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 wassim mestiri

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Jayson Webster

Jayson Webster

- this is mePRESENT(E) DEPUIS : 05/10/2016 MESSAGES : 101 CREDITS : av/kidd // endlesslove (sign.)
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MessageSujet: wassim mestiri   wassim mestiri EmptySam 14 Oct - 11:47


♡ ♡ ♡ ♡ ♡
(wassim, mestiri)

( AGE, BIRTH ) thirty nine; nouvelle étape à l'approche de la nouvelle année, quatrième décennie si proche. avec elle, la fin d'un rêve idyllique auquel il s'est laissé porté, wassim. february, 29th; la chance de réellement fêter son anniversaire que tous les quatre ans — un mystère qu'il lui aura fallu plusieurs années avant de concevoir ou même comprendre réellement. oakland; ville voisine du pont rouge, lors d'un week-end improvisé.( NATIONAlITY, ORIGINS ) tunisian american; double nationalité acquise, l'une par le sol, l'autre par le sang. (tunisiennes) ( JOB, $$$ ) luthier; ancien musicien à la carrière qui ne décollera jamais vraiment — juste bon à accompagner les artistes dans des bars. guitariste qui ne touchait plus de son instrument depuis des années, lui préférant la création pour d'autres. atelier attenant à un petit shop, la vente des instruments à cordes (guitares, violons mostly) par lui et un.e autre employé.e. $$; l'argent va et vient, quelques économies placées stratégiquement et la dépense de ce qui aurait dû revenir à ismail. ( MARITAL STATUS, SEXUAL ORIENTATION ) single; même s'il continue d'évoquer gillian comme sa compagne, qu'il contourne lorsque la question lui est posée. they're working it out c'est ce qu'il se complaît à croire, à se répéter avec l'espoir que ça puisse devenir vrai un jour. y a-t-il encore quelque chose à sauver, pourtant ? indices à la contradiction, pas d'alliance pour mettre un mariage à la dérive, des papiers à signer, rien, si ce n'est l'amour qu'il ne peut que continuer de lui porter. il n'imagine pas la vie sans elle, n'en a pas été en mesure depuis le premier baiser, et pourtant. heterosexual; pas vraiment de possibilité d'envisager autre chose, il n'y a toujours eu que gigi dans son coeur. ( FAMILY ) orphan; mais pas exactement. des parents, il en a eu et, de ce qu'il sait, il en a encore. juste pas capables de s'occuper correctement d'un enfant, les coups paternels plus rapides que les explications et la mère plus ombre que présente. des fantômes de parents à qui il n'adresse plus la parole, dont il ne parle même jamais — pourrait tout aussi bien avoir une fratrie dont il ignorerait l'existence. foster family; le foyer des wagner qui l'a accueilli, pas toujours tendre, pas toujours juste non plus mais c'est d'eux à qui il pense quand il parle de famille, cette femme qu'il appellera toujours par son prénom quand il évoque une mère. childless; y a pas de mots pour parler de parents qui ont perdu un enfant, comme une preuve que ce n'est pas censé arriver, pas dans l'ordre des choses. ismail trop jeune, ismail trop fougueux, ismail trop rapidement parti. ( PERSONALITY ) nostalgia; la tristesse comme gamme de fond, la nostalgie d'une époque dont il ne garde que de brefs souvenirs. wassim, il est plus souvent à vivre dans le passé qu'à envisager l'avenir, à craindre l'histoire de peur de la répéter. il a connu la douleur, y a vu une amie et le voilà incapable de s'en séparer. il aime quand tout va bien et se rattache aux souvenirs avec le désespoir du déprimé, la question des what if qui lui font envisager mille et une possibilité pour réécrire ce qui ne peut l'être. cold anger; comme de l'eau sur le feu, le poison du paternel qui coulerait dans ses veines. les accès rares, parfaitement maîtrisés — jusqu'au jour où. la crainte de lui-même, de ce qu'il pourrait être capable de faire de plus que hausser le ton pour se faire entendre, la peur de répéter des actions qui ont laissés des traces sur son corps, des brisures disparues mais encore présentes dans l'esprit. la colère du père qui gronde, comme en sommeil et qu'il a toujours eu peur de faire sortir. but also; discret, mélancolique, impulsif, à l'écoute, autonome, manuel, franc, maniaque, envieux, rassurant, taiseux, blessé, méfiant, triste, paranoïaque. ( LIVING IN SF SINCE ) 1991; sept ans quand la famille quitte la banlieu d'oakland pour rejoindre les rues ascendantes de san francisco. sept ans quand il traverse le pont pour la première fois. ( GROUPE ) janis joplin

( THIS THINGS ARE WHO I AM ) ONE. BRUISES
pommette écarlate, gonflée. le regard sévère dans le miroir, la moue tirée vers le bas, le poing fermé. les cris résonnent à ses oreilles, les pas lourds de bilal entendus à l'autre bout de la maison. il devine les sanglots de sana, restée assise à la table de la cuisine, imagine sans peine les tremblements qui la parcourent comme à chaque fois. il rêve qu'elle trouve la force de se lever, de le rejoindre dans la salle de bain pour l'enlacer avec tendresse, déposer un baiser-répare-tout sur l'hématome et voir de plus près cette lèvre fendue par la lourde poigne de bilal. il voudrait qu'elle vienne lui souffler qu'il doit tenir juste ce soir, qu'ils attendront que bilal parte au boulot le lendemain et qu'ils fuiront, mère et fils, là où ils ne sauraient être retrouvés. là où ils seraient en sécurité.
une porte claque et il tressaute, les yeux dans le miroir qui se lèvent pour guetter celle, close à clés, de la salle dans laquelle il s'est enfermé. illusion de protection. bilal la défoncera s'il estime que la correction n'a pas suffit. le coeur au bord des lèvres, il compte, les doigts tapant doucement contre la porcelaine du lavabo d'où s'écoulent toujours quelques gouttes de sang. wahed, tnine, tlata. souffle suspendu, coeur immobile. les yeux qui fouillent dans le reflet une cachette où se rendre, comment mettre des obstacles en lui et le bourreau. quelque chose se brise, à mi-chemin entre le salon et la cuisine et wassim, il devine sana déjà à quatre pattes par terre, à ramasser les débris — il ne faut pas longtemps pour que bilal la rejoigne et que les cris résonnent dans la maison. toujours plus fort. les injures tantôt en anglais, tantôt en arabe. les pleurs de sana sont silencieux mais il les entend clairement, wassim, et il n'ose pas bouger. n'en a pas besoin. bilal est déjà derrière la porte de la salle de bain à cogner, cogner, cogner, à en faire trembler les murs. tétanisé, l'enfant, paralysé. jusqu'à ce que la porte ne s'ouvre à la volée et que surgisse dans sur le seuil la silhouette effrayante de bilal, les yeux comme injectés de sang, les traits du visage tordus par une colère sourde et noire et terrible. il voudrait supplier mais les mots ne lui viennent pas. à la place, la poigne de bilal sur sa nuque, ses genoux qui ploient sous la force de l'adulte et il se sent projeté contre l'armoire, la tête qui cogne, le sang qui pulse dans ses tempes, les muscles ankylosés.
incapable de lutter.
et personne pour le sauver.

TWO. FOUND FAMILY
oublié le silence pesant, découverte du bruit quotidien — casserole dans l'évier, cris d'enfants, voisinage. toujours les sursauts au moindre bruit trop fort, trop évident et à tout signe de contrariété. épaules qui se rentrent, tête qui se baisse, gorge qui se noue. volonté de disparaître. une chambre à partager, juste quelques temps, et des bleus qui s'estompent au fil des jours. des conversations du bout des lèvres, mots marmonnés, l'anglais qui se mélange à l'arabe.
don't worry honey, take the time you need to adjust.
le sourire gracieux, compatissant. aucune main tendue depuis la première tentative (et l'esquive). agnes à la voix douce, agnes aux yeux tendres. mère par substitution, aux enfants nombreux, qui vont et viennent. mère d'enfants sans parents — comme lui. agnes qui ne le force pas à parler, pas comme l'assistante sociale venue le récupérer, agnes qui prépare des plats variés, même ce qu'il n'aime pas et qui le regarde manger, le regarder s'éloigner. agnes qui l'accompagne à l'extérieur, patiente quand il se tétanise soudainement, s'enfermer dans une pièce pour s'y rouler en boule. agnes qui ne cogne jamais contre la porte, n'élève jamais la voix. agnes si patiente, si aimante.
les jours passent et la nuque se redresse, les épaules ressortent, le torse se bombe. l'allemand glissé, juste certains mots d'abord, puis des phrases entières. la famille cabossée, liée par un toit. les frères et soeurs qui n'en sont pas ou juste un temps — il n'aime pas tout, wassim. il n'aime pas les prières devant une croix, il n'aime pas les quatre ou cinq gamins en plus de lui, il n'aime pas aller supporter un match de football, un spectacle de danse, une pièce de théâtre. il n'aime pas les leçons de musique au milieu du salon (la flûte au son biscornu, le triangle trop strident) pas plus qu'il n'aime la peine sur les traits des uns et des autres. il est pas le seul à avoir morflé et il sait pas quoi faire de l'information. entouré mais toujours un peu solitaire, toujours un peu à l'écart. faudrait pas s'attacher, il pourrait en être arraché. et puis les gamins, ils partent, retrouvent les parents devenus clean, sobres, devenus stables.
lui, il veut pas retrouver bilal, ni sana.
qu'importe qu'ils soient stables, que les coups cessent. les promesses qui ne seront tenus que pour un court temps.
il est mieux seul, wassim. et il le restera.

THREE. LOVE SONG
gillian, comme une fleur en plein hiver. un soleil par temps pluvieux. gillian, elle est solaire et douce et charmante et fun et tout. deux âmes qui se retrouvent et se comprennent. à gillian, il n'aura aucun mal à raconter. à gillian, il ne cachera rien. ne souhaite pas le faire. gillian, la force tranquille d'une âme fougueuse. gillian, ce quelque chose que personne d'autre n'a, ne peut avoir, ne saurait avoir. il l'a rencontrée, les mots prononcés, l'amitié née. et puis un jour, c'était plus que ça. l'évidence d'une passion, d'une histoire à vivre — d'un futur à deux. plus d'avenir possible si elle n'en fait pas parti, impossible d'imaginer une vie où elle n'est pas à ses côtés. il l'a aimée, il l'aime. c'est elle. la seule certitude dans une vie de doutes, de méfiance, de solitude. la lumière qui brille pour le soutenir, indiquer le chemin, partager des rêves, des rires, des larmes, des cris. l'âme-soeur, la femme de sa vie, la bonne personne. les expressions entendues et pensées, jamais dites de peur de paraître ridicule, trop romantique (mais pour elle, il l'est).
she is it. il le sait, elle le sait. c'est eux, ça a toujours été eux. des années d'un amour commun, à grandir, plus forts avec les épreuves, plus intimes, plus proches. toujours plus soudés même dans les batailles. la première décennie évaporée sans la voir passer, la seconde achevée avant de pouvoir la sauver.
ils ne sont plus.
wassim, il ne sait pas que faire de cette information alors il la tait. c'est compliqué mais pas terminé ; car ça ne peut pas l'être, terminé. il refuse la vérité, réfute la séparation et ne la mentionne pas, comme si la taire pouvait la rendre moins vraie. gigi est toujours sa compagne, sa femme malgré l'absence d'alliances, celle dont il parle avec tendresse et amour et affection et celle qui, à l'entendre, continue de partager sa vie quand bien même il a quitté la maison le premier.
gillian, il voudrait pouvoir la sauver, savoir comment lui parler pour qu'elle parle à son tour — de tout ce qui est arrivé, de tout ce qui leur est arrivé. mais ses lèvres, il ne parvient pas à les desserrer et il s'en veut, à présent, d'être parti si vite, si tôt (trop vite, trop tôt).
gillian, la rose gardée sous verre.
gillian, à qui il ne sait plus parler.

FOUR. THE ONE THAT GOT AWAY
les oreilles ont bourdonné longtemps, à la mention de ce qui, à l'époque, est apparu comme un problème. un retard qu'il n'a pas tout de suite compris, trop inconscient et insouciant à tout juste dix-huit ans. ça pouvait pas leur arriver, ça se voyait que dans des films, ce genre d'accident qui ont de quoi chambouler deux vies. pourtant le test positif sous ses yeux l'a empêché de nier la réalité plus longtemps et il a serré gillian dans ses bras. il a cru avoir bien fait, à l'époque — d'écouter la panique qui s'était emparée de son coeur, cette peur de ne pas être assez bien, de ne pas savoir faire. même pas par où commencer, à vrai dire. trop jeunes, aussi. fier de lui, d'eux, pour ne pas s'être voilés la face, d'avoir su discuté posément, pesé le pour et surtout le contre. il a cru, naïvement, que le plus dur était derrière eux.
le plus dur, c'est aujourd'hui. le rendez-vous à la clinique, lui qui insiste pour accompagner gigi, pas la laisser seule pour traverser ça, ce truc qu'il vit aussi mais sans pouvoir le partager de la même façon, avec la même intensité. les mains tenues, les doigts enlacés. et puis, et puis. les mots de l'infirmière, les précautions. il a tout écouté, wassim, mais rien retenu. les jambes flageollantes, la peur qu'il n'arrive quelque chose à gill. la main, il la lui a tenu tout du long mais il la voit bien, pliée en deux, se tenir le ventre, les gestes anodins qu'il est sûrement le seul à voir, à comprendre. il sait pas quoi faire pour l'aider, pour apaiser ce qu'il se passe en gillian, ce qu'il ne peut pas contrôler.
le plus dur, c'est toutes les années à venir, à y penser, ce fantôme qui a pesé sur eux d'un poids si léger. qui est revenu des années plus tard. qui revient maintenant et la question qui le taraude depuis ismail.
est-ce qu'elle a déjà regretté, gillian ?

FIVE. MUSIC IN ME
des années à râler contre les wagner et leur obsession pour la musique, leur volonté de s'assurer que chacun des enfants hébergés découvrent un instrument et le voilà à caresser une guitare du bout des doigts, à en apprécier la mélodie. il perçoit l'ironie, wassim. il s'y sera mis sur le tard, entre deux lettres d'acceptation à la fac pour finalement choisir la musique. pas mauvais.
mais pas talentueux.
il a bien essayé dans plusieurs bars, wassim, mais c'était pas pour lui, pas vraiment son univers. aucun label, aucun producteur pour l'approcher. c'est quand il a brisé l'instrument, un soir d'automne, et qu'il s'est retrouvé à vouloir la réparer avant que gillian ne voit les dégâts, ne devine ce truc rouge-haine au fond de lui, qu'il s'est découvert la passion pour la construction. il assemble, wassim, essaie jusqu'à satisfaction. il savoure les premières notes désaccordées, celles qu'il produit avant même que la guitare ne soit complète. le magasin est devenu une évidence avant de s'agrandir. guitares, violons — l'objectif les violoncelles et les contrebasses. luthier malgré lui, parce qu'il ne peut pas être musicien mais peut-être, finalement, que ça lui va tout aussi bien.

SIX. LOSING GAME
ismail. de lui, il se souvient de tout, wassim. du test positif. du sourire de gill, de sa joie à l'opposée de la réaction à l'adolescence. de la première échographie et ne pas l'avoir vu — encore incapable de désigner un point noir pour assurer it's him. de la première fois qu'ils ont entendu son coeur battre et des larmes qui ont coulé sans qu'il ne les sente. du baiser échangé avec gigi à cette seconde, de l'amour qui a éclaté dans son coeur. pour elle, pour l'enfant. pour eux. de la frayeur de l'accouchement, des doigts qui gigi qui serraient trop les siens, du cordon à couper, de sa terreur à l'idée de blesser ismail si petit, si chétif.
il se souvient de comment il tenait dans sa main, les pieds dépassant tout juste sur son avant-bras, de l'avoir trouvé bien trop minuscule pour être réel, pour ne pas avoir peur de l'abîmer sans le vouloir. il se souvient d'avoir été tétanisé la première nuit à la maison, de ne pas avoir pu fermer l'oeil, de l'avoir passée à veiller au-dessus du berceau.
il se souvient du premier sourire, de la première journée à reprendre le boulot après, des câlins, des premiers mots — le premier je t'aime.
il se souvient des premiers pas, des vidéos, des photos. de la famille de gill, d'agnes. de sa peur à l'idée d'être un mauvais père, des soirées à se figer soudainement parce qu'il avait vaguement élevé la voix, à serrer gigi dans ses bras, lui demander pardon, de la supplier de lui dire s'il déborde trop, s'il est trop injuste, trop sec, trop rigoureux. de sa terreur la première fois qu'ismail est tombé, des perles de sang sur son genou écorché, de la main dans la sienne dans la rue, de son souffle contre son cou, de ses yeux marrons.
il se souvient de la première dent, des caprices pour ne pas manger de la purée de courge, des cris pour ne pas aller au lit, des jouets jetés par frustration. des soirées passées à l'exciter juste pour le plaisir, des bonbons distribués en cachette, des nuits à se lever à n'importe quelle heure pour nettoyer un lit souillé, des pleurs après un cauchemar, de sa chaleur au creux de leurs bras, à gigi et lui. des câlins à deux, à trois. des secrets murmurés à l'oreille, des bisous-fleurs sur le bout du nez.
il se souvient de cette soirée-là, de l'appel de la baby-sitter paniquée, de la sirène des ambulances, du regard échangé avec gill et de la panique, la panique pure, la panique blanche. il se souvient des murs de l'hôpital, des patients des urgences, des bras mutilés, des toux qui n'en terminent plus. il se souvient du bourdonnement à ses oreilles, de son impression de tomber et du visage du médecin. des deux mots qui lui sont parvenus. too late. il se souvient du désarroi, du désemparement et surtout du vide qui s'est formé autour de son coeur à cet instant. il se souvient d'une douleur physique mais d'aucune blessure, du trajet retour, du silence de la maison. de la chambre d'ismail avec ses jouets éparpillés, le doudou oublié sur le lit, les couvertures défaites. il se souvient de l'absence de gillian, de l'absence de mot, de sa propre absence à lui aussi. pas foutu de parler, pas foutu de prendre les bons gestes, les bonnes résolutions — à quoi bon, ça n'aurait rien changé de ce qui s'était passé. il se souvient avoir voulu laver la chambre de fond en comble, comme pour exterminer acariens et insectes et tout ce qui aurait pu provoquer l'allergie fatale. il se souvient des prières d'agnes, de la croix qu'il aurait voulu casser en deux, du cercueil bien trop petit. il se souvient des soirées plus longues de gillian au boulot, de la porte qu'il referme derrière lui.
il se souvient à peine du rire d'ismail, de son odeur d'enfant, de la sensation de ses bras autour de son cou ou du son de sa voix.
il veut pas oublier, wassim.
il veut surtout pas l'oublier.
ismail, pas encore quatre ans.

(+) lullaby chantonnée à voix douce pour ismail, tous les soirs avant le coucher. habitude prise dès la grossesse, les premiers mois, premières semaines, premiers jours. pour faire sourire gillian, l'amuser, puis pour s'assurer que l'enfant connaîtra sa voix, saura que c'est lui qu'il faudra appeler papa. sans se douter que c'est la voix d'ismail qu'il n'entendra que trop peu — aura peur d'oublier, un jour. ;; l'arabe dominait la maison des mestiri, bilal à cheval sur les origines dans sa grande dualité. l'allemand appris chez les wagner. trois langues dans lesquelles s'exprimer et toujours aucune pour décrire avec justesse ce qu'il ressent depuis près d'un an. ;; passé de l'islam des mestiri au catholicisme des wagner, la conversion presque obligatoire contre laquelle il aura lutté. et puis, finalement, il a juste rejeté toute forme de religion, de croyance. désabusé de ce qui arrivait, des justifications trouvées pour expliquer l'intolérable — et la culpabilisation répétée d'une vie écourtée. il ne veut rien savoir des divinités, des miracles, des prières ou de la foi, wassim, parce qu'il ne croit en rien. pas d'entité supérieure, pas de puissance invisible, pas de destin tout tracé. ;; coeur épris de mélancolie, douleur résonnant dans le palpitant. il aurait des choses à dire, wassim, mais ne se l'autorise pas. il garde captif ce qu'il pense, ce qu'il ressent. la colère d'un instant, la tristesse du présent. les mots contenus, imaginés en mélodie. il suffirait d'un presque rien pour en faire un tout auquel il mettrait le nom d'art. ;; pratique l'escalade amateur, au bloc ou en plein air, assuré ou assureur. il n'y va plus tellement, depuis quelques temps mais continue de se promettre d'y retourner. ;; s'il est bon pour dévoiler ce à quoi il pense, il est encore balbutiant quand il s'agit de parler de ses émotions — et se dévoile incapable d'oser demander aux autres ce qu'ils ressentent. ;; déjà victime d'accès de colère plus jeune, il a déjà hurlé contre un oreiller ou jeté une télécommande par frustration. il se maîtrisait, jusqu'à présent. il se maîtrise moins depuis ismail. la perte de l'enfant créée une colère et un sentiment d'injustice dont il ne sait pas quoi faire et qu'il garde en lui, de peur de l'évoquer, de peur de déraper. ;; quand gigi a eu besoin de chercher des responsables pour ismail, wassim, lui, a culpabilisé d'avoir oser prendre une soirée en amoureux. là où il est incapable d'en vouloir à la gamine qui gardait ismail, il s'en veut à lui de ne pas avoir été là pour réagir plus vite, pour rassurer son fils et y voit un manquement dans son rôle de père. ;; il a quitté la maison en prenant le minimum de ses affaires, comme une promesse de revenir un jour quand ils ont parlé de la mettre en vente. il veut pas brusquer gigi alors il attend qu'elle fasse signe pour qu'ils s'occupent de l'annonce, des papiers — tout en étant pétrifié à l'idée de devoir y retourner et de voir la chambre d'ismail être changée.

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