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 coddie #2 // if i knew how to hold you

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- this is mePRESENT(E) DEPUIS : 19/07/2017 MESSAGES : 561 CREDITS : av/fassy lover, gifs/heartwasglass
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MessageSujet: coddie #2 // if i knew how to hold you   coddie #2 // if i knew how to hold you EmptyMer 8 Mai - 21:17

✩ ✩ ✩ ✩ ✩
how you long for me to find what you’ve been burying, how your hands are too small for what they’ve been carrying. how many words have i wrote down without saying it ? if i knew how to hold you, i would. sure deliverance lives through heartache, what a difference your new start made. will you open up your windows ? i could hold you now (c) andrew belle (if i knew how to hold you)

Le plancher craque sous des pas, le cliquetis des griffes se fait entendre et le matelas s'enfonce sous l'effet du poids qui s'y ajoute. Lui, il flotte à la lisière de la conscience, les bruits et les mouvements suffisamment familiers que pour ne pas l'éveiller. Pepper, le museau froid qui se colle contre sa joue, puis contre le creux de son coude, et la tête qui le repousse légèrement pour se faire une place entre ses bras. C'est du moins ce qu'il croit, mais l'animal se met à gémir, de plus en plus audiblement, même alors que Connell se déplace et lui ouvre grand les bras. « Qu'est-ce que tu fais ? » Il le pousse à nouveau, le bras, l'épaule, remue la queue et jette des coups d'œil à la porte laissée entrouverte par son intrusion. C'est un comportement nouveau, et pas de ceux développés dans les derniers mois de vie avec un enfant. Connell, il met quelques minutes à se réveiller complètement, à se redresser pleinement, puis il se lève avec l'approbation évidente du chien qui lui saute dans les jambes, et enfile un t-shirt pour quitter la pièce. Les idées commencent à se rassembler sous son crâne, il envisage un cambriolage (mais Pepper n'aurait-il pas plutôt aboyé ?), un chat de passage dans le jardin (là, il s'est vraiment levé pour rien), peut-être simplement Tom qui se serait levé et aventuré dans la maison. Il s'avance en faisant le moins de bruit possible, la porte de Teddie entrouverte à l'autre bout du palier. Il a vaguement conscience que c'est de là que vient originellement Pepper, ayant décidé de s'y glisser avec elle à l'heure du coucher, mais l'information ne retient dans un premier temps pas son attention. « What, Pep, what's happening ? Is it outside, baby ? », qu'il chuchote en s'engageant dans les escaliers, mais ce n'est pas la direction que semble vouloir lui indiquer le golden.
Il hésite, Connell. Il évite au maximum de mettre les pieds dans cette aile de la maison depuis que Teddie et Tom s'y sont installés, une frontière imaginaire franchie uniquement sur demande, si Tom veut lui montrer quelque chose, s'il y a un souci avec la douche ou l'évier, s'il faut aider à porter quelque chose ou empêcher son compagnon à quatre pattes d'aller déranger qui que ce soit. Au total, ces derniers mois, il l'a peut-être franchie cinq fois, Teddie n'étant pas vraiment du genre à demander de l'aide, et lui s'arrangeant pour ne pas même jeter un coup d'œil en direction de ce qui ne lui appartient plus vraiment — pas qu'il ait jamais beaucoup fréquenté ce coin de la maison, en réalité, pas même lorsqu'ils faisaient chambre à part, son ex-femme et lui, c'est elle qui a quitté le lit conjugal, pas lui.
Il hésite, et puis il l'entend. Un grincement, puis une voix, des marmonnements qui font redoubler l'agitation de Pepper, et il lui emboîte lentement le pas en direction de la chambre de la jeune femme. Avant qu'il ne puisse réagir, le chien a retrouvé sa place sur le lit, et il n'a pas le tend de lui dire de la laisser tranquille qu'il se met à lui lécher le visage: sûr de la réveiller. Peut-être est-ce la chose à faire, il ne sait pas, Connell, elle est selon toute vraisemblance en plein cauchemar et il ne sait pas s'il est mieux de la laisser se réveiller seule ou de l'en tirer. Il n'a pas à se décider, il a à peine osé entrer et attraper le collier du chien qu'il voit un bras repousser gentiment l'animal, tandis qu'elle se couvre le visage de l'autre pour éviter le reste des baisers baveux. Leurs regards se croisent et il recule. « I'm sorry, I'm sorry, I didn't mean to come in and be weird, I... Are you alright ? » S'il avait jusqu'ici l'impression de s'en sortir plutôt bien niveau cohabitation, cette irruption en pleine nuit risque de lui coûter quelques points. Il s'empresse d'expliquer, à voix basse. « He came to get me, I think he was worried... I'm sorry we woke you up. »
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MessageSujet: Re: coddie #2 // if i knew how to hold you   coddie #2 // if i knew how to hold you EmptyMer 8 Mai - 21:18

Images du passé resurgis au milieu d’un songe. Roy et son regard colérique, Roy et ses poings fermés. Les colères qui éclatent, les mots qui frappent — et puis la joue enflammée, empreinte des doigts ravageurs. Il y a les larmes au bord des yeux, la voix qui ne peut plus crier, qui a trop crié. Les excuses chuchotées mais insuffisantes. Un pas en avant contre un en arrière. La peur, la peur, la peur. Roy qui grandit, Roy et son ombre terrifiante, Roy et ses mots qui blessent, ses mots qui sont violence, ses mots qui plient en deux. Et les muscles paralysées, l’incapacité à répondre — ce sera pire. Le couinement qui échappe des lèvres face à la main abattue. Sorry sorry, baby please. La voix qui s’étrangle, les larmes qui ne tarissent plus. La douleur à sa pommette, la lèvre fendue. Pas assez bien Teddie, pas assez appliquée, Teddie. La peur, la peur, la peur. Le goût âcre du sang dans sa bouche, l’ombre qui continue de s’approcher, le dos qui rencontre le mur, qui ne peut plus recule. Pas d’échappatoire, alors. Will he kill her? He might. La peur. Puis les cris d’un nourrisson, quelque part dans le lointain. Roy qui râle, Roy qui peste, Roy qui insulte. Putain de gamin. Lui ou elle. Lui ou elle. Pas lui, pas lui, pas lui. Le nom oublié, l’enfant hors du landau et non, non, non, pas lui, please, please. Hit me but not him. L’enfant qui ne le connait pas, l’enfant qu’elle doit protéger. All cost. Oui, all cost. L’enfant qui est le sien, le leur, mais qui n’a pas de père. L’enfant qui pleure de plus belle, crie de plus belle et les doigts de Roy sur son bras, son si petit bras. Elle accroche, elle agrippe, elle griffe. Trop violente Teddie, trop hystérique, Teddie. La peur, la peur, la peur. La tête qui cogne, l’enfant qui grandit. Nourrisson à toddler. Il rampe et il écrase et il salit et le tableau est foutu et Roy s’agace, Roy parle fort. La terreur dans les yeux de l’enfant (Tom ! Oui, c’est ça, Tom), dans les siens. Les tremblements de son corps, si petit, tout petit. Non pas lui. Les larmes qui roulent, visage humide devient visage trempé. Et.
Non.
Elle ne pleure pas, pourtant. Les yeux parfaitement secs malgré la terreur. Comme quelque chose (la pluie peut-être, la pluie sans doute). Et puis un poids sur son bras, son flanc.
Frontière entre rêve et réalité franchie. L’odeur de Pepper dans son nez, sa langue sur son visage et un bras qui émerge de sous l’oreiller pour aller le repousser. Pas sur le lit Pepper. Pas de voix, pas assez fort. Pas encore assez bien réveillé. Et Roy est peut-être là. La silhouette sombre penchée sur le lit, les yeux qui se croisent et elle recule, Teddie. Relevée, l’oreiller dans le dos et le coeur qui s’affole. Ce n’est pas Roy. Non. Pas les mêmes traits, pas le même visage. Et pas du tout la même voix. Connell il a la voix douce (un peu rauque, par moment), le ton plus inquiet (toujours trop inquiet) quand Roy il a la voix qui porte, la voix qui crie, la voix qui hurle. Une main à son coeur, l’autre qui essuie son front perlé de sueur. « I’m… » Tom ? Elle se lève précipitamment, Teddie — parce que Connell est là mais qui est avec Tom ? Les couvertures rejetées au pied du lit et elle court dans la chambre de son fils qui dort toujours, recroquevillé au milieu de son lit, la couverture à moitié sur le sol, l’oreiller oublié depuis longtemps (et elle ne sait pas comment il fait, ce gosse, pour toujours se retrouver dans des positions aussi tordues que pas possible). Elle se rassure, Teddie, s’approche doucement pour le replacer comme il faut, récupère la couverture qu’elle remet sur lui, une main dans ses cheveux avant de refermer la porte, doucement. Connell, il est là. Elle retourne dans sa chambre, s’assoit au pied du lit, un regard pour le propriétaire. « I’m sorry Pepper got worried. » Et elle l’est, pour une fois, elle l’est vraiment. Aurait préféré que le chien ne sente rien, que le chien reste à dormir ou choisisse simplement un autre lit à squatter. « And I’m sorry I woke you up, in a way, I guess. » Elle n’est pas désolée que maître et chien l’aient réveillée, toutefois. C’est toujours mieux que de revivre les pires instants, toujours mieux que d’imaginer ce qui pourrait se produire, ce qui aurait pu arriver si les flics n’étaient pas venus. « Tom’s father he wasn’t… » Elle commence comme pour se justifier, pour justifier les cauchemars qui persistent. « A good guy. Sometimes I still dream about it and, er, I don’t know. I guess it’s better to wake me up these nights. » Même si le réveil n’a jamais rien d’agréable, même s’il lui faut toujours quelques secondes pour savoir où elle est, avec qui, pour aller checker si Tom va bien. « Tom doesn’t know. About the nightmares so could you, I mean, I’d love it if it stays that way. » Parce qu’elle ne peut pas lui demander de ne rien dire, n’est-ce pas ? Pas maintenant qu’il est réveillé au milieu de la nuit.
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MessageSujet: Re: coddie #2 // if i knew how to hold you   coddie #2 // if i knew how to hold you EmptyMer 8 Mai - 21:19

Elle paraît toujours composée, Teddie, prudente et réservée. Il ne sait rien de trop, rien qu'elle n'ait exprimé de vive voix, en toutes lettres. Il devine, ou croit deviner, des détails, des indices décelés dans sa façon d'être, dans les informations qu'elle tait et les sujets qu'elle évite — quoiqu'il n'y ait pas beaucoup de sujets qu'elle aborde. Il devine, mais il ne sait rien, et il ne cherche pas, ne creuse pas, ne demande pas, non pas par désintérêt mais bien par respect. Et il sait, alors, Connell, qu'il assiste à un rare moment de vulnérabilité, la conscience endormie et la vérité qui ressort par tous les pores. Il ne devrait pas être là, pas regarder, pas écouter les mots qu'elle marmonne et la peur qui y transparait. Il devrait la laisser, à moins que non, à moins qu'il ne doive pas, qu'il faille la réveiller, la tirer de là. Il n'a pas souvenir d'avoir jamais éveillé quelqu'un d'un cauchemar, seulement rassuré sa soeur lorsqu'elle se réveillait d'elle-même, en sursaut, et dormi auprès d'elle les fois où elle imaginait des monstres à chaque recoin de sa chambre. Et c'était il y a longtemps, dans un autre univers. Il ne connaît pas la marche à suivre, tout lui dit d'ignorer pour le bien de cet équilibre fragile qu'ils ont créé au cours des derniers mois, mais il n'a pas le cœur de la laisser repousser seule ce qui la hante.
Pepper ne lui laisse finalement pas le choix, s'attelant rapidement à consoler (et réveiller) celle pour laquelle il semble tant s'inquiéter. Un témoignage de la nature du chien, mais aussi des derniers mois de création de ce qui s'apparente à une famille. Ou quelque chose comme ça, il ne sait pas, n'ose pas mettre de mots sur ce qu'il se passe, ce qu'ils ont, ce qui pourrait voler en éclats en un rien de temps. Parce que c'est toujours bancal, l'aisance plus souvent feinte que ressentie, les aménagements et ajustements de la routine et de la vie en général plus nombreux qu'il ne s'y attendait et la peur de mal faire, toujours, là, quelque part, au fond de son crâne alors qu'il fait à manger sans savoir si cela plaira, alors qu'il apprend quelque chose à Tom, ou s'impose un peu trop longuement dans la même pièce qu'elle, qu'eux.
La peur d'avoir mal fait, alors qu'elle s'éveille, perdue dans les premières secondes, et lui qui s'explique, ignore si les mots sont bien enregistrés, s'il parle assez fort, ou trop. Elle se lève précipitamment et il s'écarte du chemin, dans l'incompréhension totale avant d'entendre la porte d'à côté s'ouvrir. Tom. Un réflexe, sans doute, un instinct qu'il ne peut pas comprendre. Aussi silencieusement que possible, il sort de la chambre pour l'attendre dans le couloir, là où il se sent déjà moins comme un intrus. Il s'occupe à rassurer Pepper, toujours plein d'émotions, d'une inquiétude que Connell éteint lentement à coups de caresse et de mots chuchotés, mélange de nonsense et d'explications qui ne font probablement aucun sens pour l'animal. Il se redresse lorsque des pas, puis une ombre, l'approchent, et se glisse à sa suite, restant dans l'encadrement de la porte au cas où elle se serait attendue à pouvoir se recoucher sans plus de cérémonie. Mais les mots viennent, et il reste planté là. « No, no, no worries. He's just a bit emotional, he's fine. » Il s'accroupit au niveau de Pepper et lui caresse la tête. « Right, babe ? You can sleep now, love. » Il ne se fait pas prier, déjà de retour auprès de Teddie pour reprendre la place sans doute occupée avant que le cauchemar ne l'alerte. « Don't worry about it, really. » Il croise les bras contre son torse, la fraîcheur de la nuit se faisant sentir maintenant qu'il a quitté son lit depuis un peu trop longtemps. Toujours accroupi, puis assis à même le sol lorsqu'elle débute des explications auxquelles il ne s'attendait pas. Il déglutit difficilement, le regard s'accrochant aux objets peuplant la pièce plongée dans l'ombre comme pour y chercher les mots justes. « I'm sorry. » Pourquoi ? Pour ce qu'elle a dû vivre ou pour les cauchemars en résultant ? Pour le cauchemar de cette nuit en particulier, ou bien tous ? Il ne sait pas trop, Connell, les mots sortis comme un réflexe, parce que c'est ce qu'on dit, parce qu'il n'y a rien d'autre à dire. « Of course, I won't say anything, it's not... That's not my place at all. » Sa place, il ne sait pas où elle est. Mais il n'aurait jamais envisagé de parler de tout ça à qui que ce soit. « Do you need a glass of water, or something ? » C'est tout ce qu'il trouve à dire, parce que c'est ce qu'il fait, il prend soin, ou il essaie, puisque parler, et elle le sait, n'est pas son fort. Puisqu'il n'a pas de questions, ni le droit d'en poser. Parce qu'il ne sait pas par où commencer, si ce n'est par ce qui paraît simple.
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MessageSujet: Re: coddie #2 // if i knew how to hold you   coddie #2 // if i knew how to hold you EmptyMer 8 Mai - 21:21

Elle n’a qu’un réflexe, Teddie, en s’éveillant du cauchemar. Qu’une seule pensée. Son fils. L’habitude de pouvoir s’assurer qu’elle ne l’a pas réveiller quand ils partageaient un seul lit dans leur vieil appartement, l’habitude de vérifier qu’il soit toujours là, auprès d’elle, et non pas retiré par les services sociaux ou Roy. Le besoin de le voir, de toucher ses cheveux, sentir son odeur d’enfant, toujours plus présente quand les cauchemars le rajoutent aux scènes du passé. L’inconscient essayant d’imaginer ce que ça aurait pu être, une véritable vie de famille — eux trois et leur quotidien bancal, eux trois et les colères de Roy, eux trois et la vie instable. Elle a les entrailles qui se tordent douloureusement et ne se calment qu’une fois la vue de son fils endormi sous ses yeux. Elle sèche les larmes qui ont pointé aux coins de ses yeux, elle refoule l’envie de se blottir contre lui et de terminer la nuit ainsi, mère et fils, sentir son souffle régulier pour venir l’apaiser et la bercer, sa tête qui viendrait écraser sa main, son bras et puis une partie de son épaule ; ses doigts s’attardent dans les cheveux courts de l’enfant, son visage qu’elle rapproche du sien, le nez qui caresse sa joue avant d’y déposer un baiser, les mots qu’elle n’arrive pas à lui prononcer (de peur de le réveiller, se convainc-t-elle, parce qu’elle l’aime son fils, elle le sait, ce n’est juste pas évident pour elle de l’exprimer verbalement) avant qu’elle ne se détourne et ne quitte la chambre. Et il est là, Connell, dans le couloir, à donner l’impression qu’il semble attendre sans qu’elle ne sache quoi exactement — des explications ou au moins le contexte, peut-être et elle a conscience, au moins vaguement, qu’elle les lui doit. Mais, Teddie, elle ne sait pas où commencer, par quoi débuter — la rencontre avec Roy, elle si jeune, lui si charmant, si magnétique, ou leur vie à vadrouiller, ou les tableaux remplacés ou les disputes toujours plus nombreuses et toujours plus violentes ? Quel bout prendre pour remonter le fil de cette histoire qu’elle voudrait enterrer sans jamais y parvenir, pour expliquer la fêlure qui existe en elle, cette fêlure qui ne se refermera jamais, trop ancré, devenue partie intégrante de sa personnalité. Quel bout pour se préparer à ce que soit juste trop pour lui, lui qui n’a rien demandé, lui qui cherchait juste quelqu’un pour venir louer une chambre et qui se retrouve avec un môme actif et une adulte incapable de s’exprimer ; alors oui, ce sera sûrement trop que de tout lui révéler, n’est-ce pas ? La relation, les voyages, les crimes et puis, surtout, la prison. Il ne pourra que les foutre dehors, n’est-ce pas ? Et puis, quoi ? Les voilà de retour, mère et fils, dans un appartement minable, une pièce et de l’eau qui fuit dès que le robinet est ouvert ? La voilà à devoir imposer la même vie misérable à son fils que sa mère avant elle ? Non, impossible.
Elle s’assoit sur le bord de son lit, Connell face à elle, la chambre ne lui paraissant jamais plus grande que ce soir (cette nuit) quand il reste sur le pas de la porte. Elle sourit, Teddie, parce qu’elle n’aurait jamais pu deviner qu’un animal puisse être émotionnel en aucune façon — moins encore pour elle. Pepper traverse la chambre, grimpe sur le lit à ses côtés et elle tend aussi la main, Teddie, laisse ses doigts se plonger dans ses poils qu’elle caresse lentement parce qu’elle lui doit sans doute quelque chose, à lui aussi. Des remerciements qui prendront la forme de friandises achetées quand il fera jour (ou un jouet, dépendant de ce qu’elle trouve, suppose-t-elle et qui l’inspire). Et juste comme ça, l’attention focalisé sur l’animal qui se rendort tout contre sa cuisse, lui envoyant vague de chaleur et, apparemment, de courage, elle se lance. N’évoque que Roy, son comportement, suppose son choix de mot suffisamment éloquent pour qu’elle n’ait pas à entrer dans les détails et elle relève finalement les yeux vers Connell, maintenant assis à même le sol (et elle note le ridicule de la situation, Teddie, lui par terre, elle sur le lit, et elle voudrait lui faire remarquer qu’il peut venir s’assoir sur le lit aussi (après tout, Pepper n’a pas attendu l’autorisation pour le faire, lui) ou au moins prendre la chaise de bureau dont elle se sert davantage de porte manteau que de chaise mais il s’excuse et elle ne dit rien, finalement). « Don’t be. » Sorry. De quoi pourrait-il l’être ? Il n’est pas Roy, il n’est pas celui qui a causé les cauchemars, celui qui a causé les années infernales, les mois en prison. « You didn’t make the bad choices. » She did. Car c’est tout ce qu’elle sait faire, Teddie. Elle croise les bras sur son ventre, opine lentement pour le remercier, les mots définitivement incapables de sortir quand il s’agit de faire preuve d’un peu de sympathie. Elle est prête à laisser le silence envahir la chambre, Teddie, à juste rester ainsi, les yeux rivés sur Connell, une main toujours dans le pelage de Pepper et à attendre — que le sommeil ne revienne, qu’il ne se lasse et parte, que Tom ne se réveille, mais il parle, Connell et elle a la gorge qui se noue une seconde, touchée par la prévenance dont il fait preuve quand elle n’y est pas habituée. Roy, il lui aurait dit de se recoucher. Roy, il l’aurait déjà emprisonnée dans ses bras pour l’empêcher de se lever, de bouger et lui aurait dit que c’était qu’un putain de cauchemar et qu’elle n’a plus trois ans, que c’est bon, pas besoin d’en faire toute une histoire. Elle acquiesce alors, l’observe se relever. « Wait. » Les yeux sur son profil, à essayer d’y lire les expressions. « You don’t need to… I mean, I’ll go in the kitchen, you can go back to sleep. » Et peut-être même le préfère-t-elle, finalement, car que peut-elle ajouter qui ne va pas appesantir la situation ? Lui donner envie de la foutre dehors ? Et puis cette gentillesse sans raison, cette compassion, elle est incapable de la comprendre totalement, Teddie. Elle est déjà debout, d’ailleurs, Pepper relevant la tête dans sa direction à l’absence des doigts sur son crâne, et elle a déjà attrapé un gilet pour l’enfiler, mais elle n’arrive pas à quitter la chambre, pas à passer devant Connell. « I mean, don’t feel obligated to… Since you have to work tomorrow and I wouldn’t want you to not get enough sleep because of. » Un geste en direction de son lit, d’elle. « This. » Her, the broken lady, celle qui l’aura tenu éveillé pour rien.
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MessageSujet: Re: coddie #2 // if i knew how to hold you   coddie #2 // if i knew how to hold you EmptyMer 8 Mai - 21:22

Peut-être aurait-il du comprendre plus tôt, ou au moins s'en douter. Peut-être était ce évident, sous son nez pendant ces derniers mois, et y a-t-il été insensible. A-t-il eu des gestes, des paroles, des attitudes triggering ? Est-il si obtus, ou est-elle simplement douée pour le cacher ? Il est pourtant attentif, Connell, et il avait jusqu'ici le sentiment que les choses se passaient plutôt bien entre eux. En tout cas, il passe pas mal de temps avec Tom, et n'a jamais rien remarqué chez lui. Sa mère est certes plus méfiante, mais n'est-ce pas le propre d'une adulte, et d'une mère, d'être plus soucieuse et prudente ? Il n'a pas vraiment considéré la distance instaurée entre eux comme une sorte de signe, d'indice — pourquoi l'aurait-il fait. Mais tout s'emboîte, désormais, et ce qui était anodin jusque là, semble criant. Criant d'une chose qu'il n'aurait pas dû savoir, qui ne le regarde pas, qu'elle n'avait aucune raison de lui confier, et au sujet de laquelle il n'a aucune idée de comment réagir. Il n'aurait probablement pas dû attendre qu'elle quitte la chambre de Tom, aurait mieux fait de retourner d'où il venait et de la laisser tranquille, mais il ne le pouvait pas sans savoir comment elle se portait (quoi que la réponse soit plutôt évidente). Il devine qu'elle s'est imaginée lui devoir une explication, ou que c'était ce qu'il attendait, puisque ce cauchemar l'a lui aussi réveillé. Loin de là, très loin, parce que si la curiosité est évidemment là, l'inquiétude avec, il n'a pas besoin de le savoir. Si la peur de mal faire, mal agir, whatever, lui donne envie d'en savoir plus, histoire de pouvoir faire plus attention, il n'avait pas l'intention de la mettre dans l'embarras par ses questions, ses doutes et un intérêt déplacé.
Trop tard, cependant, pour le lui dire. Trop tard pour ravaler les mots, l'aveu, et ses excuses à lui — pour tout, pour cet homme et ce qu'il devine dans ses mots, et puis peut-être pour sa présence à lui, la question tue à laquelle elle répond malgré tout, les souvenirs dans lesquels il n'aurait pas dû la laisser fouiller. Il l'observe, avec Pepper, les deux semblant s'apaiser l'un l'autre, mais ses lèvres ne s'étirent pas comme elles le devraient et la réponse de Teddie lui fait relever les yeux. Quels choix, pourquoi, que s'est-il passé, les mots voudraient s'extirper de ses lèvres tous à la fois, il les ravale. « No I know, I just... I thought somebody should apologize to you, for what you went through. In case he never did. » Est-ce idiot ? C'est idiot, mais voilà qui est dit. Il ne devrait plus s'aventurer sur le sujet, vraiment, mais c'est plus fort que lui, l'envie d'ajouter qu'elle n'y est pour rien, que ses mauvais choix, quels qu'ils aient été, ne justifient rien, mais qu'en sait-il ? Il ne peut pas prétendre la connaître, Connell, même si ce n'est pas faute de le vouloir. Il pourrait dire tout ce qu'il voudrait, de ces discours que l'on fait aux victimes, aux maltraités, mais qui est-il pour cela. Il gaspillerait sa salive, sait que, Teddie, elle s'est déjà fait son idée, il n'est pas celui qui la fera changer. Les mots dansent, alors, sur le bout de sa langue, sans oser s'aventurer dans l'air, et il opte pour une autre approche. Déjà levé et à moitié dehors après sa proposition, il interrompt son geste en entendant qu'elle lui demande d'attendre. C'est pourtant le moins qu'il puisse faire, un geste banal, une aide dérisoire. « It's nothing, really. » Il ne saurait dire si elle ne souhaite pas le déranger, ou si elle s'efforce de lui faire comprendre qu'elle préférerait qu'il la laisse seule. Dans la pénombre, son regard cherche le sien, mais l'indice qu'il voudrait y déceler ne vient pas. Elle reprend, évoque le boulot du lendemain, les quelques heures de manque qui risquent de se faire ressentir. Il ne lui dit pas qu'il ne se rendormira pas, et que les quelques phrases échangées sont assez pour garder son esprit occupé le reste de la nuit. « I don't. » Feel obligated, il n'est pas question de ça, pas vraiment. Son tracas est réel, pour elle, parce qu'il ne la laisserait pas simplement se débrouiller après une nuit agitée, pas s'il peut faire quelque chose. « What if we go downstairs and you tell me if and when you wanna be alone, sounds good ? » Il hésite toujours sur le pas de la porte, remarque qu'elle ne semble pas beaucoup plus décidée quant à la marche à suivre. « I won't ask anything, it's not some kind of plan to make you talk to me. » Il a un léger sourire, s'espère convaincant, se veut plus détendu qu'il ne l'est véritablement. Les conversations nocturnes avec Teddie, ce n'est pas vraiment une habitude.
Leurs pas ne tardent pas à se suivre dans les escaliers, Pepper les dévalant, ne semblant pas réaliser les efforts (probablement inutiles) de Connell pour faire le moins de bruit possible de peur de réveiller le dernier occupant de la maison. Il faut croire qu'elle ne mentait pas, Teddie, son fils a le sommeil lourd. Il ouvre la marche, trouve sans peine l'interrupteur du couloir, et puis celui de la cuisine. « Juste de l'eau ? », interroge-t-il en désignant la bouilloire et le réfrigérateur, les possibilités plutôt nombreuses entre les thés et plusieurs jus de fruits achetés depuis qu'un enfant vit là. « I said I wouldn't ask, finit-il pas oser articuler, hésitant, I'm sorry, but... is he, I mean, are you safe ? »
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MessageSujet: Re: coddie #2 // if i knew how to hold you   coddie #2 // if i knew how to hold you EmptyMer 8 Mai - 21:23

Elle en dit trop, Teddie — beaucoup trop et sûrement pas assez à la fois mais elle ne retient que le trop, que ce qui pourrait être suffisant pour qu’elle se retrouve à la porte, pour la ramener à sa situation d’il y a plusieurs mois. Les mots précis, elle ne les a pas, ne fait pas mine de vouloir les trouver et peut-être qu’il imagine pire que la réalité, Connell (même si elle ne sait pas exactement ce qui aurait pu être pire) ; tant pis, elle le laissera faire, pas prête, pas déterminée, à le corriger, à affiner les scénario qui dansent peut-être dans son crâne. Elle se taire parce que c’est encore ce qui lui semble le mieux, il a compris, Connell, qu’elle a été victime, il n’a pas besoin de savoir qu’elle a rendu certains coups, qu’elle a eu des accès d’hystérie, de colères sombres, des excès de comportements pour tenter de se défendre ou d’attaquer (elle n’en sait rien, a préféré ne jamais en parler, les taire et les enfouir au fond d’elle-même), pour tenter de se libérer de Roy tout en retenant toujours auprès de lui, après chaque dispute, chaque claque, chaque brûlure. Il a compris mais saura-t-il l’accepter ? Parce qu’elle sait, Teddie, que c’est difficile à réellement réaliser, que c’est plus compliqué encore de faire avec, de vivre avec — c’est dans sa tête, c’est en elle alors elle est sûrement la mieux placée pour le savoir et elle ne pourrait pas lui en vouloir de ne pas savoir comment l’aborder, de ne pas désirer la pression qu’elle vient de lui mettre sur les épaules avec ce secret à moitié dévoilé. La surface de l’iceberg, really, mais elle ne peut pas évoquer le reste. Pour Tom. Une main toujours à caresser Pepper, elle se griffe les cuisses pensivement de l’autre, à frotter, frotter, ressentir les premiers picotements signe qu’elle s’acharne trop régulièrement au même endroit alors elle force ses doigts à rester immobiles. Les mots de Connell flottent dans son esprit, retombent lourdement et son estomac se fait de briques. Les ongles qui s’enfoncent dans sa peau brièvement, les images du procès lui revenant avec trop de force. Pourquoi voudrait-il s’excuser, Connell ? Elle ne sait pas si elle doit lui en être reconnaissante ou si les excuses sont censé apaiser quelque chose, la colère, la peine, la douleur, l’angoisse, ou si ça viendra plus tard, une fois que les mots auront bien imprégné son être. L’impression de ne rien ressentir, que ça ne change rien dans l’immédiat, que ce n’est pas à lui de s’excuser mais à Roy, celui qui s’est tu, celui qui s’est contenté de la fixer, de vouloir s’adresser à elle pour lui asséner ses propres torts (elle revenait, Teddie, n’était-ce pas là le signe qu’elle aimait ce qu’il se passait entre eux ?), pour l’accuser de la cicatrice au-dessus de son oeil droit (elle aussi, était violente quand elle le voulait), de lui dire qu’elle reviendra, elle le fait toujours, qu’elle n’est rien sans lui et il avait raison. Elle essaie, pourtant, de lutter, de continuer sans Roy, d’apprendre à vivre sans lui, à s’occuper de leur fils dont il a appris l’existence sans que la réciproque ne soit vraie. Alors les excuses de Connell, ont-elles le moindre poids, là ? Elle n’en est pas certaine, n’arrive pas à l’associer à tout ce qui lui est arrivé durant ses années avec Roy, ne parvient pas à lui attribuer les mêmes tords (peut-être le devrait-elle, peut-être cache-t-il juste bien son jeu, comme Roy, les premiers mois). Elle l’observe en silence, Teddie, se demande s’il serait capable des mêmes gestes que son ex, si lui aussi pourrait passer du rire à la colère froide, la colère excessive d’un instant à l’autre, à cause d’un mot ou d’une illusion ou juste parce qu’il se serait enfermé dans ses pensées trop longtemps. Un regard en direction de Pepper et elle voudrait pouvoir rejeter cette peur qui lui vient, parce que Pepper ne serait pas resté, si ? Non, il ne peut pas être comme Roy, pas lui aussi, pas encore — et puis elle le sait, que Roy se serait agacé de ses cauchemars, aurait déjà levé la main à plus d’une reprise pour avoir osé vérifier si Tom dormait bien, pour laisser un songe la réveiller et le réveiller, lui. Il ne serait pas resté non plus, aurait préféré lui laisser la chambre plutôt que de prendre le risque d’avoir le sommeil de nouveau perturbé par des mouvements, une agitation sur laquelle elle n’a aucun contrôle. Connell, lui, il est resté et il attend et il semble s’inquiéter, il laisse la distance. Connell, il s’est excuse alors même qu’il n’a (encore) rien fait. C’est toujours trop, ceci dit, trop pour elle et elle tourne plutôt la tête pour caresser Pepper plutôt de lui répondre, plutôt que de brush off les excuses qui comptent (pas de beaucoup, peut-être pas encore, mais c’est là, la sollicitude qu’il exprime et à laquelle elle n’est pas habituée, Teddy).
Debout, presque au centre de la chambre, le gilet maintenu fermé sur son torse par ses bras croisés, ses bras qu’elle n’ose plus décroiser, qui forment la seule défense à laquelle elle est accès, à laquelle elle soit capable de penser. Mais Connell est sur le chemin et elle n’ose pas lui passer devant, le dépasser, n’ose plus quitter sa chambre pour le confort de la cuisine, du salon, ou de n’importe quelle autre pièce qui ne serait pas imprégnée des souvenirs du cauchemar. Le compromis trouvé par lui, proposé et elle hésite, Teddie, entre la présence qui empêcherait ses pensées de divaguer vers le passé, de rejouer des scènes un peu trop connues, ou la solitude qui lui permettrait de ne pas avoir à parler, à détailler ce qu’elle ne veut pas évoquer. Tout pour briser le silence qui commence à peser, commence à l’oppresser bien plus que le reste encore et c’est Connell, encore une fois, qui promet. Pas de question, pas de discussion inutile et elle acquiesce lentement, Teddie, pas encore certaine que ce soit la bonne idée, ni la meilleure, pas encore certaine qu’elle ne lui demandera pas de la laisser seule à peine auront-il trouvé la cuisine. Elle acquiesce toujours, Teddie, avant de finalement le suivre, couloir puis escaliers et les pas de Pepper, bien plus lourds que les leurs, sur les marches lui arrachent un sourire, une vague de chaleur dans la poitrine malgré son entêtement à s’arrêter au milieu de l’escalier pour guetter si Tom s’étire, l’appelle, mais il n’y a rien d’autre que les pattes de Pepper sur le sol. Elle resserre le gilet sur ses épaules, voudrait pouvoir demander un whisky, quelque chose de plus fort et plus agressif que ce qu’il y a dans les étagères (non pas qu’elle ait déjà cherché, elle a préféré s’assurer qu’il n’y ait rien de dangereux que son fils puisse attraper, a dû ouvrir les tiroirs pour trouver les ustensiles et condiments nécessaires pour le repas), l’envie de quelque chose qui lui brûlerait l’âme, de quelque chose pour la consumer intégralement. « A tea would be great, » qu’elle répond finalement avant de se glisser sur l’une des chaises, un pied venant trouver l’assise et son menton son genou replié. Un thé ne sera pas great, pas assez, pas ce qu’elle veut — mais tout ce qu’elle puisse boire, tout ce qu’elle a le droit de boire et ce sera déjà un goût supplémentaire que de l’eau simple. Elle se fige quand il reprend, l’angoisse déjà nouée, se redresse, inquiète des questions, s’insultant d’avoir cru à sa promesse à demi-mot, of course it was a set up, de s’être laissé avoir et qu’elle est stupide, Teddie, d’encore foncer dans ce genre de piège ridicule. Mais la question n’est pas celle attendue et elle ne peut qu’analyser ses mots, Teddie, se demander s’il n’y a pas une autre question plus ambiguë, moins verbale. Et bien sûr qu’il y en a une autre — ce n’est pas pour elle qu’il s’inquiète, Connell, c’est pour lui. Lui et sa grande maison et son chien et tout ce qu’il y a de valeur chez lui. Lui et son putain de luxe. Et c’est normal qu’il ne s’en inquiète — ne vient-il pas d’apprendre qu’il héberge une femme au passé plus tumultueux qu’il ne l’a sûrement envisagé et que son ex pourrait revenir le dépouiller de tout, revenir le frapper en s’imagine des scénario qui n’ont pas lieu d’être. C’est qu’il n’aurait pas tort d’envisager cette possibilité, en réalité. Roy pourrait sortir de prison, la chercher (il le voudra, elle le sait, il le lui a promis et le lui répète à chaque coup de fil, chaque fois qu’elle ose décrocher même quand elle sait que c’est de lui qu’il s’agit) et elle sait qu’il s’en prendrait à Connell, à Pepper, s’ils se dressaient sur son chemin. Mais doit-elle le dire à Connell pour autant ? Confirmer que sa vie pourrait être en danger, qu’il suffirait qu’il s’échappe de prison, ou que sa peine soit réduite (parce qu’il n’a tué personne, Roy, et elle le sait bien, qu’il finira par sortir de prison). « We are. » La voix qui vacille sur la fin et elle se reprend. « He’s dead. » Le mensonge prononcé avec davantage de conviction que tout le reste, parce que c’est ce qu’elle se répète, régulièrement, ce qu’elle s’est promis de dire à Tom s’il venait à poser la question (et il l’a déjà fait mais s’est directement mis à imaginer d’autres idées, un père explorateur, un père astronaute, un père agent secret et elle a préféré le laisser croire ce qu’il voulait). Et Connell n’est pas Tom, Connell pourrait sans doute mieux comprendre la vérité, mais elle préfère enterrer Roy, préfère qu’il oublie cette discussion et la menace qui plane. « It happened just a few months after I left him, Tom was barely a year. » Les mots et l’histoire qui lui viennent avec naturel, comme si elle l’avait vraiment vécu — comme si elle avait vu Tom, sa première année de vie, comme si elle avait pu, su, quitter Roy.
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MessageSujet: Re: coddie #2 // if i knew how to hold you   coddie #2 // if i knew how to hold you EmptyMer 8 Mai - 21:24

C'est différent de ce à quoi il s'attendait, un rêve banal, un cauchemar vivide mais sans réel fondement. Et, tout à la fois, cela semble logique, presque comme si elle ne faisait que confirmer quelque chose qui, d'une certaine façon, était déjà connu. Sous la surface, une vague conscience de la chose sans jamais mettre de mots dessus, ni vraiment y penser. Ce qu'il sait, sans avoir demandé, ni voulu le faire, c'est qu'il n'y a pas d'autre parent dans l'équation, Tom est toujours ici, avec eux, et il ne parle pas d'un père, ou de qui que ce soit qui lui manquerait, qu'il connaitrait, ce qui pourrait s'expliquer par un bon nombre de raisons, mais voilà: he wasn’t a good guy. Il y avait donc quelqu'un, quelqu'un dont la présence semble encore planer, hanter, et c'est bien ça qu'il avait ressenti, Connell, tout en manquant de l'identifier pour ce que c'était. La réserve, le secret, il les comprend, toujours pas habitué à elle non plus, encore de temps à autre mal à l'aise, à s'attarder dans l'encadrement d'une porte comme si elle devait l'inviter dans sa propre maison, à chercher ses mots bien trop longtemps et pour les plus banales des conversations, mais il y a autre chose chez Teddie. Un mordant, une ombre, que lui ne connait pas, pas vraiment, pas comme ça, qui ont des allures d'armure et de remparts. Quelque chose qu'il ne peut pas comprendre, il le sait, même s'il essaie, là, ce soir, même s'il le voudrait, pour savoir comme agir, réagir, que lui dire, comment, s'il est seulement supposé dire quelque chose, et puis s'il peut rester, s'il doit partir, si elle n'attend rien d'autre de lui que de garder ses lèvres scellées et d'oublier ce qu'il a pu voir et entendre. Mais, déjà, les mots ont quitté ses lèvres, il décide visiblement de rester, du moins tant qu'elle ne le congédie pas. Peut-être qu'elle s'y efforce, mais qu'il ne l'entend pas, ne le comprend pas. C'est sa crainte, alors que le silence se prolonge, s'éternise, et qu'il voudrait qu'elle lui dise ce qu'elle préfère, la marche à suivre, les dos and don'ts. Mais c'est beaucoup en demander, considering, en plus de potentiellement s'imposer, ce n'est pas lui qui a besoin d'être rassuré, alors il ne dit rien, compte sur son habituelle franchise pour le remercier lorsqu'il aura trop trainé.
Il ne réalise pas tout de suite que c'est lui, l'obstacle, debout entre le couloir éclairé par un rayon lunaire et la pénombre de la chambre où Teddie demeure immobile. Lui qui prend toute la place dans l'entrée, même s'il s'est efforcé de se faire petit et discret et silencieux. Même s'il n'est, dans son propre esprit, aucunement menaçant. Il en ferait plus s'il le pouvait, aussitôt qu'il se rend compte qu'il lui barre involontairement la route, mais ne peut que proposer de l'accompagner au rez-de-chaussée, et s'écarter de la porte, laisser le passage, puis mener leur bruyante descente vers la cuisine. Il attend, comme si c'était à lui de remonter s'enquérir de Tom si l'enfant se trouvait réveillé par la précipitation de Pepper, mais rien ne vient, et Teddie est déjà perchée au milieu des marches à écouter, alors il s'engage dans la cuisine. Elle ne tarde pas à passer la porte et il propose à boire, en partie pour que sa voix occupe l'espace, le silence, et cette nuit étrange. Il la suit du regard alors qu'elle s'assied à la table, puis s'active pour leur préparer du thé. Il fait mine de chercher leur meilleure option dans sa collection pendant que l'eau chauffe, plutôt occupé à éviter de détailler Teddie et à se mordre la langue pour ne pas demander si ça va, si elle a besoin d'autre chose, si-. C'est une autre question, qui quitte ses lèvres, et il s'en veut de revenir en partie sur sa promesse mais ce n'est pas vraiment de la curiosité de sa part, ni une façon de lancer une conversation prolongée sur le sujet. Oui ou non, il s'en contentera, la croira. Oui ou non, savoir à quoi s'attendre, s'il doit se montrer plus vigilant lorsqu'il est avec Tom, ou même avec elle. Il a une vague pensée pour lui-même mais, Connell, il ne s'imagine pas tout à fait l'ampleur du problème, il ne se sent pas menacé, pas concerné au-delà du fait qu'il tient à Teddie et Tom. La réponse vient alors qu'il entend la bouilloire siffler puis s'éteindre, et il se tourne vers elle à temps pour les trois mots suivants. Mort, de nouveau la surprise, l'expression qui se fige sans doute entre incompréhension et il ne saurait dire quoi. Il ne saurait quoi dire, non plus, ni quel émotion il ressent exactement. Elle reprend de nouveau, avant qu'il ne doive faire un choix, et les précisions viennent finir de peindre le tableau. Celui qu'il ne devrait sans doute pas connaître, et qu'il ne sait pas comment accueillir. Good semble être une réponse très dure, d'autant plus que ce n'est pas ce qu'il pense, pas vraiment, et puis c'est plutôt insensible pour Teddie, et Tom, et... Et désolé sonne tout aussi étrange après ce qu'il a appris plus tôt. « Sorry, I didn't mean to... pry. » Le dernier mot est presque chuchoté alors qu'il pivote à nouveau, servant leurs thés. Il se penche pour en déposer une devant elle avant de revenir appuyer le bas de son dos au plan de travail, face à elle, séparés par la table — et, apparemment, tout un monde. Il n'ose pas s'asseoir, prêt à ce qu'elle lui demande à être seule d'un instant à l'autre. Il ne veut pas non plus changer de sujet, même s'il avait prévu de ne pas l'évoquer. « I'm just... I'm glad you're safe. Tom and you. » Il porte la tasse à ses lèvres, l'eau trop chaude lui brûle la langue mais il retient grimace et plainte, trop empressé de se trouver trop occupé pour répondre à ce qu'il n'a aucune idée de comment aborder. Il voudrait lui dire qu'elle n'a pas besoin de lui dire tout cela, craint qu'elle s'imagine qu'il s'en désintéresse, ou est trop gêné pour avoir cette conversation. « I'm sorry, still, it's... I don't know how it is I'm gonna be honest, I've never lost anyone, much less someone with whom the relationship was... But I'm sorry, I hope you're okay. »
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MessageSujet: Re: coddie #2 // if i knew how to hold you   coddie #2 // if i knew how to hold you EmptyMer 8 Mai - 21:27

Sans doute n’aurait-elle pas dû parler — sans doute aurait-elle pu trouver autre chose à dire que la vérité, cette semi-vérité en tout cas, qui est déjà trop proche de sa réalité, son passé, pour qu’elle se sente parfaitement à l’aise, pour que Connell n’aille pas imaginer davantage et que l’équilibre dans lequel ils vivent depuis plusieurs mois maintenant, cet équilibre qu’ils ont mis du temps avant de trouver, ne s’en trouve entaché, contre-balancé par ce passé qui lui pèse, à Teddie, et qui change tout. Les informations divulguées jusqu’à présent, la dynamique du groupe. Alors elle retient sa respiration, même dans le couloir et dans la cuisine, même quand Connell semble plus affairé par la préparation du thé qu’autre chose, parce qu’elle s’attend à ce qu’il lui demande de partir, là tout de suite, ou peut-être le lendemain — ou bien dans une semaine, le temps qu’elle puisse trouver quelque chose d’autre, à moins qu’il ne s’en fiche complètement, que ce soit bien la dernière de ses préoccupations, à lui, qui doit maintenant s’inquiéter pour sa santé, son avenir, son luxe et ses effets personnels et sa belle gueule. Teddie, elle n’a jamais rien dit à personne, hormis ceux mis dans la confidence par les institutions qui la dépassent — c’est une première alors, du jamais vu et elle ignore les réactions normales, celles qui ne sont pas les visages compatissants des multiples professionnels qui l’ont encadrée et suivies tout au long de la prison et thérapie et accompagnement de réinsertion dans la vie civile. Une truffe humide cogne son mollet nu et lui arrache un petit sursaut, Pepper assis à côté du tabouret où elle s’est perchée et réclamant de nouvelles caresses qu’elle s’empresse de lui donner d’une main, plus attachée qu’elle ne voudrait bien l’admettre à l’animal et au réconfort qu’il parvient à lui prodiguer en cette seconde précise. Comme s’il était capable de deviner son mal-être, sa terreur et tout ce qui se joue dans son crâne, ses pensées quand elle-même n’est pas certaine d’identifier quoique ce soit de clair. Et quand, enfin, la question est posée, Teddie, elle ne peut que se figer, le mensonge s’exfiltrant de ses lèvres sans qu’elle n’ait besoin de le penser, sans qu’elle n’ait le temps de le réaliser lui ou les conséquences que ça pourrait avoir sur l’avenir si Roy venait à être libéré. Elle a le coeur qui se serre, qui se contracte, qui tire et qui fait mal mais elle sait, Teddie, que ce n’est pas le mensonge qui provoque une telle inquiétude que la simple pensée de son ex-mari et de ce qu’il pourrait faire. La peur qu’il sorte, la peur qu’il revienne, la peur qu’il la retrouve ou ne découvre en quels termes elle l’évoque, lui qui l’a pourtant aimée elle, la brisée, la fracassée, l’hystérique et la maniaque. Elle ravale l’angoisse qui monte, hausse les épaules, désaffectée, non affectée en réalité, parce qu’elle est douée pour dissimuler ses émotions, Teddie, a toujours su les manipuler de sorte que personne ne se doute de rien et plus encore au fil de ses années avec Roy. « You couldn’t know, » qu’elle répond, la voix à la fois brisée et étranglée et si détachée qu’elle se demande si c’est bien elle qui parle et pas quelqu’un d’autre. Ses mains récupèrent le thé qu’il dépose, Connell, et qu’elle rapproche du bord de la table, Pepper couché un peu plus loin (finalement lassé de devoir la réconforter, sans doute) et elle baisse le regard dans le thé fumant. Il reprend, Connell, et elle ferme les yeux, Teddie, pince les lèvres pour ne pas lui dire d’arrêter de revenir sur ça — parce qu’elle sait que c’est trop gros pour ne pas être tenté d’évoquer ce sujet, ce bordel, elle et lui — parce qu’il n’y peut rien, Connell, s’il vient d’être projeté dans cette vie qu’il n’a probablement jamais demandé (qui le pourrait ?). Elle ne relève pas le regard alors, se concentre sur le prénom qu’il prononce, celui de son fils qui ne devrait être que son unique pensée, qui est la raison de tout, cet éloignement et ce mensonge et cette vie dans ce palace qu’elle ne mérite pas (certainement pas alors qu’elle a encore la statuette dérobée lors de la visite, finalement incapable de se résoudre à la vendre sur internet ou sur un prêteur sur gage en ville). Tom. Tom est sa priorité, Tom est tout ce qui compte et elle se le répète, encore et encore et encore et elle voudrait se persuader, Teddie, que si les flics n’étaient pas arrivés, elle aurait quand même accouché de son bébé, qu’elle aurait trouvé la force de partir, pour lui, pour son Tom. La vérité, qu’elle ne peut pas s’en convaincre tout à fait, qu’une partie d’elle se demande si elle ne l’aurait pas plutôt abandonné devant le premier palier croisé, sans note, sans au revoir, sans rien — une tentative de le protéger sans parvenir à se détacher de cet amour dans lequel elle était déjà trop enlisé. Parce que sans l’arrestation, sans le profil psychologique, elle le sait, Teddie, qu’elle n’aurait jamais osé quitter Roy. Elle se redresse légèrement, les épaules rentrées avant de relever la tête vers Connell. Is she okay, though? Ce soir, elle parvient à l’être, mais quand serait-il le lendemain ? Quand Tom ouvrira ses yeux qu’il a de si similaires à ceux de Roy, quand Tom aura l’une de ses colères parce qu’il refusera de s’habiller ou jettera un jouet par frustration et qu’elle ne pourra que revoir son père dans ses traits à lui, quand elle sera paralysée et que l’envie de picoler, de se piquer, de snifer, se fera trop tentante pour qu’elle ne puisse se l’arracher du crâne. « Ça fait longtemps, maintenant. » Sauf que ce n’est pas le cas, sauf que ça ne fait rien du tout parce que Roy n’est pas décédé et qu’elle n’est pas okay. « It was hard, at first. But so was leaving him. I just — I had to think about Tom and what was best for him. » Un sourire trouve ses lèvres alors qu’elle porte la boisson à ses lèvres qu’elle trempe pourtant à peine à cause de la chaleur. Une hésitation, un silence. « I know you didn’t ask for all of it and I’m sorry you got caught in my mess. I wouldn’t have put you in that position if Roy wasn’t — if he wasn’t away. » L’incapacité de répéter le nom qui lui est pourtant venu si naturellement un peu plus tôt, comme si le mensonge se déliait finalement pour lui échapper, se faire connaître.
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