous ceux volés à cause de leurs deux morts. Une main plongée dans les cheveux bruns de Prue, l’autre la ramenant toujours au plus près de lui, Andy oublie tout ce qui les entoure l’espace d’un instant pour ne se concentrer que sur elle, celle qui est revenue par un miracle qu’il n’aurait sut espérer. La chaleur qui se dégage du corps de la sorcière est pourtant bien réelle et il ne l’apprécie qu’encore davantage tandis qu’il approfondit le baiser avant de reprendre pied avec un pan de la réalité. Le salon, dans le Manoir des Halliwell. Il profite de ses pouvoirs d’être de lumière – et de s’être suffisamment habitué à s’éclipser pour être certain de ne plus rater l’atterrissage – pour les éclipser tous deux dans ce qui est, dans son souvenir, la chambre de Prue. Sa main droite descend le long du bras de la sorcière lentement, se niche à sa taille alors qu’ils se retrouvent à présent allongés sur le lit, lui la couvrant de son corps, le rythme cardiaque s’accélérant à mesure que les baisers devenaient de moins en moins tendres, de moins en moins chastes. Jusqu’à ce qu’il se rende compte que la chambre est bien différente de ses souvenirs et que si la configuration rappelle vaguement la pièce qui avait appartenue à la jeune femme, les meubles et les photo le sont nettement moins. Il obtient confirmation par les paroles de Prue et, par un réflexe, Andy fait mine de s’écarter un peu davantage, soudainement beaucoup moins confiant sur le fait que ce soit une bonne idée de continuer dans leur lancée, alors qu’ils sont dans la chambre d’une autre – et celle qui aura manqué de le tuer qui plus est. Mais les mains de Prue sont toujours glissées sous sa chemise et le retiennent jusqu’à ce qu’il esquisse un sourire du bout des lèvres et qu’il n’abdique totalement. Elle n’a pas tort, qu’il se répète silencieusement avant de s’abandonner à ses baisers brûlants. Il a vite fait d’oublier que cette chambre est celle de Paige. L’une de ses mains relève le haut de Prue lentement, en profite pour caresser sa taille avant de continuer son ascension ; ses lèvres, elles, lâchent finalement celles de la jeune femme pour descendre parsemer son cou de baisers ardents. Il s’enivre de son odeur si familière, il se rappelle sa peau et de son corps comme s’ils ne s’étaient jamais quittés, comme s’ils n’avaient jamais eu à être séparés. Il se redresse légèrement pour lui retirer le haut qu’il jette négligemment dans un coin de la pièce avant de l’envelopper dans ses bras, une main glissée dans son dos. Par instant, il a conscience de l’embrasser comme si elle pouvait disparaître, de la serrer contre lui comme s’il en allait de sa survie. A d’autres moment, il va jusqu’à oublier son prénom tant il cherche à se fondre en elle. Ses doigts parcourent sa taille, se laissent parfois traîner en une caresse tendre avant qu’il ne colle leurs deux bassins l’un contre l’autre, entravés par leurs vêtements. Une part de lui voudrait la dénuder sans plus de préambule, impatient de ne pouvoir faire plus qu’un avec celle qu’il adore au-delà du raisonnable ; mais l’autre part de lui, la plus responsable sans doute, aimerait faire perdurer cet instant qui n’appartient qu’à eux durant des heures. Et puis, finalement, au Diable la responsabilité – il l’avait dit lui-même, ils avaient déjà assez perdu de temps comme ça. Ses lèvres glissent de nouveau dans le cou de Prue quand ses doigts viennent jouer avec le bouton du jean de la sorcière. Andy parsème le ventre de la jeune femme de baisers avant de revenir posséder ses lèvres passionnément. C’est un ballet de bouches, de langues et de dents mais il n’est plus en état de réfléchir correctement alors qu’il se colle encore un peu plus contre elle, que leurs peaux frottent l’une contre l’autre et l’électrisent jusqu’à ce que le pantalon de Prue, finalement, n’aille rejoindre les vêtements déjà amoncelés sur le sol et qu’il ne permette à l’une de ses mains de descendre jusqu’à ses cuisses qu’il caresse. Il voudrait pouvoir avoir les mains sur tout son corps à la fois, fusionner. A la place, il se contente de se satisfaire de ses deux mains sur son corps, de celles de Prue sur le sien, et de se perdre, la tête comme envahie par un millier d’étoiles tandis qu’elle ravive des sentiments qu’il avait fini par oublier après toutes ces années. Sa respiration se fait plus brève à chaque nouveau baiser brûlant qu’ils échangent, une jambe se glissant entre celles de Prue tandis qu’une de ses mains vient soulever la cuisse de la jeune femme comme pour l’inviter à se plaquer contre lui. Il retient un soupir d’extase contre les lèvres de la sorcière et quand, finalement, il n’y a plus aucun vêtement pour s’interposer entre eux, il l’embrasse plus tendrement avant de se glisser entre ses cuisses. Il se laisse aller à ses désirs, s’attardant sur les mouvements de Prue, attentif à ce dont elle a besoin, à ce qu’elle aime.

Elle était extasiée et fébrile des prémices d'un plaisir qui inondait ses veines. Elle n'aurait pu le concevoir qu'à nouveau, elle serait contre lui, à sentir sa flagrance familière, à effleurer sa peau du bout des doigts, à embrasser chaque parcelle de son épiderme qui se dévoilait sous cette chemise déboutonnée, dont elle écartait les pans avec une certaine impatience, laissant son pouce retracé les fines lignes de sa musculature. Les souvenirs fusaient dans son esprit, ceux de moments intimes qui appartenaient à un passé révolu et trop douloureux, un passé duquel elle ne souhaitait se rappeler dans cet instant qui n'appartenait qu'à eux. Le désir irradiait dans son bas ventre, intensifiant ses baisers et caresses, dents qui mordillaient les lèvres de son amant, se débarrassant de cette chemise encombrante qui vint rejoindre son haut abandonné sur le sol. La sensation de sa peau contre la sienne la faisait frémir avec violence, un contact qui lui tirait un profond soupir, se cambrant légèrement sous l'effet de baisers qui lui faisaient perdre la raison. Elle en oubliait le lieu, enfermée dans ce cocon protecteur qui les éloignait ainsi d'une réalité à laquelle elle ne souhaitait plus appartenir en cet instant. Elle ne voulait que lui et uniquement lui, enhardie par ses baisers, par ses caresses, de légers gémissements se répercutaient contre son épiderme qu'elle mordillait, laissant ainsi de fines traces rougeâtres qui n'étaient qu'éphémères, qui finiraient par se volatiliser dans quelques heures. Elle savourait chacun de ses baisers, chacune de ses caresses, goûtant à la texture de ses lèvres, se perdant dans l'érotisme de l'instant. Elle défaisait sa ceinture, retirant le pantalon de son homme, de sa moitié, celui qu'elle avait pensé ne plus jamais revoir et qui était à présent là, avec elle, partageant cet instant unique et intime. Submergée par le désir, elle se laissait allée à ses propres envies, se noyant dans ce flot d'émotions qui se répercutaient dans ses prunelles claires. Elle captait son regard, s'y ancrait, ses doigts glissant le long de sa joue imberbe, mémorisant chacun de ses traits dans son esprit survolté. L'air était brûlant, les derniers vêtements furent retirés et ils s'unissaient, un amour qu'ils se dévoilaient aux travers de ses gestes lents et tendres. Elle se sentait revivre dans l'étreinte de ses bras, à sentir son souffle se répercuter contre sa peau, sentir son épiderme effleuré le sien à chacun de ses mouvement. Et elle se perdait corps et âmes dans cette étreinte jusqu'à atteindre ce septième ciel tant désirer. Le souffle court, les membres détendus, elle possédait une nouvelle fois ses lèvres, des lèvres qu'elle n'arrivait plus à quitter, laissant sa langue effleurée son inférieure, ses ivoires s'y implanter, soupirs qui se mêlaient aux siens, leurs corps nus camouflés par ce drap qui les recouvrait. Ses doigts dansaient contre sa colonne vertébrale, caresses subtiles pour ranimer ce feu ardent, car elle ne comptait le laisser partir avant quelques heures, désirant l'étreindre encore et encore, jusqu'à ne plus avoir de souffle, jusqu'à tomber de sommeil. Au fond d'elle, Prue avait encore la crainte que ce n'était qu'un doux rêve duquel elle ne voulait s'échapper, ainsi elle souhaitait profité de sa présence et rattrapée ces longues années perdues, mais alors qu'elle retraçait la courbe de sa mâchoire de ses lèvres, elle se figeait en apercevant une silhouette spectrale qui s'esquissait dans la chambre, une lueur rieuse dans ces prunelles si familières. « Andy... » souffla t'-elle d'une voix enrouée pour capter son attention, partagée entre l'amusement et une certaine gêne que sa grand-mère décidait de débarquer à ce moment précis. Depuis combien de temps même était-elle présente ? « On est pas seuls. » Ce n'était qu'un murmure seulement audible par lui avant de se redresser légèrement, le drap camouflant sa nudité, un drap qu'elle serrait contre elle. « Grand-mère... » Elle laissait échappée un fin sourire, légèrement crispé, remettant une mèche de cheveux derrière son oreille, se promettant mentalement que la prochaine fois, elle mettrait un sort de protection dans toute la pièce pour éviter qu'un quelconque intrus puisse pénétrer les lieux et surtout et spécifiquement Penny

Il se perd dans ses émotions, dans ce corps qu’il chérie, dans cette passion qui les dévore. Il se noie sous les caresses de Prue, picore son cou de baisers mouillés, de baisers multiples, de baisers de braise. Il capture ses lèvres, laisse ses mains danser sur sa peau nue, suivre ses formes et puis, il la ressent. Cette intensité qui éclate à l’intérieur de lui, qui sombre dans ses pensées floues et qui laisse son cœur retomber avec cette joie et ce plaisir qu’il n’a plus ressenti depuis trop longtemps. Le souffle court, il esquisse un sourire, passe une main dans les cheveux de la sorcière avec tendresse, répond au baiser qu’elle a initié avec autant d’ardeur. Il sourit contre ses lèvres parce qu’il la sent joueuse, déjà prête pour un second round – non pas qu’il se plaigne, vraiment. Ils ont trop perdu de temps, il le pense sincèrement et il sait qu’il ne pourra plus jamais se passer de ce corps, de leurs étreintes, de sa présence. Il est en addict, fou, et il en redemande sans doute autant qu’elle. Il plonge sur ses lèvres et c’est un ballet de langues avant qu’il ne s’en éloigne pour descendre dans son cou, avec un seul objectif en tête que celui d’aller finalement titiller sa poitrine, mais elle l’oblige à relever la tête et ce sont leurs lèvres qui se retrouvent. Il l’aime et ça n’a jamais été plus évident qu’en cet instant. Là, alors qu’ils sont nus, serrés l’un contre l’autre, déjà prêt à retrouver leur amour charnel à peine consommé. Il grogne contre ses lèvres alors qu’elle cherche à attirer son attention ailleurs – mais il est trop tard, parce que son attention, elle l’a entièrement et il a bien l’intention de le lui prouver. Il approche de son sein quand les mots qui suivent le figent. Il redresse la tête pour l’observer et n’ose qu’à peine tourner la tête. Il ignore s’il est soulagé de reconnaître les traits de Penny plutôt que ceux d’un potentiel ennemi – ou, pire, de Phoebe – mais ce n’est que passager parce qu’il croise son regard. Et là, il sait. Qu’il est un être de lumière mort. Et que jamais, jamais, il ne parviendrait à faire oublier à Penny cette scène. Le sourire qu’elle arbore, loin d’être gêné note-t-il au passage, vient confirmer son impression. « Well, je dois dire que je m’inquiétais pour ton retour parmi les vivants, Prue, mais je vois que tu t’en es très vite remise. » Dans un geste qu’il sait être aussi stupide que vain, il relève son bras pour cacher la vue de Penny sur le corps de Prue et, de son autre, il s’efforce de remonter le drap sur eux. Mais il a toujours été persuadé que la grand-mère Halliwell était capable de voir à travers les objets. « Bonjour Andrew. » Il sent le rouge envahir son visage, les mots se bloquer dans sa gorge tandis qu’il aimerait pouvoir juste disparaître, se fondre dans le décor, se faire oublier, ne serait-ce qu’un instant. « Penny…, » qu’il souffle difficilement, la voix étranglée, prêt à se cacher derrière Prue si jamais la sorcière tente de lui jeter un sort – ou pire, de l’assassiner en bonne et dûe forme. « Don’t be so shy, Andrew. Je sais comment sont faits les bébés, vous savez. » Sa gêne augmente encore d’un cran bien qu’il est persuadé que ça ne puisse pas être possible et il enfonce la tête dans l’épaule de Prue. « Je venais seulement prendre des nouvelles de ma petite-fille. » Pourquoi est-ce qu’elle insiste tant sur ce lien de parenté, Andy l’ignore mais, soudain, il se fait l’effet d’être ce gamin de sept ans que Peneloppe surveillait quand il venait demander si les filles pouvaient jouer avec lui. Ou, pire encore, celui de l’adolescent qu’il a été le jour où il a invité Prue pour la première, ou même pour leur bal de promo – auquel ils ne sont jamais allés et, good lord, Andy espère vraiment que Penny n’est pas au courant pour ça. « A priori elle semble être entre de très bonnes mains. Your mother will be please, Prudence. » Il redresse légèrement la tête, couve Prue du regard pendant deux secondes. Il doit reconnaître qu’elle a raison. « Bon, eh bien je ne vais pas vous déranger plus longtemps. Je serai là-haut au besoin. Oh, et, Andrew ? Les filles de cette famille ne prennent pas le nom de leurs époux en se mariant. » Elle s’évapore avec un air si faussement innocent qu’il ne peut que secouer la tête avant d’oser enfin respirer. Son visage s’enfouit dans le cou de Prue pour se remettre de son malaise plus qu’apparent. « La prochaine fois ? On va dans mon appartement. Une seule chambre et pas de fantôme, » qu’il marmonne contre la peau de Prue avec un gémissement. Il ne va jamais pouvoir oublier cette image et, vraiment, ce n’est pas quelque chose qu’il aurait aimé avoir – et il préfère ne même pas penser aux futurs repas de famille.

Elle aimait Penny, énormément même, mais cette dernière avait un don pour apparaître dans des situations souvent inconvenables et Prue se félicitait mentalement qu'elle ne soit pas apparue quelques minutes plus tard ou bien avait-elle assistée à la scène précédente, tapie dans un coin, invisible à leurs yeux qui n'étaient qu'ancrés l'un dans l'autre, profitant de cet instant qu'ils ne pensaient plus jamais pouvoir revivre ? Andy s'était redressé et sa gêne était perceptible à la vue de la femme qui trônait au pieds du lit, dont l'amusement irradiait son visage où s'étirait un sourire légèrement taquin. Prue resserrait la prise de son bras autour du drap qui camouflait sa nudité, laissant échappée un fin soupir, les prunelles rivées sur Penny, qui prit la parole, non sans lâcher une petite pique à l'égard d'une situation qui ne laissait aucun doute possible sur ce qu'il s'était produit quelques minutes auparavant. « Je vais très bien. » affirma t'-elle en une courtoisie légèrement amère que sa grand-mère dut remarquée car son sourire s'agrandissait face à son indolence passagère. Elle s'adressait ensuite au brun qui se figeait à ses côtés et l'ancienne aînée ne pouvait s'empêcher d'afficher un sourire amusé, quasi imperceptible face à la réaction de son homme, celui qui l'avait quittée bien trop tôt, dans un monde qu'elle n'avait suivi que bien plus tard, un monde où elle n'avait su le retrouver et ce malgré ce souhait qui avait jailli en elle au moment où la mort l'avait enveloppée. Ses doigts vinrent enlacés ceux d'Andy sous la couverture, une légère pression, comme pour s'assurer que tout ceci était bien réel, que ce n'était pas un fantasme ni un rêve, car Prue ne s'en remettrait guère si il venait encore une fois à disparaître, si elle s'éveillait pour soudainement s'apercevoir que ce n'était qu'une illusion, un affreux mirage construit par un esprit qui n'avait su guérir cette blessure vivace dans son organe vital. Elle chassait les pensées sombres pour se concentrer sur l'instant présent, sur une Penny qui n'avait remarquée l'ombre qui avait sillonné les obsidiennes de sa petite fille, où bien usait-elle d'humour pour dramatiser la situation et ainsi montrer que tout ceci était bel et bien réel. Elle grimaçait légèrement, secouant légèrement la tête, le souffle chaud du brun venant se perdre contre sa peau, la faisant frémir, elle qui ne quittant la silhouette de l’ancestrale Halliwell. « Encore une fois, je vais très bien Grand-mère, on pourrait peut-être reprendre cette discussion une autre fois ? » Penny ne peut s'empêcher d'user d'une nouvelle réplique qui fit levé les yeux au ciel à la sorcière, sachant que sa mère serait au courant d'un instant à l'autre de cette petite aventure, que sa grand-mère prendrait plaisir à raconter dans les moindres détails, mais elle avait le mérite d'être plus discrète, moins offensive. Et Penny quittait la pièce sous une dernière remarque qui résonnait étrangement dans son être, un sentiment qui ne durait qu'une poignée de secondes avant de laisser échapper un petit rire à la remarque du brun qui, elle était certaine, n'oublierait cette scène de sitôt. « Tu as de la chance que ce soit elle plutôt que Phoebe. » fit-elle remarquée en coulant un regard accusateur vers la porte close, comme si cette dernière allait apparaître d'un moment à l'autre ou qu'elle écoutait derrière le panneau de bois en quête d'informations croustillantes qu'elle ne manquerait de rappeler à sa soeur encore et encore. « J'ai hâte de cette prochaine fois dans ce cas. » Les intonations étaient sensuelles et elle guidait ses doigts pour retracer la courbe de sa mâchoire, redressant légèrement son visage, lèvres qui frôlaient les siennes pour ensuite initier un baiser mi-tendre et mi-passionné. Sa langue caressait la sienne, ses doigts se raffermissaient contre les siens, mais elle sentait sa raideur et son appréhension, mordillant sa lèvre, une lueur pétillante et légèrement taquine présente dans cette mer émeraude qui se noyait dans les orbes océanique de son amant. « Tu veux peut-être qu'on aille maintenant chez toi peut-être ? » souffla t'-elle avec un amusement qu'elle ne dissimulait, repoussant la couverture dans un soupir, en s'assurant au préalable qu'aucune présence indésirable ne se trouvait tapi dans un recoin de la chambre, pour ensuite glisser à terre et récupérer ses vêtements éparpillés sur le sol. Sa chevelure brune glissait sur ses épaules et elle se tournait vers Andy, un sourire en coin, une certaine joie de vivre inscrite sur ses traits, car elle pensait ne plus avoir le droit de ressentir ce bonheur un jour, émotions fulgurantes qu'elle n'avait jamais ressentie que pour lui, amour qui ne s'était jamais éteint dans un coeur atrophié par la souffrance de sa perte et noirci ensuite par une mort qui l'avait étreinte trop tôt et à présent, le futur s'esquissait, plus lumineux que jamais et ce avec lui à ses côtés.

Andy est certain qu’il n’avait jamais été aussi gêné, probablement jamais été aussi rouge aussi de toute sa vie. Il essaie de fermer les yeux pour oublier l’image du sourire de Penny Halliwell au pied du lit, de fermer les oreilles, également, pour ne pas entendre ses commentaires sur le couple qu’ils forment, sur leur position actuelle ou sur quoique ce soit d’autre – il n’a réellement pas besoin de la grand-mère de Prue en cet instant. Il relève la tête pour lancer un regard inquiet en direction de la sorcière qui, à priori, semble des plus amusées et il redouble de gêne, enfouissant le nez dans le cou de Prue avec l’espoir silencieux de disparaître. Tout simplement. Il sent les doigts de la jeune femme venir se nouer aux siens et il répond à son geste d’une pression délicate, sans vraiment comprendre si elle souhaite le rassurer sur la présence de Penny ou juste garder un contact physique. Et quand, au bout de ce qui lui a paru être une éternité, le fantôme de l’aïeul Halliwell disparait finalement, s’évapore totalement, il laisse sa tête retomber lourdement, se dissimule contre Prue qu’il garde contre lui avec un bras passé autour de sa taille avec une plainte. Le regard, il ne le relève que lorsque la sorcière lui répond avec toujours cet amusement au fond de la voix et Andy, les yeux écarquillés, secoue la tête. Préfère ignorer cette possibilité. « Si ça avait été Phoebe, on ferait sans doute déjà la une des journaux. » Ca, ou bien le reste de la maisonnée aurait été ramenée pour fêter le retour de l’un, de l’autre, de leurs retrouvailles aussi. Il préfère ne pas imaginer les dégâts si ça avait été celle qu’il a connue comme la cadette de la fratrie – Phoebe est chouette mais elle a une sacrée tendance au ragot et il n’en a vraiment pas besoin. Et surtout pas quand ils sont comme ça. Les doigts de Prue sur son épiderme lui tirent pourtant un sourire, effacent les probabilités de Phoebe et de ses gloussements. « Hmmm ? » Il voudrait la teaser, lui demander si elle compte lui faire perdre la tête dès le premier soir ou juste l’épuiser jusqu’à ce qu’il ne tienne plus mais il comprend ce qui la motive. Dans le fond, il éprouve la même chose. Cette envie d’elle, ce besoin de la ressentir contre lui, cette nécessité de se glisser entre ses jambes et de ne plus s’en séparer de peur que tout ne devienne qu’un mirage. Ils ont des années à rattraper et il craint de n’avoir que cette soirée. Il répond au baiser, leurs langues se mêlant l’une à l’autre tandis qu’il enserre sa taille et la rapproche un peu plus encore, sans parvenir à se laisser totalement aller. Maintenant qu’elle a évoqué la possibilité d’une Phoebe déboulant dans la chambre, Andy craint que ça n’arrive. Il a la tension dans les épaules, et quand Prue s’écarte légèrement, il souffle parce qu’il sait que c’est de sa faute. Enfin, techniquement, c’est celle de Penny, mais il préfère ne pas accuser la matriarche sous peine de représailles. La proposition se fait tout de suite plus alléchante et le regard qu’il lui lance doit sûrement parler pour lui. La raison totalement occultée par l’envie, il dévore ses lèvres une fraction de secondes. « Well, je connais un moyen de transport très rapide, » qu’il lui glisse à l’oreille avant de la laisser lui échapper. Il la suit du regard, tourne sur le dos, la tête appuyée sur sa main tandis que les vêtements qu’elle récupère sur le sol dissimule sa nudité. Il a l’œil brillant, Andy, en retrouvant ces courbes tentatrices et il se lève finalement, le pantalon récupéré dans une main, le reste de ses vêtements dans l’autre qui entoure la taille de la sorcière. « Ne perds pas de temps à te rhabiller. » Sa voix est rauque et il l’embrasse avant de les éclipser. Parce que le prochain round débute, parce que dans son appartement, il est certain qu’ils seront plus tranquilles pour rattraper toutes ces années gaspillées. Tout ce temps volé.

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rp terminé